samedi 28 juin 2008

03 - Déprime Festivalière

Prévision météo.



Pfiou lala je viens de me re-rendre compte de touuuuuus les festivals trop bien que je vais louper... Rien qu'en France, les Eurocks, Rock en Seine, la Route du Rock, le Festival de Nîmes (ah non celui là je suis pas triste), Francofolies, Solidays, le Rock dans Tous Ses États, Mainsquare ou encore Electromind. Bref, dégouté !
Et encore, je vous ai parlé uniquement des festivals en France ! Il y a aussi Sziget à Budapest, Reading, iTunes Live, Lovebox Weekender en Angleterre, Pitchfork Festival aux US, Bennicasim en Espagne...


Bon, HEUREUSEMENT, on va aller voir quelques trucs qu'on pourra vous raconter ! Genre, un Solidays jour par jour ou un p'tit Festival de Dour, et d'autres ! Et je pourrai vous raconter le concert de Massive Attack + Fink au Théâtre Antique d'Arles !


Sinon, niveau CD, vous aurez, je pense bientôt, une critique de l'album de Metronomy qui sort le 30 juin en Angleterre et de Dizzee Rascal qui revient avec Calvin Harris à la production. On suivra aussi le grand retour de Fatboy Slim qui s'appelle maintenant BPA (pour Brighton Port Authority) dont le clip (génialissime) fait beaucoup parler de lui en ce moment. Peut-être aussi une critique du nouveau Booka Shade qui vient de sortir.

Bref, pas mal de grosses sorties en prévision !


mercredi 25 juin 2008

M28 - Headman : "Catch Me"

Voici le troisième album du suisse Robi Insinna, alias Headman. Après écoute, une question se pose : pourquoi aller chercher de l'autre côté de l'Atlantique ce qu'on a déjà (en mieux !) sur notre vieux continent ?


En effet, tout le monde s'arrache LCD Soundsystem et son electro/rock/punk/funk mais personne ne pense à regarder vers chez nous ce qu'il se fait. C'est bien dommage car Headman, aidé par des participations vocales variées, propose un album d'electro vraiment abouti, certes dans un style qui lui est propre, mais avec ces mêmes penchants pour la fougue du rock, la puissance du big beat, la fraîcheur de la pop et la fièvre du funk.

Catch Me navigue à la frontière de plusieurs genres et demeure un album agréablement varié, commençant tout d'abord par une bombe house/disco/pop, "Catch Me If You Can", en duo avec Tara (la chanson que cherchait peut-être à faire Madonna sur son dernier album). Des accents disco que l'on retrouvera également sur "Two Sisters", chanson sur laquelle Tara (encore elle) n'en finit jamais de clamer son gimmick sur une musique kitsch à souhait, pour notre plus grand plaisir.
Plus tard, on s'approchera plutôt d'un rock frondeur, mâtiné bien sûr d'electro, plein de montées en puissance explosives, comme sur "Running Into Time" ou "Brave". Là , Headman fait parler la poudre avec des beats surpuissants et des passages rappelant les meilleurs moments des Chemical Brothers. Sur "Dreampieces", on est hypnotisé par un riff répété en boucle et le chant masculin très post-punk.

Quand le suisse derrière ses platines décide de s'abstenir du chant d'un(e) de ses ami(e)s, on a droit à de superbes instrumentaux, tantôt dans un format rock au plaisir immédiat ("New" et sa basse venue d'ailleurs, les synthés de "Super", le groove de "Come On"), tantôt plus longs et progressifs, par exemple "Hostage", qui culmine à 7min 43, qui laisse tout son temps à la rythmique de s'installer avant de litteralement imploser sous la puissance de feu du beat imposé par Headman, les lignes de basses se distordant et les mélodies étant submergées par un tel arsenal électronique. Dans la même veine, "Song 8" fait belle figure (6min 47) et se permet même d'être l'un des meilleurs morceaux de l'album, certes pas le plus accessible à cause de ses aspects très robotiques mais un exemple parfait de ce dont est capable Headman pour faire de l'ombre aux productions US.

Catch Me s'achève sur une reprise en version longue de l'interlude qui ponctuait le milieu de l'album. Des synthés s'ajoutent au morceau initial, à l'instar d'un beat toujours aussi impressionnant, la piste ralentit ensuite lentement et met fin à un album vraiment très abouti, une démonstration de force qui, on l'espère, fera parler d'elle. Ce disque possède en effet tous les arguments pour plaire : l'accessibilité et l'immédiateté de la pop et du rock, la puissance d'une electro survitaminée et boostée par un beat qui prend fréquemment le devant de la scène, l'énergie fiévreuse des meilleurs sets de dancefloor et surtout la cohérence d'un grand album, ceux qui marquent un certain aboutissement dans une carrière. Néanmoins, on pourra peut-être reprocher à Headman une certaine froideur dans ses compositions, un certain manque d'humanité qui pourra rebuter, surtout lorsque qu'aucun chant ne vient s'ajouter à l'instrumentation électronique. Cet aspect de Catch Me peut évidemment déplaire mais il serait dommage de ne pas prêter attention à cet album pour cette unique raison.

Verdict : 3,75/5





"Moisture", extrait du précédent album On

Myspace

mardi 24 juin 2008

M27 - The Postal Service : "Give Up"

Oui c'est vieux...
mais c'est bien!



Yop, Postal Service !

Je viens de re-écouter votre album Give Up et je me suis dit que même s'il date de 2003, ce n'était pas une raison pour ne pas dire ce que j'en pense !

Bon déjà, c'est un album qui plait dès la première écoute. Et ça, c'est rare ! Dès la première piste on est embarqué dans une ambiance sombre/nostalgique comme peut le faire Archive sur les derniers albums. Des sons de synthés graves, vibrants et lents entament l'album puis au même moment rentrent les paroles, à la limite du parlé, et des rythmes presque trip-hop fait avec uniquement des claps (à l'écrit, ça donne toum tikitik tik tikitik tik, ça a l'air bien, hein??). Bref, "The District Sleep Alone Tonight", la première piste, donne le ton de l'album.

On enchaine avec un morceau bien plus rapide, "Brand New Colony". Toujours un rythme trip-hop mais avec des guitares filtrées comme des sons de GameBoy, des paroles plutôt minimalistes (3 ou 4 phrases !). Le morceau nous fait tourner la tête comme peut le faire Turzi, avec un peu de concentration, on pourrait partir en transe.

"Such Great Heights", continue avec un rythme encore peu plus rapide et plus techno, une mélodie qui rentre dans la tête. Et ça continue comme ça sur tout l'album!

C'est d'ailleurs la seule chose que je pourrais vous reprocher... Chaque morceau est super intéressant de manière isolée. Mais tous mis à la suite, on a l'impression d'entendre toujours la même chose. Un album tout plat, sans montée ou vraie nouveauté à chaque morceau. Bon peut-être que j'ai trop écouté le CD en boucle et que du coup j'en ai une vision trop synthétique, mais bon il faut reconnaître qu'il est rare qu'un morceau se démarque des autres.

Ça arrive quand même ! Pour une chanson : "Natural Anthem". Celle-là, pour le coup, elle nous explose à la face. Juste avant la dernière piste, celle-ci est aussi rythmé qu'un morceau de Prodigy. En fait c'est ça : ce morceau est un mélange entre "Jericho" de Prodigy et "Lights" de Archive !

Voilà, au final, on obtient plein de titres très bien lorsqu'on les écoute chacun de leur côté mais qui, mis bout à bout, ont l'air d'un long morceau de 40minutes qui peut s'avérer lassant au fur et à mesure des écoutes. On fera avec en attendant votre prochain album (qu'on attend depuis longtemps!!)...

À bientôt !

Verdict : 3,5/5



"Such Great Heights"

Myspace

lundi 16 juin 2008

M26 - N*E*R*D : Seeing Sounds

Les mythiques producteurs américains Chad Hugo et Pharell Williams, connus sous le pseudonyme des Neptunes, sont un peu comme les pionniers de la musique populaire actuelle, responsables du succès des artistes les plus hype de l'heure et ayant à leur actif de nombreux projets mais s'il faudrait en retenir qu'un seul, N*E*R*D serait définitivement celui-là.


Leur troisième album, Seeing Sounds, présente une production exemplaire, très subtile, pleine de détails et à l'habitude des Neptunes, donnant l'impression d'admirer un travail architecturale d'une précision hallucinante. Dès la première écoute, on y décèle déjà quelques futurs hits comme la très "lapdance"-esque "Spaz" ou la dansante "You Know What" mais ce qui est véritablement intéressant avec Seeing Sounds, c'est la cohésion générale entre les pièces. En effet, l'album semble dégager une atmosphère nébuleuse et un goût particulier pour la nostalgie qu'il traîne jusqu'à la fin. Mais il ne faut pas s'y méprendre, s'il est vrai que les chansons semblent habitées par de vieux fantômes des années 80, le tout est soutenu par une production on ne peut plus moderne.

Le premier single, "Everyone Nose", cette chanson lo-fi où s'exécute une orgie de trompettes sur un rythme frénétique, avait pu nous tromper quant au son général de ce nouvel album, mais on peut s'en assurer aujourd'hui, le son N.E.R.D. est toujours présent. Même encore plus, le funk rock du groupe n'a jamais été aussi développé que sur cet album. Les guitares monopolisent la rythmique alors que les synthés assurent la partie mélodique et par la même occasion le ton pop des pièces. À ce sujet, l'objectif de faire une musique pop, donc dansante et accessible, est tout à fait rempli. Alors que l'auditeur est bercé par les textes surréalistes de Pharell, son corps totalement dévoué au rythme sauvage est comme transporté. Bien-sûr, il n'y a pas que du positif, l'album semble court avec une finale abrupte et quelques pistes faisant office de remplissage, ce qui est bien dommage car elles sont plutôt molasses et fades par rapport aux hits.

Bref, si ce Seeing Sounds ne se présente pas comme une révolution sur tous les aspects, il a au moins l'honneur d'être l'évolution d'un des meilleurs groupes du genre et par la même occasion, le meilleur opus pop de l'année.

Verdict : 3,5/5



Myspace



"Everybody Nose"

Live Report 01 - Radiohead : Arènes de Nîmes

Ce 15 juin 2008 avait lieu aux Arènes de Nîmes, après deux dates à Paris et une la veille à Nîmes déjà, un des concerts les plus attendus de l'année: Radiohead ! Et j'ai eu la chance d'y être alors je ne peux pas ne pas vous raconter!


18h : Ouverture des grilles, fouilles aléatoires. Beaucoup de monde. Des gens font la queue depuis deux heures de l'après-midi (des fous)...

18h45 : "Tiens si j'allais faire la queue"

18h50 : Dans les arènes :D

19h30 : Euh ben on attend. Un concours d'avion improvisé s'organise, on applaudit les gens qui font des avions traversant toute les arènes (on s'occupe comme on peut).

20h26 : Bat For Lashes fait son entrée! Et Bat For Lashes c'est "trop de la boule de sa mère" ! Tiens, il faudra que je fasse un article... Bref, la chanteuse et le reste du groupe rentre et première constatation elle est TROP jolie mais alors vraiment.. et très très bien habillée.
Bon, c'est pas le plus important (?), elle chante super bien, tente de communiquer avec un public pas hyper réceptif, et nous offre deux chansons du prochain album.



Elle joue jusqu'à 21h20, quitte la scène sous les applaudissements... et quelques huées.

21h33 : Oh? un mec qui monte sur une échelle !

21h45 : Element Lab, les scénographes de la tournée de Radiohead, déploient leur mise en scène. Des tubes lumineux suspendus au dessus de la scène, derrière le groupe, un écran qui prend toute la largeur de la scène et des spots en forme de nid d'abeilles. Element Lab avait déjà fait la scéno de Daft Punk l'année dernière et c'est eux qui ont assurés le mur de néons du clip de "Speed Of Sound" de Coldplay. Bref, c'est une scène trop bien qui se forme sous nos yeux.

22h : Comme pour les Daft l'année dernière, on doit attendre qu'il fasse nuit pour que ça commence...

22h01 : éhé ! Les voilà ! Sous les applaudissement du public, enfin, Radiohead rentre sur scène !






C'est parti pour 2h de Radiohead avec deux rappels!

On commence avec "Bodysnatcher", histoire de nous mettre en forme. Thom Yorke à l'air un touuut petit peu éméché voir même un peu cocaïné. Je sais pas si c'est parce qu'on s'habitue ou parce que il se renormalise mais ça disparait rapidement.
Le groupe enchaine des morceaux récents de In Rainbows et Amnesiac avec des plus anciens de Kid A et OK Computer dans le désordre chronologique. Pour les tubes du début de Radiohead, le public se met à crier et sauter beaucoup plus que pour les morceaux récents. Signe d'un Radiohead en perte de vitesse ? Bonne question. En tout cas, la rapidité de vente des places semble prouver le contraire !

Pas de grande originalité dans la manière de chanter ou de jouer les morceaux. Sans la mise en scène et l'ambiance, ça ressemblait un peu à la discographie de Radiohead en lecture aléatoire...
Bon, je ne regrette pas non plus. Radiohead en concert ça s'oublie pas!

Une dernière vidéo pour la route d'une copine qui y était samedi soir !



samedi 14 juin 2008

M25 - Interpol : rétrospective

Un an après la sortie de leur troisième album, Our Love To Admire, retour sur la discographie du groupe new-yorkais.


Le groupe s'est formé en 1998 mais ce n'est qu'à partir du début des années 2000 que Interpol va commencer à faire parler de lui, après des concerts réussis et la sortie de quelques démos prometteuses, le Fukd I.d #3 EP (2000) et le Precipitate EP (2001). Cela leur vaut d'être repérés par le label Matador Records, sur lequel ils signeront un EP éponyme puis leur premier album en 2002.

Turn On The Bright Lights



À l'époque, l'album fait son petit effet sur la scène du rock indépendant. Alors que de nombreux groupes surfent sur la vague d'une musique formatée et sans surprise, Interpol se place à contre-courant en proposant un retour au post-punk et à la cold-wave anglaise des années 80 : on pense évidemment à des groupes comme Joy Division (pour le chant et l'ambiance sombre), The Cure période Disintegration (la basse), ou encore Echo & The Bunnymen ou The Smiths (la guitare).

Avec ce premier album,
Interpol fait une véritable démonstration de force. Du premier au dernier morceau, absolument tout est sublime. Turn On The Bright Lights est une véritable perle profondément noire, peu optimiste, voire même assez déprimante et pourtant terriblement enivrante. Alors que des morceaux comme "Untitled", "NYC", "Hands Away" ou "Leif Erikson" diffusent chez l'auditeur mélancolie et tristesse, Interpol sait également composer de véritables chansons de rock épique comme "The New", "Roland" ou "Say Hello To The Angels", morceaux certes flamboyants mais toujours très bouleversants par leur obscurité.


Les membres d'Interpol sont encore très jeunes et font pourtant preuve d'une incroyable maîtrise, mariant à merveille une ambiance grave et poignante à un rock sophistiqué, tout en parvenant à un plaisir d'écoute immédiat. Le chant de Paul Banks est superbe, parvenant sans mal à faire ressentir son mal-être et ses déceptions, grâce à un lyrisme tout en retenue et discrétion. La guitare de Daniel Kessler montre qu'il n'est pas nécessaire de jouer des solos interminables et rivalisant de complexité pour transmettre des émotions : des notes judicieusement agencées, des sonorités remarquablement adaptées et (surtout) de l'inventivité suffisent à créer des ambiances superbes, très cinématographiques ("Untitled", "Stella Was A Diver And She Was Always Down", "Hands Away", "Leif Erikson" en sont les exemples les plus démonstratifs). Enfin, la section rythmique, assurée par Sam Fogarino à la batterie et Carlos Dengler à la basse, est prodigieuse de rigueur : martiale et percutante, elle rythme à merveille la triste mélancolie de l'album.


"Untitled" [LIVE]


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Antics



Après une tournée mondiale et des concerts en première partie de The Cure, Interpol revient en 2004 avec son deuxième album, Antics. Il s'agit ici pour le groupe de confirmer le succès critique de leur premier album, et de passer le difficile cap du deuxième album. La tâche est ardue, tant Turn On The Bright Lights semblait tutoyer la perfection, et il est clair qu'Interpol n'a pas eu l'ambition d'égaler la qualité de son premier album, mais tout simplement de proposer un rock moins sombre et plus accessible. Antics voit apparaître au sein de la musique d'Interpol les synthés et une post-production bien plus présente comme sur le morceau d'introduction "Next Exit". Sur cet album, tout semble plus "net", plus "clair". Les guitares subissent moins d'effets d'échos et de distorsions et sont bien plus incisives (les riffs de "Narc" et de"C'mere"), le chant de Paul Banks est moins mélancolique et navigue plus dans le registre d'une colère contenue tant bien que mal. Seuls éléments inchangés, la batterie et la basse se montre moins percutantes, bien que toujours aussi carrées et régulières. N'allez pas croire que cet album est bien moins bon que leur premier ! Certes, il l'est un petit peu, l'effet de surprise a disparu et l'émotion avec elle, mais Interpol conserve ses traits de génie : combien de groupes sont capables de composer des morceaux comme "Take You On A Cruise", "Not Even Jail" ou "Public Pervert" ? Le groupe s'aventure également avec succès sur un territoire qui lui était inconnu, celui d'un rock énergique et bien plus accessible avec "Slow Hands", "C'mere" et "Length Of Love".


Interpol n'est donc pas parvenu à atteindre le niveau qui était le sien sur Turn On The Bright Lights mais cela ne semblait pas être leur but. Ils ont tout de même composé un grand album de rock, plus percutant et énergique que ce à quoi on pouvait s'attendre, mais survolant toujours autant le niveau moyen de la production rock malgré son manque d'originalité.



"Public Pervert" [LIVE]

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Our Love To Admire



Pour cet album, Interpol a décidé de changer de paysage en passant du label Matador à celui de Capitol Records. On attend alors beaucoup du groupe : retrouver un nouvel élan après un deuxième album en manque d'inventivité et parvenir à replonger l'auditeur dans le même état de bonheur triste comme ils pouvaient le faire avec Turn On The Bright Lights. Mais le groupe, très exigeant avec lui-même et toujours en quête de changement, propose un album résolument différent. Il abandonne définitivement toutes ses influences 80's pour se concentrer sur l'élaboration de son nouveau style, bien plus propre, "classieux" et complexe. Pourtant, le single "The Heinrich Maneuver" ne présageait rien qui puisse aller dans ce sens : certes énergique et dansant, il ne faisait montre d'aucune originalité, malgré un changement de sonorité notable.


Our Love To Admire démarre donc avec "Pioneer To The Falls", long morceau introductif de près de 6 minutes qui ressemble à une sorte de transition, une sorte d'étape pour le groupe. On y retrouve bien cette guitare caractéristique, ce chant grave et cette batterie martiale mais quelque chose a changé : le synthé et le piano ont désormais leur place dans la musique d'Interpol, tout comme la grandiloquence et la majesté. Le groupe abandonne ce qui le rendait si caractéristique : cette fausse modestie qui cachait une musique sophistiquée et inventive. Désormais, Interpol assume pleinement son rôle de groupe majeur de la scène rock mondiale et entend bien le montrer en proposant un album bien plus ambitieux, bien loin du post-punk et de la cold-wave qui avaient fait leur succès. Malheureusement, avec Our Love To Admire, le groupe alterne le bon ("No I In Threesome", "The Scale", "Pace Is The Trick") et le moins bon ("The Heinrich Maneuver"), le purement génial ("All Fired Up", "Rest My Chemistry") avec le vraiment nul ("Who Do You Think"). C'était le risque que courait le groupe en souhaitant évoluer : ne pas trouver tout de suite sa place et naviguer entre deux eaux. Ne sachant pas très bien où se placer, Interpol produit donc un album irrégulier mais qui se clôt malgré tout sur deux superbes morceaux, "Wrecking Ball" et "The Lighthouse" qui semblent montrer ce vers quoi le groupe souhaite se tourner : une musique finalement minimale ("Wrecking Ball") et plus théâtrale (le final de "The Lighthouse", magique).



"Pioneer To The Falls" [LIVE]

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Interpol est donc en définitive un groupe qui a souhaité fuir ce dans quoi la critique a eu tôt de fait de le classifier, le genre certes prestigieux mais ô combien restreint qui marie le post-punk et la cold-wave des années 80. Après un premier album magistral, le groupe a tenté tant bien que mal d'évoluer avec Antics, pour amorcer définitivement son virage avec son troisième album, un virage qui s'achèvera certainement avec un quatrième effort dont, comme à l'accoutumée avec ce groupe, on attend beaucoup. Tout d'abord qu'il soit bon (forcément !), mais aussi qu'il nous éclaire sur la direction prise par Interpol.


Myspace

jeudi 12 juin 2008

M24 - Modeselektor : "Happy Birthday!"

L'electro allemande se porte bien et Modeselektor nous le prouve avec ce second opus digne des plus grands.


Deux ans après Hello Mom!, les allemands de Modeselektor nous reviennent avec un second album nommé Happy Birthday!. Après l'excellent premier opus, il leur fallait confirmer et ne pas se faire effacer par d'autres allemands tels que Boys Noize, Digitalism ou encore Booka Shade. Afin de ne pas décevoir, les deux génies de Modeselektor ont fait appel à de nombreux artistes pour ce nouvel album comme par exemple Puppetmastaz, TTC, Apparat, Otto Von Schirach, Sirusmo et Thom Yorke (rien que ça...). On peut donc s'attendre à quelque chose d'excellentissime.

L'album commence cependant par le décevant "Happy Birthday", titre éponyme qui ne décolle pas, et demeure fade, voire limite insipide. Mais après cette déception, vient la claque ! Le titre "Godspeed" est tout simplement superbe, sans aucun doute le meilleur titre de l'album. Le son, pure et harmonieux, nous prouve que les deux allemands ont un potentiel énorme. Visiblement les deux compères nous ont concocté un album à l'univers particulier où chaque titre est fondamentalement différent. Comme sur le premier album, les trois français de TTC ont participé à un titre, en l'occurrence "2000007" où leur flow décalé colle parfaitement au son puissant et agressif de Modeselektor. La collaboration avec Apparat a donné naissance à un superbe titre: "Let Your Love Grow". Dès les premières secondes, on a compris que ce titre était une bombe.

Cependant tout n'est pas bon sur cet album, il y a du remplissage qui n'apporte strictement rien comme "EM Ocean", "The Dark Side Of The Frog" et "Late Check-Out" (deux minutes trente d'ennui au total pour ces trois titres).

On sent également que certains titres ont été taillés pour le live, c'est le cas notamment pour "Hyper Hyper" (titre sur lequel Otto Von Schirach pose sa voix si ... mélodieuse), "The Wedding Toccata Theme" (parfait pour terminer un show par exemple), "The Dark Side Of The Sun (superbe collaboration avec la bande des Puppetmastaz) ou encore "Sucker Pin" (agressif et puissant, un monstre en live).
Mais Modeselektor, ce n'est pas que du lourd, du puissant et de l'agressif ! Modeselektor excelle aussi dans le calme, le mélodieux et presque dans le psychédélique. Des titres comme "Edgar", "The White Flash" (avec la superbe voix de Thom Yorke) et "B.M.I" sont là pour nous le rappeler. En revanche, le son de "The First Rebirth" semble moins abouti que le reste de l'album. Mais des titres comme "Déboutonneur" (avec Sirusmo), "The Black Block" et "(I Can't Sleep) Without Music" viennent compléter ce second opus avec brio.

Happy Birthday! est plus abouti que son prédécesseur et on sent que les deux camarades ont mûri. Sur les 15 réels titres proposés sur l'album (j'enlève les 3 pseudo-musiques citées précédemment), seul "Happy Birthday" et "The First Rebirth" déçoivent. Le reste est tout simplement superbe et d'une efficacité redoutable. Modeselektor, en plus de confirmer le très bon Hello Mom!, s'impose comme une référence dans la musique électronique allemande revendiquant un réel talent et savoir faire.
L'album prend cependant une dimension toute autre en live où les distorsions sont reines et où un son puissant et infatigable nous donne constamment envie de bouger et crier comme si les deux DJs avaient pris possession de notre corps et de notre esprit.

Verdict : 4/5


"The White Flash" feat. Thom Yorke

Myspace

mercredi 11 juin 2008

M23 - R.E.M. : "Accelerate"

Quatre ans après Around The Sun, le mythique groupe américain R.E.M. revient avec son quatorzième album, intitulé Accelerate. Michael Stipe et sa bande ont mis le temps pour composer cet album après le succès mitigé du précédent, revenant dans un style vocal et musical qu’ils avaient abandonné à la fin des années 1980.


L’album commence fort avec le détonnant "Living Well Is The Best Revenge". Michael Stipe chante avec une énergie comme on ne lui avait plus connu depuis des années, appuyé par des riffs de guitares simples mais efficaces. Simple, c’est d’ailleurs le mot qui vient forcément lorsque l’on écoute Accelerate. R.E.M. fait du bon rock, bien dans les règles, avec un professionnalisme remarquable mais le groupe se perd quelque peu dans la masse de la production actuelle.
Le deuxième morceau, "Man-Sized Wreath", vient confirmer cette impression. Techniquement, rien à reprocher à la musique, magistralement menée avec un rythme très élevé, un chant toujours aussi percutant. Mais on a du mal à vibrer pour cette chanson, pourtant une des meilleures de l’album : le chant de Stipe est rentré dans les normes et sa voix a perdu de sa superbe, celle qui faisait de R.E.M. un groupe si particulier. Alors certes, c’est de la bonne, voire très bonne, musique, mais l’on ne peut s’empêcher d’être un peu déçu. On est pris par l’envie de planer sur la voix de Michael Stipe, comme ce fut si souvent le cas, mais même "Supernatural Superserious", premier single de l’album, et un des meilleurs morceaux en passant, nous laisse sur notre faim. Mais cette fois, la chanson est réellement entraînante, la guitare, puissante et efficace, laisse augurer du meilleur pour le reste de l’album, qui jusque-là est bon, mais sans surprise.

Hélas, le rythme retombe. "Hollow Man" est le genre de morceau dans lequel on désirerait ne pas voir tomber un groupe mythique tel que R.E.M.. On a réellement l’impression que la chanson est passe-partout, que le groupe peut en faire des dizaines comme celle-ci sans qu’il n’apporte quoi que ce soit… On est bien dans les stéréotypes du rock : un peu de guitare, un rythme qui s’accélère pour les refrains mais rien de plus.
Le morceau suivant poursuit dans la même veine : "Houston", est très court et surtout passe sans que l’on ait l’impression d’avoir entendu du R.E.M.. Ça ressemble à une ballade mais la voix n’est pas si puissante que jadis et le morceau s’écoute tout juste, donnant l’impression d’un net relâchement du groupe arrivé au milieu de l’album. Le plus pur exemple du morceau inutile qui sert juste à rallonger la sauce en ajoutant une piste au disque.

Le morceau qui donne son nom à l’album, "Accelerate", ressemble plus aux trois premiers titres, mais avec un rythme moins endiablé et cette impression de déjà-vu qui devient lassante, bien que le morceau nous fasse accrocher par une synchronisation parfaite batterie/guitare/voix. Voici un titre qui plaira au grand public, et qui sera sûrement un des prochains singles du groupe. C’est justement cela que l’on peut reprocher au groupe, de faire des morceaux très mainstream, destinés à un grand public peu regardant et qui achètera Accelerate pour la seule et unique raison que le nom de R.E.M. est inscrit sur la pochette... On reste donc encore sur notre faim en espérant une agréable surprise pour la fin de l’album…

Espérance plus ou moins satisfaite avec "Until The Day Is Done", morceau typiquement dans le style des albums des années 80-90, un morceau plus calme, moins enthousiaste, mais qui touche plus que les précédents. Le refrain nous transporte au rythme de la voix d’un Michael Stipe retrouvé, avec son intonation plus triste, moins rock.
"Mr Richards", huitième morceau de l’album, confirme le mieux entrevu précédemment. R.E.M. exécute ce qu’il fait de mieux : transporter l'auditeur avec une mélodie appuyée par la voix du chanteur. On remarque toujours cette parfaite harmonie voix/instruments qui atteste de l’expérience de R.E.M. (14 albums tout de même !!) avec ce "Mr Richards" qui nous réconcilie un petit peu avec le groupe grâce à une musique réellement « typée » R.E.M., et non plus avec ces morceaux tellement dans les normes que sont "Hollow Man", "Houston" ou "Accelerate".

Hélas, "Sing For The Submarine" rentre dans le rang, notamment avec une guitare franchement lassante qui ne démontre aucune originalité et qui suit seulement la mélodie, sans jamais prendre d’initiatives. C’est également le cas pour "Horse To Water", plus énervé mais court et ne décollant jamais, avec toujours cette satanée guitare qui n’invente rien ! Le son de R.E.M. est trop axé sur la voix de Michael Stipe et leur musique s’en ressent, même si on apprécie toujours la technique du groupe.
Alors que nous attendons depuis le début de l'album que R.E.M. nous surprenne, voilà qui est fait : l’ultime morceau, "I'm Gonna DJ", surprend ! On retrouve ici un rythme au moins aussi endiablé que les premiers morceaux et une musique aux accents punk qui rappelle beaucoup le rock des années 80. La voix de Stipe a ici réellement un parfum du rock traditionnel que l’album n’avais jamais laissé supposé…

On reste ainsi un peu sur notre faim avec Accelerate qui, bien qu’efficace, n’invente rien et nous laisse avec un sentiment d’inachevé. Quatre années d’attente paraissent presque démesurées pour un tel album, qu’un groupe comme R.E.M. peut plier en peu de temps.
Alors même si le début de l’album est entraînant et très rythmé, cela ne parvient pas à convaincre et ce n’est pas la trop courte surprise de "I'm Gonna DJ" qui nous fera vibrer pour ce groupe, qui risque fort de rentrer dans la masse des groupes américains s'ils ne témoignent pas de plus d’originalité à l’avenir…

Verdict : 2,75/5


"Supernatural Superserious"

Myspace

mardi 10 juin 2008

M22 - The Ting Tings : "We Started Nothing"

Voilà le duo qui a détrôné Madonna du sommet des charts UK.
Rien que pour ça, on les remercie.


Quand on écoute The Ting Tings, on a l'impression que c'est super facile de faire un album qui marche. De la musique pop/rock toute simple avec quelques influences électroniques comme on en retrouve un peu partout actuellement et le tour est joué ! En tout cas, à défaut d'inventer quelque chose, ça suffit pour faire des chansons rythmées et plutôt dansantes qui font un tabac.
Je vous mets au défi de dire "je n'ai jamais entendu ça" à l'écoute de "Great DJ" ou "That's Not My Name", les deux tubes qui ont propulsé le groupe sur le devant de la scène. Tout le monde a déjà pu écouter ne serait-ce qu'un court extrait d'un de ces morceaux, sauf bien sûr si vous habitez actuellement dans une grotte (le loyer y est toujours moins cher qu'en centre-ville).

Il faut bien avouer que, pour le coup, la source du buzz est justifiée. "Great DJ" est hyper-efficace dans le genre "on a une batterie, une guitare, un synthé, une bonne voix (celle de Katie White), tout le nécessaire pour faire danser M. et Mme Tout-le-monde". Ça ne va pas chercher bien loin dans la créativité mais ce n'est pas le but recherché, ça c'est clair. Katie White et Jules De Martino veulent juste s'amuser à faire de la musique énergique et rafraichissante. Le meilleur exemple est certainement leur dernier single en date, "Shut Up And Let Me Go" : un riff de guitare entraînant (mais déjà entendu mille fois), un groove du tonnerre, une rythmique basique mais imparable, pas besoin de plus pour qu'Apple vous remarque et vous emprunte votre morceau pour faire une pub. Mais il ne suffit pas de lancer un buzz, il faut le maintenir après !

Et pour ça, le petit problème, c'est que The Ting Tings ne sait pas faire grand chose d'autre et varie bien peu son style. Oh si, on remarque bien que quelques trucs ne sont pas pareils par-ci par-là. Oh tiens ! Un piano sur "We Walk" ! Et ça alors ! Il y a peu plus de synthés (quand la guitare s'essouffle) sur "Impacilla Carpisung" et "Fruit Machine"...
Mais bon, ils ont l'air d'avoir réfléchi à la question les deux anglais, ils ont bien compris que ce serait dur de tenir dix chansons en faisant comme ça. Du coup, ils rajoutent un morceau pas du tout pareil, "Traffic Lights", qui, malheureusement, est vraiment nul. Faut dire aussi qu'ils ont essayé de se calmer, histoire de faire une petite ballade acidulée avec des violons et tout le tintouin, sauf qu'ils avaient oublié que le calme, ce n'est pas leur truc.

Heureusement pour eux, toute l'intelligence de la production se situe dans le tracklisting de ce We Started Nothing : on commence avec un très bon tube, "Great DJ", et de suite après on en met un autre, "That's Not My Name" pour faire croire que ce sera tout le long à ce niveau. Par la suite, on fait alterner le plutôt bon ("Fruit Machine", "Shut Up And Let Me Go", "We Walk") avec le pas terrible du tout ("Traffic Light", "Keep Your Head"...). Comme ça, ça fait passer quasi-inaperçu les mauvais morceaux qui servent juste à meubler. Et surtout, on termine sur le meilleur morceau de l'album, le titre éponyme "We Started Nothing", avec son riff simpliste répété à l'infini, son refrain matraqué, mais aussi (et surtout) son lent crescendo qui finit sur des cuivres du plus bel effet. La piste la plus travaillée.

Ne nous voilons pas la face, on prend plaisir à écouter cet album, malgré des morceaux vraiment très inégaux. Alors que la tendance est à la multiplication des influences (electro, new wave, house, post-punk, disco, ...), The Ting Tings a le mérite de proposer une musique directe et agréable, à défaut d'être profonde. Il va juste falloir faire attention à ne pas en abuser, sinon gare à l'indigestion.

Verdict : 3/5


"That's Not My Name" [LIVE]

Myspace

lundi 9 juin 2008

F03 - "Zabriskie Point" de Michelangelo Antonioni

Un film sorti en 70 mais qui ressort en 2008 pour fêter 68




Zabriskie Point est un film réalisé par Michelangelo Antonioni, scénariste et réalisateur italien mort l'année dernière à l'âge de 94 ans. C'est grâce à son film précédent, Blow Up, (palmé à Cannes) que Antonioni peut tourner Zabriskie Point. Malheureusement le film n'a pas, à sa sortie, le succès attendu. S'il ressort cette année, c'est parce que c'est l'anniversaire de mai 68, mais c'est surtout parce qu'il y a moyen de se faire un peu d'argent sans en dépenser beaucoup.

Bon, on ne va pas se plaindre non plus. C'est quand même l'occasion de voir un vieux film d'un grand réalisateur sur grand écran.
Bref, que je vous raconte quand même ce qui se passe dans ce film. L'action se déroule en 69 aux U.S., alors que les révoltes étudiantes montent et sont violemment réprimées par la police. L'un d'entre eux, Mark (joué par Mark Frechette), est sûrement l'un des plus engagés, prêt à mourir pour la révolution. Une seule chose l'effraie : l'ennui. Avec la montée des tensions, il s'achète une arme à feu. Un jour, la police fait évacuer un bâtiment (sûrement une fac) à coup de fumigènes. Un des étudiants se fait tirer dessus sans raison. Marc est alors sur les lieux, un peu en retrait, et au moment où il sort son arme pour tirer sur un policier, celui-ci (le flic) se fait tirer dessus. Craignant de se faire attraper pour un crime qu'il n'a pas commis, il s'enfuit. Et pas n'importe comment : en avion. Ben oui, je vous ai dit : il a peur de s'ennuyer Marc... Il rencontre dans le désert une étudiante, Daria, partie changer d'atmosphère.

Zabriskie Point ne raconte pas juste cette rencontre, ou cette "bavure" policière. Non, Zabriskie Point raconte aussi et surtout l'histoire de ce que vit l'Amérique à cette époque : le soulèvement d'une population qui ne se reconnaît pas dans le modèle social qu'on lui propose. Et ce couple d'inconnus l'un pour l'autre laissera tout tomber le temps d'une longue errance dans le désert.

Le film est superbement filmé. Typiquement Nouvelle Vague, filmé parfois caméra épaule, mais aussi en particulier une scène, dans le bus avec cette lumière verte, qui n'est rien d'autre qu'un clin d'œil au Mépris de Jean-Luc Godard. D'autres scènes sont plus psychédéliques, plus hypnotiques, celles dans le désert en particulier. Et ce n'est pas tout, le scénario est très épuré pour aller à l'essentiel, et ce, pour aller vers un cinéma plus engagé et plus politique à la manière, plus récemment, de Elephant de Gus Van Sant.


Bref, un film à voir et à revoir (je l'ai regardé 2 fois d'affilée) malgré quelques longueurs vers la fin...

À noter juste que les affiches (l'ancienne et la nouvelle) sont magnifiques. La première pour la typo qui prend presque toute l'image et la seconde pour la photo et la mise en page encore... Voilà sinon, la BO est de Pink Floyd (entre autres).

Verdict: 4/5


Plus d'infos sur ce film

séances

dimanche 8 juin 2008

M21 - Ratatat : "LP3"

Ratatat revient avec ses synthés inversés et ses vocoders.


Vous les connaissez peut-être pour leurs deux albums précédent Classics (2006) et Ratatat (2004). Si vous êtes hype vous les avez connus dans la compile Colette #8 (2007). Si vous êtes encore plus hip, vous les avez découverts dans le podcast des Inrocks (#20 ou 21). Si vous êtes encore plus hip que hip, vous les connaissez depuis le début... :D
Bon, pour ceux qui ne connaissent pas, Ratatat, c'est deux mecs qui font de l'electro avec des guitares électriques et des synthés.

On démarre l'album sur "Shiller", un morceau beaucoup plus calme que ce dont on avait l'habitude. Ça commence par un grésillement, comme un son de guitare électrique sur un ampli de mauvaise qualité puis le synthé rentre avec une mélodie douce et calme rejoint sur certaines notes par un clavecin. À ça s'ajoute un autre synthé passé au vocoder ou sous un autre filtre, bref une note qui tremble. C'est mou, ça ne démarre pas... Puis d'un coup le grésillement revient ! Et on croit que ça y est, ça commence, mais non la mélodie est juste un peu accélérée et le grésillement s'arrête très vite. Ça ressemble presque à de la minimale... Déçu par cette intro de 4 minutes (qui sert par ailleurs de single à l'album), on passe au suivant.

"Falcon Jab", commence par une voix triturée au vocoder et passée a l'envers. Encore un morceau qui edémarre pas. Et ça continue sur le morceau suivant, "Mi viejo"...

Heureusement "Mirando", le quatrième morceau nous réveille un peu. D'ailleurs, ils ont dû se rendre compte qu'ils faisaient une connerie en sortant "Shiller" en single parce que depuis quelques jours, "Mirando" est en téléchargement gratuit sur leur Myspace pour rattraper le coup.
Ce morceau fait penser dès la première note à Fatboy Slim, période You've Come A Long Way Baby. Ça rassure, on commençait à se demander si tout l'album de Ratatat était nul. Bref "Mirando" démarre sur un son (on dirait presque un cri d'animal) de 2 secondes répété 4 ou 5 fois puis arrivent les synthés mais on dirait que le son est passé à l'envers... D'ailleurs, le clip joue à fond sur ça. La guitare rentre, cette guitare bien Ratatesque aux allures de trompette qu'on connait bien des 2 albums précédents.

On enchaine avec "Flynn", un morceau/entracte de 2minutes. d'ailleurs ça fait vraiment jingle de pub, la musique sonne Ile déserte et les voix ont l'air d'être chantées sous l'eau. On se dit "merde, si ça se trouve, ça clôture cette partie de l'album, ça va redevenir mou".

"Bird Priest" reprend à la même cadence que "Mirando". Mais en fait, il redevient mou après. Le morceau a l'air pas abouti, pas fini. Et ça continue comme ça jusqu'à la fin du CD... En fait, Ratatat fait ici plus de la musique d'ambiance que de la musique tout court.
Pour preuve, j'ai écouté ce LP3 plusieurs fois en même temps que je regardais Roland Garros, avec la musique un peu plus forte que le son du tennis. Eh bien, les voix des commentateurs, calmes et graves, collent parfaitement avec la musique. C'est surprenant mais le CD est mieux comme ça. En fait, il manque juste des paroles à cet album.
Bon, il n'y a pas non plus que des morceaux nuls ! Non, "Dura" et "Mumtaz Khan", par exemple sont bien. Rythmés et rapides.

Au final, un album un peu décevant par rapport aux précédents mais l'esprit Ratatat est toujours là. :)


Verdict: 3,125/5


"Mirando"

Myspace

samedi 7 juin 2008

M20 - Coldplay : "Viva La Vida or Death And All His Friends"

La bande de Chris Martin, monsieur "Je suis le Bono du XXIème siècle", est de retour le 16 juin !
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le résultat est surprenant !


Avouez qu'il fallait oser ! Se servir du tableau d'Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, comme pochette du nouvel album, et en plus de ça, peindre dessus, à grands coups de pinceaux, un ostentatoire "VIVA LA VIDA". Au moins, Coldplay nous prévient, c'est sympa de leur part ! Cet album sera différent. Fini les mièvreries qui ont fait leur succès, place à une musique plus recherchée, plus innovante, quitte à rebuter les anciens fans.

Il a toujours été de bon ton chez la critique musicale de casser du sucre sur le dos de Coldplay, l'archétype du groupe commercial, surproduit et surmédiatisé, ce que je n'ai pas toujours trouvé très justifié. Il est vrai que le dernier album, X&Y, était plein de morceaux pas originaux pour un sou, mais évidemment très vendeurs. Par contre, leur album précédent, le tubesque A Rush Of Blood To The Head (2002), mais aussi, et surtout leur premier album, Parachutes (2000), étaient, je trouve, de très bons albums. Coldplay alternaient alors à merveille des chansons grands publics à succès ("Clocks", "The Scientist", "Yellow", "Trouble"...) avec des morceaux dans une lignée plus indé, moins pop, avec des structures qui sortaient un peu de l'assommant schéma couplet-refrain-couplet-refrain-pont-refrain ("Spies", "Sparks", "Politik", "A Rush Of Blood To The Head" ...).
Alors oui, c'est facile de taper sur un groupe qui vend des millions d'album, qui nous exaspère par son omniprésence médiatique, mais restons honnêtes et admettons qu'au delà de tous le foin commercial qu'ils provoquent, les albums de Coldplay ont toujours été bons, certes peu inventifs, mais ce n'est pas leur but.

Voilà, maintenant attardons-nous sur ce nouvel album intitulé bien peu sobrement Viva La Vida or Death And All His Friends. Cette extravagance témoigne d'une certaine auto-dérision qui montre bien que malgré le succès, les gars de Coldplay gardent la tête sur les épaules et sont prêts à nous montrer qu'ils peuvent se renouveler. Pour cela, ils ont appelé à leur côté Brian Eno, le gentil monsieur qui a notamment aidé U2 à faire ses meilleurs albums (The Unforgettable Fire, The Joshua Tree, Achtung Baby...) à la fin des années 80. Heureuse coïncidence pour Chris Martin qui prend de plus en plus des allures de Bono des temps modernes, avec son engagement humanitaire. Et il faut bien avouer que Coldplay et Eno ont rempli le contrat à merveille ! Cet album est une franche réussite, s'aventurant la plupart du temps sur des terrains peu fréquentés par le groupe auparavant.

Première preuve : le morceau introductif, "Life In Technicolor", un instrumental (une première chez Coldplay !). Bon, ok, le titre fait peine à voir (c'est comment une vie en technicolor ?), mais il a le mérite d'annoncer le renouveau. Beaucoup de synthés, une guitare qui sonne comme un carillon, une autre guitare bien plus électrique, attention, préparez-vous au changement.
Etrangement, le soufflet retombe un peu avec le deuxième morceau, "Cemeteries Of London", qui commence de manière bien peu originale, malgré une influence des années 80 inédite. La présence d'une guitare électrique dans la veine de l'introduction nous conforte dans l'idée qu'on va y avoir droit plus souvent sur cet album que par le passé. Le reste est quand à lui dans le même style que les albums précédents.

Troisième morceau, "Lost !", est une claque miniature. Si la base du morceau est classique, dans le plus pur format pop, la forme, elle, fait preuve d'originalité avec un orgue, une rythmique assurée par des tapements de mains, et toujours cette guitare qui fait de brèves apparitions. Le chant caractéristique de Chris Martin peut agacer mais il faut bien avouer qu'il est juste et très bien adapté. Sûrement un futur single (à noter qu'il est présent en version acoustique piano/voix en tant que piste bonus).
Arrive ensuite "42" qui commence tout doucement au piano. Ça monte petit à petit en puissance avec des synthés et des violons, puis soudain un blanc, rapidement déchiré par une guitare distordue, puis une autre, encore plus violente. Le paroxysme atteint, on enchaine soudain sur un couplet pop, guitare acoustique et piano à la clé, puis de nouveau la guitare électrique qui joue une mélodie certes simple mais efficace. Ce morceau ressemble déjà à une synthèse de ce que souhaite accomplir Coldplay avec son nouvel album : jouer des morceaux libres de toute contrainte, sans structure précise, varier les styles au sein d'un même morceau.

Le morceau suivant, "Lovers In Japan/Reign Of Love", applique également un peu tout ça : il est divisée en deux parties différentes qui ne respectent aucun format précis. Malheureusement, la première n'est pas originale du tout, ce qui ne l'empêche pas d'être efficace, surtout dans son final. À partir de la 4ème minute, ça s'arrange, c'est tout calme, il y a peu de chant, juste du piano et quelques nappes de synthés. Cette deuxième partie ressemble à une sorte de bonus, un mini morceau pas vraiment achevé mais qu'on veut jouer devant son public pour lui faire plaisir.
La piste jouée ensuite, "Yes", est certainement celle qui est la plus représentative de la volonté d'évolution de Coldplay. Première constatation : elle est très longue (7min), très loin du format radio. Encore une fois, cette chanson est divisée en deux parties. Jusqu'à la 4ème minute, c'est plein de violons typés raï, accompagnés par une guitare hispanisante (ça rappelle un peu "City Of Delusion" de Muse, la furie en moins, la douceur estampillée Coldplay en plus). Passé la moitié de la chanson, on revoit totalement la copie : finis les violons, place à des accords de guitares, rythmés par une batterie bien carrée, et par dessus ça, une voix démultipliée par un écho bien senti. La progression vers la fin du morceau se fait par distorsion : la voix entre en résonance avec la guitare, et vice versa, jusqu'à ce qu'une deuxième guitare vienne prendre l'ascendant avec quelques arpèges suraigus. C'est sublime, et il y a de quoi regretter que ça ne dure qu'une moitié de chanson.

Aïe, voilà la première faute de goût de l'album, et il s'agit du morceau semi-éponyme "Viva La Vida". Ça regorge de violons à mi-chemin entre André Rieu et Titanic, ça donne mal à la tête, d'autant plus que Chris Martin ne peut s'empêcher de faire de grands "OHOOHOOOOOHOHOO !" par dessus. Dommage, pour le coup, le groupe s'est vu trop grand et se permet un morceau grandiloquent qui sonne vraiment faux. On passe.
Heureusement, tout de suite après, on a droit au premier single "Violet Hill", distribué gratuitement sur internet quelques semaines auparavant. Vu comme il passe partout à la radio et à la télé, tout le monde connaît : c'est bien plus violent que ce à quoi nous avait habitué Coldplay auparavant. De grosses guitares heavy, une batterie surpuissante, une basse vrombissante et un chant scandé qui laissent place sur la fin à un piano maladif. Vraiment surprenant pour un single, sûrement le choix de la surprise, histoire d'annoncer au public que Coldplay n'est plus le même groupe.

L'avant dernier morceau, "Strawberry Fields", est probablement le plus proche de ce que pouvait proposer le groupe sur ces précédents albums, la guitare électrique omniprésente en plus. C'est d'ailleurs la principale qualité du morceau : les arpèges de guitare aigus et légers sont vraiment superbes, et l'accompagnement sonne un peu nippon au début du morceau. Pour le reste, rien de très original. Cette piste montre bien ce que Brian Eno a pu apporter au groupe : même lorsque Coldplay tente de reproduire ce qu'il faisait avant, cela ne sonne plus pareil, c'est définitivement nouveau : la patte Eno est passée par là, et ce n'est pas pour déplaire.

La piste finale est la deuxième partie du titre de l'album : "Death And All His Friends". Ici les membres du groupe tentent de proposer une structure de morceau totalement inverse à la manière dont ils clôturaient leurs albums : la construction est en faite inversée. Ça commence comme si c'était la fin du disque, avec un duo piano/voix et le morceau se développe à l'envers, les guitares reviennent, d'abord très électriques, puis plus claires, avec beaucoup d'écho et soudain arrive l'intro, celle du morceau mais aussi celle de l'album. Exactement le même synthé que dans "Life In Technicolor", le premier morceau. Un peu comme s'il fallait mettre l'album en lecture répétée, de manière à ce qu'il ne se finisse jamais, que la fin du disque enchaîne directement sur l'intro, et ce en boucle. Une bien belle trouvaille (une de plus !) pour clôturer ce Viva La Vida or Death And All His Friends.

Le 16 juin sortira donc ce que je considère comme le meilleur album de Coldplay à ce jour, une perle faite de renouveau, d'audace et de splendeur. L'influence de Brian Eno se fait énormément sentir, non pas véritablement dans le style (même si on note des ressemblances avec les autres groupes produits par Eno) mais plutôt dans la réalisation, dans la manière d'aborder les compositions (Coldplay avait annoncé cette volonté de changement de style bien avant que soit nommé Eno à la production).
Peut-être que ce disque réconciliera la critique avec le groupe, en tout cas, il me semble indéniable que c'est un très bon album, une leçon donnée à tous ces groupes pop/rock qui s'enlisent dans leur soupe commerciale, alors que pendant ce temps, Coldplay est parvenu à se renouveler, proposant le parfait équilibre entre chansons à succès et inventivité , surprise et qualité. Si vous ne les supportez pas, vous allez souffrir parce qu'ils semblent bien partis pour faire parler d'eux pendant quelques années au minimum.

Verdict : 4/5




Le clip de "Violet Hill", dans sa version rebelle, seulement diffusé sur internet (ah tiens, ça rappelle un duo français qui fait de l'electro), à voir ! Si ça vous choque, la version TV est .



La pub Apple pour l'album de Coldplay, de jolis effets lumineux mais malheureusement, c'est un extrait du morceau le moins bon de l'album, "Viva La Vida".

Myspace avec un lien vers un autre myspace où on peut écouter entièrement l'album, à condition d'être membre de Myspace et d'avoir Coldplay dans ses amis (vive la politique commerciale qui casse tout).

M19 - Archive : Retrospective Partie 2/2

La suite !!



En 1999, sort Take My Head, un album qui, dès le premier morceau ("You Make Me Feel"), joue sur les oppositions de styles : des guitares électriques répondent à la douce voix de Maria Q accompagnée d'un clavecin. Pas de grandes nouveautés sur cet album, mis à part qu'il est plus rapide et plus "rock" que le précédent.

Heureusement, trois ans plus tard, sort un SP, Again SP, avec trois versions de "Again" (dont un remix de Simon Raymonde et une version radio de 5min) et deux autres morceaux: "Sham" et "You and Me". On entre dans leur période "pluie d'été". C'est l'arrivée des beats calmes et des paroles chantées (limites soufflées).
Quelques mois plus tard arrive l'album tant attendu avec ce morceau si long, cette surprise de 16 minutes. You All Look The Same To Me commence d'ailleurs par ce morceau (LE morceau). Archive nous fait vivre au ralenti tout au long de l'album. Même pendant "Finding It So Hard" qui est pourtant un mélange (très bon) entre Portishead et The Prodigy. Cet album est très bien accueilli par la critique et pour fêter ça, France Inter les invite à venir jouer chez eux. Bien entendu, un CD live sort la même année et c'est l'occasion de se rendre compte que Archive en concert ça a l'air super bien... Ça me laisse rêveur.

Bref, après ça, on a droit a un double album pour la bande son du film Michel Vaillant (2003). Bon, c'est bien on les reconnaît mais c'est pas le mieux qu'ils aient fait. Les morceaux sont courts, un peu tous pareils... Décevant quoi, mais bon peut-être ne sont-ils pas fait pour les bandes sons.

En 2004, l'album Noise commence par le morceau du même nom : une piste avec des sons qui ressembles à des sirènes de polices mélangées sur une boucle à la guitare sèche et une batterie. Par la suite, les paroles arrivent et flottent dessus, même criées. Puis vient le morceau "Fuck U" : un peu prévisible pour l'entrée de chaque instrument mais génial au final avec ses paroles parlées. Le morceau le plus long de l'album, "Waste" (10min), fait moins "pluie d'été" que les autres. Il fait plus "AAAAAAAH je crie dans un champ en plein orage!". C'est un morceau qui nous essouffle et nous fatigue. L'album se termine par un "Me and You" sûrement en réponse au "You and Me" du SP. Des paroles susurrées, une batterie, un synthé bien placé et le tour et joué : le morceau fait 7 minutes et en parait seulement 3.
La même année, Archive a carrément droit à son live Unplugged. On découvre grâce à cet album à quel point, en fait, ils sont pluggés le reste du temps.

2006, c'est les 10ans d'Archive ! C'est aussi la sortie de l'album Lights. Un album plus énergique que le précédent, qui se rapprocherait presque de Nine Inch Nails (en tout cas le premier morceau). Et même des fois, comme sur "Sit Back Down", d'une mélodie gospel mais en stressant, plus du genre film d'horreur (Pfiou les mots commencent à manquer pour décrire ce dernier album). En fait l'effet gospel, c'est a cause de l'orgue qu'on entends encore sur d'autres chansons après mais avec des chœurs cette fois-ci. Bref un superbe album, surtout grâce au morceau "Lights" qui dure presque 20min. Un délice.

Bon. Je n'ai toujours pas digéré le live au Zenith donc je n'en parlerai pas. Mais je suis sûr que si vous n'avez pas écouté 10h de Archive, avant il est génial!


Voilà ! En résumé, Archive est un groupe qui a su se détacher de ses influences de départ pour faire quelque chose d'unique et de génial... Un vrai plaisir, quelque soit le morceau. Un exemple à suivre !

Encore une chose : ils ont annoncé, via leur Myspace, qu'ils avaient commencé l'enregistrement de leur prochain album ! Promis, il y aura une critique !

Pas de verdict pour une carrière ! Par contre si vous voulez découvrir Archive, je vous conseille Londinium, You All Look The Same To Me et Lights, mes préférés !


"Again"

Myspace

vendredi 6 juin 2008

02 - Annonce !

Réflexion sur le sens de la vie,
un album hors du commun.



Salut !

Vous êtes à peu près une trentaine à nous lire chaque jour depuis un mois ! Vous avez donc pu remarquer que le débit d'article a baissé cette semaine... En fait, Rahtur est en pleine révision en ce moment. Du coup, il ne reste plus que moi pour assurer les critiques (et touuuuus les gens qu'on a "embauché" mais qui n'ont pas encore trouvé de qui/quoi parler).

Bref, on cherche des gens (vraiment) motivés pour écrire assez régulièrement !

Si ça vous intéresse, envoyez nous une critique par mail à l'adresse suivante : letsbecritical@laposte.net !
Je vous répondrai le plus rapidement possible (entre 3 minutes et 2 jours :D ).

Voilà !
Sinon vous avez vu, on a changé l'habillage ! Vous en pensez quoi ??

Quant à la deuxième partie de la rétrospective sur Archive, elle sera en ligne demain ! Et je prépare une critique du nouvel album de Ratatat (LP3) qui doit sortir le 8 juillet.



Ratatat : "Cherry"

mardi 3 juin 2008

M19 - Archive : Retrospective Partie 1/2

Ouais, un peu comme pour un grand artiste...
Et rares sont les artistes qui ont le droit à une rétrospective de leur vivant...



Il y a quatre jours, je vois "Fuck U" sur le pseudo d'une de nos plus fidèles lectrices, je regarde mieux et je me rends compte que ce n'est pas son pseudo mais ce qu'elle écoute. Et le groupe qui chante "Fuck U", c'est Archive. Ce n'est pas la première fois que je la vois écouter Archive et même Rahtur écoute ça et pourtant jamais je ne me suis dis: "eh mais si ça se trouve c'est bien !". Jusqu'à ce jour-là donc. Ce jour-là je me décide (enfin) à écouter et j'apprends que c'est du downtempo, un peu comme Massive Attack ou Portishead. Bref, je trouve la discographie complète et me met en tête de me faire tout tout tout, des albums aux lives en passant par un SP et un double album de BO, sans rien écouter d'autre et dans l'ordre chronologique en plus pour "vivre" l'évolution du groupe.

Bon, ça m'a pris plus d'une journée finalement, voire même deux jours en fait, et, alors que je frétillais d'impatience en lançant Londinium (1996), je dois reconnaitre que je ne voulais plus entendre un seul son à la fin du live au Zenith (2007). Mais pas parce que tout son n'avais plus aucun intéret après Archive, non non. Simplement parce que j'étais au bord de l'overdose ! Faut me comprendre : 11h de musique d'un même groupe et ce live (au Zenith) avec l'avant dernier morceau "Again" (de l'album You All Look The Same To Me) qui pour le coup devient beaucoup trop long et interminable: 15m49 quand même. Non pas que ce morceau soit réellement interminable ou atrocement long. C'est juste que, comme je l'ai dit, j'approchais de l'overdose.

En réalité, "Again" est une pure merveille, un bijou, une perle, un chef d'œuvre. Bref. Surement un de leur meilleurs morceaux. Enivrant et envoutant, calme et rythmé en même temps. Un peu comme se laisser flotter sur une rivière en plein été pendant un quart d'heure. Ce morceau a tous les atouts d'un Portishead ou d'un Massive Attack, voire même d'un Turzi, à la différence que si ces derniers avaient fait un morceau de 15 minutes ça aurait était nul, long et mou. Et ce n'est pas le seul morceau très long : sur le même album il y a "Finding It So Hard" et "Junkie Shuffle" et le morceau "Lights" de l'album du même nom (2006). Lights (l'album), que je vous recommande pour les soirs de pluie en été.
En fait c'est ça Archive. C'est des morceaux un peu mélancoliques pour les jours de pluie (et donc parfaits pour les parisiens :D).

Mais ça, c'est ce qu'est devenu Archive au fil des années. En 96, leur premier album Londinium ressemble à l'album Dummy de Portishead (1994) mais avec une voix d'homme à la place de Beth Gibbons. Voire pas de voix du tout en fait. Avec des dialogues de films en arrière-son comme Wax Taylor et des sons de synthés qui, surement, ont inspiré ceux de Royksopp avec leur album Melody AM (2002). Des mélodies jazz ou classique mélangées à des rythmiques downtempo. Des morceaux déjà long, entre 5 et 7 minutes. Des paroles chantées alternées avec des paroles "rapées". Tout ça très bien équilibré : les paroles "rapées" se calent sur les rythmiques downtempo et les paroles chantées sur les mélodies.

Ehéhéhé... Fin de la première partie! Je poste la deuxième moitié samedi matin...

dimanche 1 juin 2008

M18 - Cut Copy : "In Ghost Colours"

L'Australie, la nouvelle contrée de l'electro ? Après Midnight Juggernauts, un autre trio des antipodes fait parler de lui avec un son hybride, entre electro à guitares et pop 80's sucrée.


Leur premier album, Bright Like Neon Love (qui date de 2004), produit par Philippe Zdar (moitié du duo français Cassius) était passé inaperçu dans notre hémisphère mais pourtant, il ne présageait que du meilleur pour ce groupe avec un mélange réussi de rock dansant et d'électro (le superbe semi-instrumental "Zap Zap").
En 2008 sort leur deuxième album, In Ghost Colours, produit cette fois par Tim Goldsworthy, un anglais plutôt doué de ses mains puisqu'il a bossé notamment avec UNKLE, The Rapture, LCD Soundsystem et, plus récemment, Hercules & Love Affair. Bon, ok, c'est cool d'avoir un producteur qui a un joli CV mais ça ne fait pas tout (exemple ici)alors voyons voir si les trois membres de Cut Copy peuvent faire de l'ombre à leurs compatriotes, désormais acclamés, de Midnight Juggernauts.

La principale évolution dans cet album consiste en l'apparition d'une influence bien plus marquée de la musique 80's, en particulier la new wave. Ça donne des tonalités bien plus pop à leur musique, notamment au niveau du chant. Mais il y a aussi un penchant electro très assumé, avec des sonorités inspirés par Daft Punk, mais dans un registre plus lissé, moins "violent". À ce niveau-là, le premier morceau de l'album, "Feel The Love", donne le ton : ça commence par des guitare acoustiques et des choeurs sur fond de nappes synthétiques, c'est mignon tout plein, puis soudain une grosse batterie impose sèchement son rythme, des beats electroniques se mettent en place et le chanteur sort le vocoder. Cet assemblage pourrait être de très mauvais goût mais la production se révèle, comme il fallait s'y attendre, de qualité et le tout fonctionne à merveille. Le second morceau, "Out There On The Ice" est dans le prolongement du premier et assoie encore un peu plus ces sonorités electro-pop qu'adopte Cut Copy sur ce In Ghost Colours.

Le changement de style se montre payant pour le groupe qui pond sur cet album quelques morceaux parmi les plus jouissifs et efficaces de ce début d'année 2008 : les singles "So Haunted" et "Hearts On Fire" (avec son entame très electro à coup de choeurs féminins cisaillés et de basses saturées et qui s'achève sur un ton mélancolique, cuivres et arpèges de guitare à la clé), ou encore "Far Away".

Parfois, un des trois australiens en a marre de ses synthés et il sort sa guitare électrique du placard pendant que les autres continuent à jouer des mélodies electro survoltées. Ça donne des morceaux péchus, très dynamiques, comme "Lights & Music", superbe dialogue entre des accords et/ou arpèges de guitare et un beat électronique du tonnerre, ou bien "Unforgettable Season", morceau joyeux et ensoleillé.

Si cet album est relativement long (15 morceaux, c'est pas mal par les temps qui courent), c'est parce qu'il est entrecoupé par 5 interludes, qui durent de 29 secondes ("Silver Thoughts", simple transition) à 2 minutes 33 secondes ("Midnight Runner", véritable ébauche de morceau qui aurait mérité d'être poussée un peu plus loin). Autant ces pistes très courtes sont parfois agréables, autant elles peuvent aussi lasser l'auditeur en prolongeant parfois inutilement la durée de l'album. Et c'est bien un des seuls reproches qu'on peut faire au disque : ces interludes répétés provoquent des baisses de rythmes qui peuvent lui être préjudiciables. Toutefois, cela n'enlève rien à la très grande qualité de In Ghost Colours, qui possède de nombreux tubes potentiels.

Décidément, l'Australie a de quoi être fière des groupes electro qui émergent sur son territoire. Après Midnight Juggernauts et son electro-rock spatial, c'est au tour de Cut Copy de montrer qu'aux antipodes aussi on sait secouer les dancefloors tout en proposant une musique inventive et de qualité.

Verdict : 4, 25/5



"Lights & Music" [LIVE]

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