vendredi 30 janvier 2009

Live Report 04 - Transardentes 2009

Le 24 janvier avait lieu la seconde édition des "Transardentes" (version electro et indoor des Ardentes) à Liège. Je ne pouvais manquer un événement de la sorte dans la cité ardente.

Selon de nombreux festivaliers, la brochette de DJs proposée cette année était moins attrayante que l'année dernière (qui, je vous le rappelle, avait accueillis des artistes comme Carl Craig, Stephan Bodzin, Goldie, Mathew Jonson ou encore Felix Da Housecat) ... Personnellement, je suis loin de partager leur avis ! En effet, TC, Heartthrob, James Holden, Jeff Mills et Derick May, c'est du lourd. Un autre petit détail me fit bien rire, il paraitrait (selon les "djeuns" liégeois) que le concert le plus prisé de la soirée était ... Birdy Nam nam et le meilleur n'était autre que le grand, le superbe et le génie SebastiAn (bon d'accord, j'arrête l'ironie). Enfin, tout ça pour dire que l'electro devient de plus en plus une musique écoutée non pas pour ses qualités mais, hélas, parce que c'est hype d'écouter ce style, ce qui explique, à mon humble avis, le succès de Crookers, Justice (et le reste d'Ed Banger) ou encore Don Rimini.

Mon coup de gueule terminé, je peux enfin aborder les artistes qui animèrent cette soirée.
Pour débuter celle-ci, rien de tel qu'un peu de drum and bass! Par chance, c'est TC qui se produit en compagnie de Mc Jack. Dans l'ensemble, je fus assez impressionné d'une part par la présence scénique du Mc qui n'a pas arrêté de communiquer avec le public et d'autre part par le set de TC. Certes, les transitions laissaient à désirer à certains moment mais ses productions ("Rockstar" et "Where's My Money" par exemple) étaient vraiment des mieux jouées.

Mais il est déjà temps d'aller voir Heartthrob qui a pris la relève dans la salle minimale/techno. Bon pour ceux qu'ils ne le connaissent pas, il s'agit d'un membre de la bande à Richie. Il est donc bien évidemment sur le label M_nus et a pour professeurs ... Richie Hawtin, Magda et Troy Pierce (tiens donc) et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il apprend bien ses leçons ! On a eu droit à un live d'une heure et demi des plus agréables. De bons sons bien minimalistes tout en restant dans l'accessible, il est très doué et j'ose espérer le revoir très prochainement.

Il est 23h et voici enfin James Holden, le monstre du label Border Community avec son pote Nathan Fake ! Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il en impose musicalement. Il est du genre à lâcher des sons sortis de nulle part avec une simplicité déconcertante ... sans oublier bien évidemment ses remixes plus beaux les uns que les autres (je n'évoquerai que le morceau de Nathan Fake, "The Sky Was Pink", remixé par James Holden ). Trêve de bavardages inutiles, sa prestation était tout simplement splendide !

Après deux heures, le prodige anglais cède sa place au très attendu Jeff Mills, pionnier de la techno de Detroit. Ce homme, considéré comme la maître absolu de la techno par de nombreux amateurs du genre, était bien décidé à marquer cette édition et ce, de la plus belle manière possible. Alors qu'il aurait pu se reposer sur ses lauriers et se contenter de passer ses titres phares, il a donné l'impression de faire le live de sa vie tant il était concentré et attentif au moindre son qu'il envoyait. Malgré une prestation hors du commun (autre chose que Dave Clarck ...), la salle s'est vidée petit à petit si bien qu'après une heure et demi, il ne restait plus que 1000 personnes (sur les 3000 présentes au début, c'est triste). Pourquoi donc ? Mais parce que Birdy Nam Nam présentait son nouvel album dans la salle à côté ...

Cette année, nous avons droit à, je cite : "Probablement, le duo de DJs le plus érudit du monde". En effet, pour clôturer cette deuxième édition des Transardentes, rien de tel que Cosmic Twins (à savoir Derick May et François Kevorkian) ! J'ai assisté à un peu plus d'une heure et demi de leur set et je dois avouer que j'ai un peu de mal à cacher ma déception. D'accord, c'était loin d'être mauvais mais il y avait de quoi s'attendre à mieux de la part de ces deux légendes de la musique électronique. Je décide donc de faire un petit détour par Tocadisco avant de rentrer chez moi. J'aurais mieux fait de m'abstenir. J'ai d'abord pris soudainement un coup de vieux (c'est triste à 19 ans) en pénétrant la salle et ensuite, je me suis fait du mal pour rien. En effet que pouvais-je espérer de cet artist e? Rien si ce n'est un énième remix de "Smack My Bitch Up" ou de "Killing In The Name".

Dans l'ensemble, ce fut une soirée très agréable malgré les gens qui viennent juste parce que c'est la mode et que c'est "The place to be" si on veut être un jeune cool ! Enfin, c'est pas comme si j'en avais vu beaucoup en minimale/techno.

lundi 26 janvier 2009

F10 - "Les Noces Rebelles" de Sam Mendes


Super film, qui montre les mécanismes d’un couple en décomposition suite à la perte de leur illusion de liberté dans une Amérique trop policée. Le film est esthétiquement très beau : décors, costumes, acteurs s’accordent à la perfection. Leur interprétation par Leonardo Di Caprio et Kate Winslet est impressionnante.

Voilà tous les bons côtés du film, mais malheureusement à la fin on sent bien que quelque chose ne va pas, il manque des éléments pour que ça devienne un Grand film. Enfin je dis ça parce que j’ai fais une grossière erreur : je suis allé le voir juste après Slumbog millionaire alors forcément ça coince un peu. Comment s’apitoyer sur le sort de deux adultes ayant tout pour être heureux (enfants, amis, travail, maison, argent…) quand on vient de passer 2h à voir des enfants crapahuter dans des bidonvilles indiens, risquant la mort pour ne pas crever de faim ? Ca laisse un goût un peu amer. Mais de quoi se plaignent-ils exactement, wtf ? On dirait un livre de Douglas Kennedy qui aurait mal tourné. On le sent bien dès le début que ça va pas marcher : Lucien avait beaucoup galéré à Paris avant de s’avouer vaincu chez Balzac, là les illusions semblent déjà s’étioler dès les préparatifs.

Mais après tout n’écoutez pas mon avis ou plutôt ne choisissez pas le même timing que le miens (ceci dit courez voir Slumdog millionaire, après !).
Une dernière chose : si comme moi vous avez eu envie de revoir Titanic juste après Les Noces Rebelles afin de vous replonger dans la nostalgie de votre adolescence, celui-ci vous paraitra toujours aussi agaçant dès les dix première minutes. Inutile d’encombrer BitTorrent, j’ai déjà testé pour vous ;)

Verdict: 2,5/5



En salles à partir du 21 janvier 2009

F09 - "The Club" de Neil Thompson


Film de genre, entre This is England pour l’atmosphère particulière des années 80 en Angleterre, le plongeon dans un nouveau groupe branché et Million Dollar Baby pour la reprise en main de sa vie grâce à la boxe. Mais restituons le truc : c’est avant tout un film de gangster. Danny est ce qu’on pourrait appeler un looser : balayeur dans une usine, divorcé, il va chercher ses filles le weekend pour les emmener à la danse tout en regardant avec envie le cours de boxe en face. Oui, Danny est un peu Billy Elliott à l’envers (=> ylliB ttoillE ?). Grâce à ses nouveaux potes de boxe videurs dans une boîte de nuit cool, il entre dans ce petit cercle fermé, mais rongé de l’intérieur par les trafics, l’argent, la drogue, la corruption, la violence…


Malgré beaucoup d’airs de déjà-vu (« ne crains que la peur elle-même ! ») et un nouveau record d’utilisation du mot fuck, ce film sans beaucoup de prétention se laisse regarder avec beaucoup de joie, servi par un scénario bien rythmé et un bon jeu d’acteurs. La belle gueule du fameux Danny (un Ralph Fiennes en jeune et en mieux, interprété par Mel Raido) aide à supporter certaines scènes super violentes. Au final donc, un film de mec et pour mec mais dans lequel les filles trouveront elles aussi leur compte.


Verdict: 3/5





En salles le 21 janvier 2009

dimanche 25 janvier 2009

M62 - The BPA : "I Think We're Gonna Need A Bigger Boat"

Woh les mecs, Fatboy Slim c'est fini !
Maintenant, faut dire The BPA (pour Brighton Port Authority).

Enfin, en vrai, c'est toujours le même type, c'est juste Norman Cook.
Mais de toute façon, on vous avait prévenu.



Ah ça, comme le dit le titre de l'album, c'est sûr qu'il va avoir besoin d'une barque un peu plus grande avec ce nouveau pseudonyme, comparé à l'ère Fatboy Slim. Eh ouais, maintenant Norman Cook se paye le privilège de faire un featuring sur chaque morceau !
Et pas avec n'importe qui, hein ! Vas-y que je ressors Iggy Pop de son cercueil, que j'arrache David Byrne des mains de Brian Eno pour le refourguer à Dizzee Rascal, ou que j'invite Martha Wainwright à danser pour finalement fricoter avec Emmy The Great... La liste est longue !
Donc voilà, en gros, cet album, c'est un beau bordel où plein plein de personnalités se croisent. Avec tout ça, c'est au moins un paquebot dont il a besoin Norman Cook !

Bon, et sinon, qu'est-ce qu'ils apportent de plus tous ces invités ? Eh bien, en fait, c'est un peu la question qui tue ça, car la réponse est, pour la plupart, pas grand chose. Alors que le morceau d'ouverture, "He's Frank", profitant du timbre unique de Iggy Pop, parvient à lancer admirablement l'album, la suite se montre plus inégale.
"Dirty Sheets", chantée par Pete York, donne un peu la migraine avec ses bips et ses vrombissements incessants : le genre de morceau qu'on écoute une fois sans jamais revenir dessus. Arrivant juste après, "Jumps The Fence" est un morceau déjà plus réussi : le flow de Connan Hosford (de Connan and the Mockasins) accroche bien, tandis que des arpèges de guitares inquiétants distille une ambiance joliment travaillée, en particulier avec le sample final, digne des films d'horreur des années 50. La piste suivante, "Should I Stay or Should I Blow", ne montre pas beaucoup de prétention, et finalement c'est pas si mal. La musique kitchissime et le chant ultra-répétitif parviennent sans mal à emporter l'adhésion.

L'electro-pop distillée par Norman Cook et son pote Justin Robertson sur "Island" se montre déjà plus enivrante que tout ce qui précédait. Rappelant par moment un New Order teinté par du trip-hop, ce morceau est particulièrement réussi et surprend par son apparente simplicité. Dommage que, juste après,"Local Town" viennent un peu gâcher tout ça. Ne parvenant pas à profiter de la présence de Jamie T, Norman Cook s'embourbe dans un morceau exaspérant et répétitif à en vomir, à un tel point que même un sample des Clash ne parvient pas à l'en sortir. Heureusement, Emmy The Great vient reprendre les choses en main avec "Seattle", une chanson lumineuse portée principalement par son chant. Reste toujours ce problème récurrent du je-répète-tout-le-temps-la-même-chose qui finit par écœurer. C'est ensuite Martha Wainwright qui prend la relève sur "Spade", un truc assez bizarre, tout saccadé. Ça passe le temps mais on peut pas dire que ce soit très réussi... Encore un featuring qui tombe à l'eau !

Attention, maintenant on arrive aux morceaux "super" ! Non pas parce qu'ils sont géniaux, mais parce qu'ils s'appellent "Superman" (avec Simon Thornton) et "Superlover" (avec Cagedbaby). "Superman" est assez proche du somnifère, on zappe ! Par contre, "Superlover" est pas si nulle, même si elle dégouline un peu trop de mièvrerie.
Mais rassurez-vous, voilà "Toe Jam" qui arrivent ! Et là, ça envoie ! Bon ok, on connait déjà depuis longtemps mais on prend toujours un grand plaisir à l'écoute de ces samples de cuivres complètement retournés dans tous les sens, de la superbe voix de David Byrne et du flow irrésistible de Dizzee Rascal. Pour le final, Olly Hite vient aider à joliment achever cet album de The BPA avec "So It Goes", petite douceur électro-pop sur lequel son chant habité s'adapte à merveille. Belle conclusion.

Au final cette album est une semi-déception. Alors qu'on attendait beaucoup du retour de Fatboy Slim (en tout cas moi oui !), voilà qu'on est surpris par ce I Think We're Gonna Need A Bigger Boat qui se présente un peu comme un patchwork de la pop actuelle. Le plus souvent, c'est pas mal, c'est parfois très bon mais ça arrive aussi que ça tombe à plat. Dommage que tous ces invités n'aient pas apporté davantage que leurs simples voix dans leurs bagages. Espérons que The BPA fera preuve d'un peu plus de constance sur le prochain album, si jamais il y en a un.

Verdict : 3,25/5


"He's Frank" (feat. Iggy Pop)

Myspace

mardi 13 janvier 2009

M61 - Animal Collective : "Merriweather Post Pavilion"

Pardonnez-moi seigneur car j'ai péché...
J'ai succombé au plus gros coup monté hype de ces derniers mois.

Mais c'est pour le bien de l'humanité !


Allez, soyons fous, tuons le suspense tout de suite : cet album est génial. Ah vous voulez plus de détails ? Bon d'accord, on va essayer de faire un article correct.

Animal Collective est probablement le groupe américain le plus créatif du XXIème siècle. Formé à New-York à l'aube du nouveau millénaire, cette petite bande en est aujourd'hui à son neuvième album avec Merriweather Post Pavilion. Alors tout de suite, vous allez me dire : "la créativité, ça ne se mesure pas au nombre de disques mais à leur qualité !". Soit, et alors ? ça ne pose aucun problème vu que leur discographie a de quoi faire des envieux, même parmi les groupes les plus prestigieux. Parti d'un rock expérimental bruitiste, Animal Collective a cheminé au milieu de diverses contrées, notamment celles de la folk, du psychédélisme et de l'electro, toujours à la recherche d'innovations musicales.

Et si aujourd'hui, les new-yorkais semblent prendre un peu de temps pour regarder le chemin parcouru, ce n'est pas pour effectuer une sorte de synthèse des disques précédents. Non, au contraire, c'est plutôt pour se dire : "Whao on a fait tout ce chemin en 8 ans. Et pourtant, on en a encore sous le pied ! Voyons voir si on peut aller plus loin !".
Et ils l'ont fait, ils sont allés plus loin que jamais avec ce nouvel opus. Nourri des trouvailles du précédent album Strawberry Jam et des excursions solos des divers membres (Panda Bear en tête), Merriweather Post Pavilion est sans aucun doute possible l'album le plus abouti d'Animal Collective mais aussi, par la même occasion, le plus accessible. Sans faillir à son éthique expérimentale, le groupe ressasse ses bonnes vieilles influences pop, les digère, les travaille au corps, pour finalement obtenir la mixture quasi-parfaite. Au final, il reste donc un mélange savant de boucles électroniques, de sonorités naturelles distordues, de chants hallucinés, de cris bestiaux, de rythmiques païennes, le tout porté par un souffle psyché délirant et une complémentarité inouïe entre tous ces ingrédients.
La recette est tellement magique qu'elle ne laissera personne indifférent. Du dernier né au vieux de la vieille, du plus grand des intellectuels jusqu'au dernier des illettrés, tout le monde peut être touché par le son produit par Animal Collective. En effet, celui-ci se trouve en dehors de tous les carcans musicaux actuels et, dans le même temps, au sein de tous. En fait, Merriweather Post Pavilion possède une telle charge émotionnelle, qui puise sa force dans chacune des influences rencontrées, que cet album ne peut qu'emporter l'adhésion de l'auditeur. Les 11 morceaux dont il est composé démontrent que le groupe est un des rares à pouvoir transmettre à celui qui l'écoute la transe qui habite chacun de ses musiciens. Car oui, les membres de Animal Collective ne peuvent qu'être habités d'une transe immense pour jouer une telle musique, un assemblage de sons éparses et d'origines aussi diverses que la nature et la technologie puissent en fournir, et qui au final se révèle d'une cohérence quasi-mathématique.

Une expérience intéressante, qui permet de comprendre l'évolution d'un morceau et donc la façon dont il transporte l'auditeur, est de suivre l'évolution d'une boucle sonore tout au long de la piste. Au début du morceau, prenez n'importe quoi : une rythmique, un bruit de bois, un ploc de goutte d'eau, un chœur, une mélodie électronique, ce que vous voulez. Puis laissez-cela vous bercer sans le perdre de vue (ou d'ouïe plutôt). Et regardez-le évoluer, se transformer, gagner en ampleur ou au contraire se faire toute petit pour finalement exploser, finir broyé sous un rouleau compresseur électronique pour finalement réapparaître plus éclatant que jamais au détour d'un refrain salvateur.
Et là, vous comprendrez qu'à moins de faire preuve de génie, il faudrait sûrement toute une vie à une personne commune pour élaborer ne serait-ce qu'un seul morceau comme "Brother Sport", la conclusion extraordinairement épique du chef-d'œuvre qu'est Merriweather Post Pavilion. Ça tombe bien, il semblerait bien que les musiciens formant Animal Collective soient des génies.

Au final, comment évaluer cet album ? Je vois déjà tout le monde crier : "Bah vas-y, mets-le ton 5/5 si ça te fait plaisir". Bref, oui, je vais mettre 5/5 à ce disque, le premier de la toute jeune histoire de LBC. Mais il faut bien comprendre ce que représente cette note. Ce n'est aucunement l'aboutissement du matraquage hypesque (justifié !) effectué ces derniers mois sur le net et ailleurs par une organisation inconnue que je ne citerai pas. Ce n'est pas non plus le fruit d'une auto-persuasion qui, au final, n'aurait pas été bien utile, vu les arguments que possède cette œuvre pour se défendre toute seule. Ce n'est toujours pas l'influence d'autres sites où sont parues des critiques plus qu'élogieuses.
C'est juste l'impression que cet album des new-yorkais a quelque chose de grand à voir avec l'Histoire, l'idée persistante que le nom d'Animal Collective ne sonnera plus jamais de la même manière.

Bref, trêve de bavardages, le voilà !

Verdict : 5/5


"Brother Sport" [LIVE]


"My Girls"

Myspace

mercredi 7 janvier 2009

M60 - Wild Beasts : "Limbo, Panto"

Rien de sauvage, là-dedans...
Au contraire, cet album propose le raffinement d'un rock'n roll flirtant aussi bien avec l'opéra qu'avec la pop indie.


La musique des Wild Beasts est clairement déroutante. Elle est tout d'abord portée par la voix extraordinaire de ses chanteurs, Hayden Thorpe, dont le registre s'étend du cri le plus bestial au confins les plus aigus des falsettos, et Tom Flemming dont le chant ténor se pose en parfait contrepoint. Cette association géniale se révèle tout au long du disque être une source inépuisable de créativité, permettant au groupe de varier énormément la teinte des différentes chansons.
Toutefois, il est recommandé de ne pas être allergique à des voix possédant une telle personnalité pour écouter les Wild Beasts... On est très loin des timbres fades et sans cachet des groupes rock actuels. Ici, le chanteur, plus qu'un seul débiteur de paroles, prend part aux chansons de la même manière qu'un instrument classique, suit sa partition, change de rythme, de tonalité, d'intensité, comme c'est le cas chez Antony & The Johnsons.

Mais la grande réussite du disque, au delà des qualités vocales intrinsèques des chanteurs, est d'avoir su les mettre en valeur grâce à une instrumentation irréprochable. Piochant aussi bien dans le classicisme le plus académique que dans la pop-rock un brin progressive, guitares et pianos se veulent tout à la fois excentriques et romantiques, aguicheurs et distingués, poétiques et flamboyants.
Les Wild Beasts semblent être des gens très ouverts, open-minded. Ils virevoltent entre les cabarets, les bals musettes, les concerts rock et les salons bourgeois, ne font pas de distinction et piochent chez chacun ce qui pourra contribuer à leur propre édifice musical. De fait, les genres visités sont extrêmement diversifiés et, au final, il est très difficile de discerner quelles influences ont réellement marqué ce Limbo, Panto.

Il est également très compliqué de parler d'un ou deux morceaux ou particuliers : l'œuvre ici-présente est en effet d'une cohérence sans faille et aucune chanson ne sort du lot plus qu'une autre. Je pourrais vous citer "Brace Bulging Buoyant Clairvoyants", "The Devil's Crayon" ou "She Purred While I GRRRD" mais ce serait oublier tous les autres morceaux.
C'est simplement bluffant : Limbo, Panto s'écoute d'une traite et ne subit aucune baisse de régime. Chaque piste est un émerveillement quasi-théâtral, une réussite incontestable et grandiloquente qui ravit les oreilles, pour peu qu'on ne soit pas allergique aux voix d'opéra.
J'espère que ce n'est pas votre cas !

Verdict : 4/5


"The Devil's Crayon"

Myspace

jeudi 1 janvier 2009

M59 - Stuck In The Sound : "Shoegazing Kids"

Wouhou les frenchies de Stuck In The Sound se sont mis au shoegaze ?!
Ah non ? Le titre, c'est juste pour le fun ?
Bon, tant pis... Et sinon, ça donne quoi ?


Stuck In The Sound, c'est un peu le groupe sur lequel on mise tout pour redorer le niveau de la scène française, surtout depuis leur acclamé Nevermind The Living Dead en 2006. Très fortement influencée par le rock anglo-saxon, la musique du quatuor parisien, révélé par ses nombreux concerts, est vraiment très efficace, pas originale pour un peso mais diablement entraînante. Mais alors ce deuxième album, il vaut quoi ?

Eh bien c'est tout simplement une mine d'or ! Shoegazing Kids compte 12 morceaux, tous bons (mais vraiment tous hein !), où se retrouvent des influences prestigieuses (The Cure en tête de file, mais aussi des groupes comme Muse ou les autres français de chez Phoenix et Tahiti 80), le tout soutenu par une production très efficace qui s'adapte à merveille aux changements de style, parvenant aussi bien à mettre en valeur la face rugueuse du rock de Stuck In The Sound que son versant pop ou ses légères expérimentations sonores. Ah oui, le gars qui s'est chargé du mixage, c'est Nick Sansano. Il s'est déjà occupé de petits groupes sympatoches comme Noir Désir, Sonic Youth ou Public Enemy : c'est pas un débutant quoi, pratique quand on sait le rôle que l'équipe de studio peut prendre (le dernier Coldplay en est un exemple flagrant avec Eno à la production).

Mais en fait, c'est quoi le menu ici ? On a d'abord droit à une introduction quasi-instrumentale (on entend juste une drôle de voix suraiguë en fond), "Zapruder", où on retrouve des guitares aiguës et lancinantes alternées avec des riffs plus sombres et distordus. Un bon petit aperçu de ce que nous offre le reste du disque. On enchaîne ensuite sur le single "Ouais" (trop bien le titre !) qui propose un peu le même programme, le chant en plus, avec en prime un riff d'intro rappelant le "Stockholm Syndrome" de Muse et aussi un refrain plein de "owh !", de "wouhou ! wahawh !" et de "ouais !". Bref, vraiment trop bien.
On retrouve après des morceaux sous grosse influence des hymnes pop des Cure, comme "Utah", "Teen Tale", "Beautiful Losers" ou "Dirty Waterfalls". Ces pistes sont vraiment très réussies et parviennent aisément à faire oublier le faible dernier album de Robert Smith et ses collègues. Non seulement Stuck In The Sound parvient à synthétiser ce qui faisait la réussite des morceaux de The Cure (mélodies pop, chant aigu légèrement forcé et maniéré, rythmique entraînante) tout en y ajoutant sa propre touche lors de passages où les guitaristes s'excitent un peu plus sur les pédales de distorsion.

Les petits français nous offrent également quelques morceaux de bravoure sur des chansons plus énervées et rugueuses comme "Shoot Shoot" qui rappelle encore Muse, mais celui des débuts cette fois (période Showbiz), ou encore "Erase" et "Gore Machine", des morceaux également très bien ficelés. Shoegazing Kids se conclue sur "I Love You Dark", une chanson qui démarre calmement avec un chant parlé en sourdine, des accords électriques qui montent en puissance puis qui retombent pour laisser place aux chant. Un morceau pop/rock sous tension qui achève à merveille un album maîtrisé de bout en bout, une démonstration comme en voit trop peu souvent chez les groupes rock français et surtout une preuve du progrès réalisé par Stuck In The Sound en l'espace de deux ans.

Bon, j'ai toujours pas compris ce que venait faire le shoegaze là-dedans, mais franchement, ça m'importe peu désormais : tout ce que je retiens, c'est que 2009 commence bien avec cet album qui est vraiment trop bon. Vivement la tournée en province ! Et prochaine étape pour une discographie parfaite : affirmer un style encore plus propre au groupe dans un troisième album au moins aussi bon.

Verdict : 3,75/5


"Toy Boy", extrait du premier album, Nevermind The Living Dead

Myspace où on peut écouter "Ouais" et "Shoot Shoot"