dimanche 30 novembre 2008

M54 - The Cure : "4:13 Dream"

Alala, si Robert Smith et ses potes avaient pu poursuivre sur la voie du dernier album ...
Oh oui, ça aurait été tellement mieux...


En plus, on pouvait y croire au début ! À l'écoute du morceau d'ouverture "Underneath The Stars", ça semblait plausible. Une chanson très étirée (6min17) où se croisent des influences post-rock, des guitares tantôt grasses, tantôt lumineuses, des carillons et une basse somptueuse. Et le chant bien sûr ! Toujours si maniéré, Robert Smith parvient ici à s'élever au dessus de vagues noisy assez réussies sans pourtant devenir ridicule.

Bon, voilà, là on est heureux malgré la non-gaieté de la chanson parce qu'on a ici les Cure qu'on aime, ceux qui ne versent pas dans l'auto-parodie mièvre. Le problème, c'est que cette deuxième version du groupe, bah elle est de retour juste après avec "The Only One" ! Enfin... pas tout de suite ! En fait, ce sera au milieu du morceau (assez joyeux, un bon single bien qu'un peu ringard), quand la musique se calme et que Robert Smith commence à faire de stupides "wooowooohoo" ou "wuuuwuuuhuu" à la fin de chaque phrase... On a peur pour la suite.
Et on a bien raison : si "The Reasons Why" démarre bien avec une guitare et une basse sympatoches, on commence tout de suite à voir que l'album part en sucette quand la voix de Robert Smith arrive, pleine d'intonations forcées sur chaque mot, accompagnée au refrain de chœurs caverneux un brin moches...
On a même le droit de rigoler sur "Freakshow" ! Rythme soutenu, chant sans personnalité et monotone, guitare omniprésente qui tente des solos toutes les 30 secondes, ça sent la tentative (ratée) de faire un morceau pop bateau et accessible qui se transforme en une soupe assez comique. Les 3 chansons suivantes, "Sirensong", "The Real Snow Shite " The Hungry Ghost", sont des copiés-collés de "The Reasons Why", à peine nuancés au niveau de l'ambiance pour dire que ça varie un peu. Nuls donc.

"Switch" est assez intéressante en revanche ! Le rythme s'accélère, le chant renferme un peu de colère et les guitares sont complètement distordues, frénétiques, tandis que de vagues sons de piano se font entendre. Une piste qui sort un peu du lot, ça fait du bien au milieu de tout ce marasme musical. Mais bon, tout de suite après, c'est la rechute... "The Perfect Boy" est quelconque, sans charisme, malgré un Robert Smith qui en fait des tonnes.
"This. Here And Now. With You" est à peine mieux, les claviers y sont plus présents et évitent la lassitude mais ne relèvent pas forcément le niveau du morceau. Ça reste quand même plus supportable. "Sleep When I'm Dead" joue un peu dans la même catégorie que "Switch" mais demeure sans éclat, la production gommant toute aspérité qui pourrait accrocher l'oreille de l'auditeur las.
"The Scream" sonne un peu musique de film angoissante, commence bien, voire très bien, mais se perd en chemin au milieu des cris de Robert Smith et des salves furieuses de guitares qui nous agressent sans aucune cohérence. Du bruit pour rien.
Le titre du morceau de clôture nous donne le sourire ! Oui, "It's Over" ! 4 minutes finales de rock brut et hermétique, trop bêtement violent pour rester percutant. Dommage, l'avantage c'est que "c'est fini" comme ils disent !

Bref, c'est décevant, les Cure rechutent et ne parviennent pas à réitérer la performance de leur album éponyme de 2004. On a parfois l'impression que le groupe se saborde lui-même, gâchant quelques morceaux réussis en les noyant au milieu de bêtises sirupeuses et de pistes pseudo-moderno-bruitistes. Ce 4:13 Dream relève donc plus du cauchemar pour les fans de la vieille époque qui pensaient que leur groupe fétiche avait retrouvé un quelconque renouveau. Triste.

Verdict : 2,25/5


"The Only One" [LIVE]

Myspace

M53 - Kanye West : "808s & Heartbreak"

La blague !



Bon, alors je découvre là, à l'instant, que Kanye West a sorti un nouvel album. Et, comme j'étais resté assez content du dernier, je me dis : "wahou ! trop cool, je savais pas!" et j'écoute.


Et euh... hum, ben disons que je pensais que cet album pourrait, peut-être, être celui de la maturité (s'il en est)... Mais cet album c'est juste celui où Kanye découvre le...vocodeur ! On applaudit bien fort s'il vous plait.. Eh oui, il lui aura fallu 10 ans pour le découvrir, et puis surtout découvrir le Robot Mode !
C'est simple, Kanye se fait une voix de robot sur tous les morceaux SAUF sur la chanson "RoboCop". Si c'est pas une super blague, ça, quand même ?

Bon soyons sérieux. Le premier morceau de l'album, "Say You Will", est d'un calme qu'on aurait pas imaginé pour ce monsieur. Il y a quand même toujours une batterie derrière avec des bruits bizarres. On dirait qu'il a essayé de s'inspirer de Thom Yorke, c'est risible. Il y a des chœurs gospels robotiques qui font "ooooh oooooh ooooh". Et ce morceau dur 6min28 ! On n'était pas habitué à ça, normalement c'est 3 minutes pas plus, juste ce qu'il faut pour pouvoir caler une pub Conforama et enchainer avec Sefyu. Là, c'est pas pareil, tu comprends ? Là, comme le morceau est lent, ben il dure deux fois plus longtemps. Normal.

Bref, on enchaine avec une autre blague. Cette fois-ci, c'est celle du mec qui essaye de "faire sortir la musique des ses gonds". Kanye West a enregistré son morceau en studio tout bien et tout et puis il a décidé de faire un featuring avec Kid Cudi. Et lui, comme c'est un mec cool (j'en sais rien en fait), il s'est juste enregistré devant son mac en parlant sur Facebook, Skype et cie. Donc on entend la musique assez mal parce que surenregistré par le micro de son mac, avec des bruit de Skype et la voix de Ce gars qui dit deux mots toutes les 10 secondes.
Avouez, elle est bonne celle là, non? On entend même quand Kid Cudi monte le son (tioup tioup).

Ensuite, on a "Heartless". Morceau dans le quel il s'auto-sample : Kanye est un peu une source d'inspiration pour lui même. Le morceau de piano qu'on entend à la fin de chaque phrase vient de "Homecoming", son duo avec Chris Martin. Donc, il reprend un (presque) bon morceau pour en faire un (pas) bon morceau (du tout). Ça sonne un peu ragga mais c'est du cliché déjà trop entendu partout.

Wow deuxième featuring ! Avec Young Jeezy cette fois. On dirait qu'il essaye de "lancer la nouvelle génération"... Sacré Kanye, t'es trop sympa, on en a déjà plein des comme ça !
Eh! j'ai dit "soyons sérieux". Donc, "Amazing", c'est le titre de ce feat avec Young Jezzy. Un titre dans lequel Kanye passe son temps à dire "It's amazing, that's amazing, so amazing" et où l'autre, le jeune, dit "i'm amazing, so amazing".

Dans la suivante, "Love Lockdown" Kanye West est tellement amoureux d'une fille que, quand il crie son amour, le micro sature. C'est ça la force de l'amour vous voyez, bande de français. Je passe.

Ben ouais normal, il y a encore un feat avec Kid Cudi. J'étais trop impatient... C'est marrant, ça sonne un peu disco. Il y a un chœur de mecs pour le refrain, et même une réponse des filles avec des échos, ça fait comédie musicale. Avec des sons qui ont l'air de sortir tout droit de Starfox Adventures sur Nes.

Mince, j'ai parlé trop vite tout à l'heure, en fait il utilise aussi la voix vocodée sur "RoboCop". Le morceau est rythmé par les coups de feu et les crissement de mouvements de robot. Vous savez le "vuuuu" des surélévateurs EDF ? Ben voilà, ce bruit là.

Bon, mes paragraphes se raccourcissent, il faut que je fasse quelque chose. Comme les morceaux sont tous les mêmes (oui parce que Kanye arrive à "garder un univers sonore tout au long de son album", trop fort Kanye !) on a qu'à dire que je fais un paragraphe commun aux 4 morceaux restants.

Bon en fait non, je vais répéter ce que j'ai dit au dessus. Dans ces quatre morceaux il y a un featuring avec Lil Wayne qui ressemble à tous les featuring que Lil Wayne peut faire : des phrases avec des échos.
Et puis en bonus, on a droit à un live à Singapour. C'est une impro tu vois, parce que Kayne c'est un mec trop cool qui fait des impros.


Bref, l'album est objectivement nul quoi.


Verdict : 0,75/5



"Love Lockdown"

Myspace

samedi 29 novembre 2008

F07 - "Les Plages d'Agnès" de Agnès Varda

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Hier j’ai eu la chance, grâce à mon école, de pouvoir assister à l’avant première du nouveau film d’Agnès Varda. Femme de,feu Jacques Demy ("Peau d’Âne", "Les Parapluies de Cherbourg", etc) elle est une des réalisatrices, avec Godard, Demy ou Truffaut de la Nouvelle Vague.
En gros et en rapide : la nouvelle vague c’est trop d’la boule ! :D
En plus sérieux, la nouvelle vague c’est une manière complètement différente (et nouvelle donc) de faire des films qui est apparue dans les années 60. Des scènes tournées sans décor et sans forcément prévenir les figurants, des récits déconstruits souvent à reconstruire, une voix off, des apartés avec le spectateur.


Les Plages d'Agnès est en réalité, un documentaire autobiographique. Mais c’est, pour un docu, très écrit et très scénarisé donc on pourrait presque dire que c’est un film en fait... Bref, c’est un film sur elle-même avec pour fil conducteur (du moins pour les 2/3 du film) les plages sur lesquelles elle a vécu. Ça commence en Belgique et puis très rapidement, on se retrouve à Sète, puis Paris (par la Seine) puis Arles et puis bien d’autre comme Venice, CA ou Noirmoutier.

Le film est très intéressant parce qu’il parle, bon de sa vie forcément, mais parce que c’est elle qui parle. Elle qui raconte ce qui a fait la Nouvelle Vague, ce qui a fait le cinéma qui est le sien mais aussi celui de Demy, de Godard ou encore de Antonioni dont on retrouve des lieux de tournage de "Zabriskie Point" en Californie.
Il est intéressant aussi pour la manière de filmer et de cadrer. Le film commence sur une plage en Belgique où elle et ses assistants installent des miroirs de toutes formes à la verticale sur le sable. On la voit filmer ses assistants, la mer, se filmer elle-même. Cette scène sert en réalité de générique de début. Et ça peut paraître tout con mais plutôt que d’écrire leur nom à l’écran elle les dit et ça les humanise, les rend plus vrais que les autres noms qu’on a vu juste avant.
Intéressant enfin parce qu’elle se questionne sur la difficulté de mettre en scène sa mémoire. Elle se retrouve même à un moment à coté de deux petites filles sensées la jouer elle et une amie (ou sa sœur?).

Ça, c’est pour les deux premiers tiers. Après, pour le dernier tiers, le film devient beaucoup plus personnel et presque, je trouve, trop introspectif. C’est dérangeant de la voir au bord des larmes en parlant de Demy qui est mort du sida, de leur maison, leurs enfants. Et il y a même un passage complètement nian-nian quand, vers la fin, elle nous tourne le dos en regardant vers une fenêtre dans laquelle une image de Demy apparaît... Bref, c’est dommage que ça tombe dans ce registre un brin pathos et pseudo-romantique.


Bon, mis à part cette fin mitigée, le film est très bien ! Bien sûr, il faut que vous vous intéressiez à la vie de Varda un petit peu sinon ça sert à rien...

À savoir aussi que tout le monde n'est pas d'accord, je vous cite un ami : "je peux t'aider en te donnant quelques qualificatifs: nombriliste, égocentrique, quasi sénile, complaisant. Panégyrique immodeste et larmoyant à ce qu'elle fut. Profondément réactionnaire et bêtement nostalgique. Larmoyant (oh mon Jacquot, comme je t'aimais), et puis alors sa présence et sa voix, son humour de prof d'histoire-géo un peu fofolle à la retraite... J'espère que ça pourra t'aider."

Voilà !


Verdict : 3,75/5


Plus d'infos sur ce film

Sortie le 17 décembre

dimanche 23 novembre 2008

M52 - Working For A Nuclear Free City : "Businessmen & Ghosts"

Vous n'aviez pas aimé leur premier album ?
Eux, non plus.



Non, il ne s'agit pas ni d'un groupe écolo anti-uranium, ni d'un Tryo-like venu de la plus-si-perfide-que-ça Albion. En fait, c'est juste un quartet de Manchester pas très content de son premier album éponyme sorti en 2006 et qui a décidé de le revoir de fond en comble. Résultat : Businessmen & Ghosts, un double album de 29 morceaux dont 14 déjà connus mais présents ici dans des versions retravaillées et 15 inédits. En clair, le véritable premier album de Working For A Nuclear Free City (WFANFC pour les intimes).

Après avoir écouté ce très long album (presque 2h !) maintes et maintes fois, j'ai encore du mal à mettre une étiquette sur la musique et à trouver les influences de WFANFC. Folk par-ci, shoegaze par là, electro dans un coin, ambient dans un autre, parfois psyché, tantôt post-rock, voilà ce qu'on pourrait dire de Businessmen & Ghosts si cette vague accumulation de références mises bout à bout avait un sens. En réalité, le groupe mancunien est parvenu à produire une synthèse de tous ces courants musicaux, le fruit d'un long travail d'élaboration et de digestion effectué lors longue tournée outre-Atlantique. Et WFANFC est désormais assez à l'aise avec tous ces genres pour les alterner, les marier, les désosser, les faire entrer en collision, les rassembler, virevolter de l'un à l'autre sans temps mort mais avec fluidité et maîtrise, ce qui rend le travail du pauvre chroniqueur assez difficile quand il doit placer le groupe concerné dans une case musicale.

Mais une question se pose: comment parvenir à conserver une certaine cohérence durant 29 morceaux lorsqu'on explore autant d'horizons ? Posséder sa propre empreinte sonore semble être la solution proposée par WFANFC.
Que ce soit lors d'une écoute d'un bout à l'autre de Businessmen & Ghosts ou bien par grignotage d'un morceau isolé, on retrouve toujours un petit quelque chose qui nous rappelle de quel groupe il s'agit. Souvent, ce sera ce goût pour les mélodies, qu'elles soient planantes ou galopantes, qui nous fera retrouver nos marques. Passées sous les diverses machineries du groupe, elles seront parfois électrisées et brutales ("All American Taste", "So", "Donkey"), souvent distordues à coup de bidouillages électro et d'infrabasses ("Troubled Son", "Dead Fingers Talking", "Innocence", "Get A Fucking Haircut"... + de nombreux petits passages dans chaque morceau), tantôt aériennes et épiques ("Rocket", "Kingdom", "Over", "Asleep At The Wheel", "Je Suis Le Vent"), tantôt apaisées ("Sarah Dreams Of Summer", "Quiet Place", "The Tree"). Mais elles auront toujours cette teinte entre indie-pop, electro expérimentale et rock progressif si addictive, une subtile mixture qui vous permettra tout autant de danser comme un métalleux (c'est-à-dire : secouer violemment la tête de haut en bas), de dodeliner rêveusement de la tête ou bien encore de faire votre pro du air guitare (ou bien batterie ou synthé, au choix).

Bref, je ne vois pas comment appeler ça autrement qu'un grand album. Et qu'importe s'il n'y a pas que du neuf, on ne criera pas au scandale car ici, on a affaire à une œuvre variée et pourtant cohérente (c'est bien le principal objet de l'affaire), maîtrisée et addictive.

Verdict : 4,25/5



"Rocket"

Myspace

mardi 18 novembre 2008

Live Report 03 - I Love Techno 2008

Ce samedi 15 novembre de l'an de grâce 2008, à Gand (au Flanders Expo pour être plus précis), avait lieu la treizième édition du célèbre festival "I Love Techno". Je m'y suis rendu et je me dois de vous donner mes impressions sur cette nuit qui avait tout pour être parfaite.



Cette année encore, les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands et nous proposaient une affiche du feu de dieu : Underworld, Hot Chip, Richie Hawtin, Magda, Dr. Lektroluv, Booka Shade et bien d'autres.

J'arrive à 21h au Flanders Expo de Gand, le temps de rentrer dans l'immense bâtiment... Il était déjà trop tard pour voir les 4 virtuoses de Birdy Nam Nam. Tant pis, je vais me placer idéalement pour Hot Chip ! Un live d'une heure d'une qualité remarquable. "Grandiose", tel est le mot qui conviendrait à merveille pour qualifier leur performance. Bien évidemment, tous les gros titres du groupe anglais y sont passés: "Ready For the Floor", "Over and Over" et "Boy From School".



Après cet excellent live, place aux allemands de Digitalism ! J'attendais beaucoup d'eux étant donné leur fort bon premier album (Idealism pour ceux qui l'ignoraient encore). Je dois cependant avouer que ce fut décevant. Autant ils m'avaient impressionnés au Pukkelpop en 2007, autant je les ai trouvés... insipides. Alors certes, ce n'était pas infect, il y eut de bons passages mais nous étions en droit d'attendre beaucoup plus de la part du duo allemand !

Voici maintenant le moment le plus attendu de la soirée (pour moi du moins): Underworld (en live de surcroît !). Il est minuit et demi, ils entrent en scène. Pas de round d'observation, le début du set est très très techno ("t'as vu on dirait, Dave Clarke" hurle un immonde personnage derrière moi) ... C'est très bien fait, certes mais, comment dire, on se demande où ils veulent en venir. Heureusement, la réponse arrive vite et de la plus belle des manières: tel un don du ciel, les britanniques nous lancent "Beautiful Burnout". Monstrueusement beau, scandaleusement bien ... la machine Underworld est lancée et ne s'arrêtera qu'une heure trente plus tard (à 02h00 pour ceux que ça intéresse). Les anglais nous ont proposés une panoplie de titres plus grandioses les uns que les autres : "Rez", "Cowgirl", "Beautiful Burnout", "Two Months Off", "Crocodile". Pour terminer ce live, sans aucun doute le meilleur de ma vie, nous avons eu droit au classique des classiques: "Born Slippy Nuxx" ! Un pure régal du début à la fin, encore maintenant, j'en ai des frissons tant c'était impressionnant !

Après ce pure moment d'anthologie, place à Richie Hawtin qui, pour l'occasion était venu avec quelques amis de son label M_nus, à savoir Magda, Heartthrob, Gaiser, Troy Pierce et Marc Houle (en gros que du lourd). C'est donc parti pour ... 4 heures de minimale (à vrai dire, je n'en ferai que deux et demie car l'envie de revoir ce bon vieux Dr Lektroluv était trop grande). Nos amis de M_nus étaient bien décidés à marquer de leur empreinte cette treizième édition et on peut dire qu'ils n'y ont pas été avec le dos de la cuillère (si vous me permettez l'expression). Un live que je ne risque pas d'oublier tant il était, qualitativement parlant, au dessus du lot (et pourtant inférieur à Underworld, c'est vous dire). Et dire que certains ont préféré voir Justice en osant les qualifier de surdoués, de génies et voire même de dieux... il n'y a donc vraiment plus de jeunesse !

Pour finir cette soirée/nuit, que demander de plus que Dr Lektroluv ? Pas grand chose, si ce n'est un peu moins de bruit inutile ! En effet, à croire que Stefaan Vandenberghe, de son vrai nom, commence à se faire vieux et ne s'entend plus... Du coup, il se sent obligé de faire du bruit avec son joli téléphone blanc (qu'il a sûrement acheté à une batte à boudin de Flandre orientale). Alors oui le public était fan, alors oui il a mis une certaine ambiance mais non, désolé, Mr Lektroluv mais vous redescendez bien bas dans mon estime. À croire que vous avez passé les deux derniers mois enfermé dans une cave avec, pour seule compagnie, Crookers, Boys Noize et Dave Clarke!


samedi 15 novembre 2008

F06 - "L'échange" de Clint Eastwood

C'est long, dur, triste... et bien !



Pour être franc, heureusement que le nom de Clint Eastwood est bien mentionné sur l'affiche, sinon je ne serais probablement pas allé le voir. Angelina Jolie dans le rôle d'une mère qui court après son fils disparu... on a vu programme plus attirant. Mais je m'en suis remis à ma foi quasi-aveugle dans le talent du vieux Clint (quel manque d'objectivité !) et je suis allé voir ce film, ce fameux Changeling pour reprendre le titre original.
Clint nous conte ici l'histoire vraie (c'est marqué sur l'affiche) d'une mère dont le fils a disparu. Nous sommes à Los Angeles, en 1928, ville corrompue jusqu'à la moelle. Au bout de cinq longs mois, la police lui ramène fièrement un gamin. "Est-ce son fils ?" voilà la question. Bien évidemment, Clint va répondre très rapidement par la négative.
Bon voilà, alors j'avoue, moi quand j'ai lu ça, j'étais comme vous : "Ouais bon, ok, c'est vrai que c'est un sujet choquant, que ça peut être intéressant... Mais bon... Ça va vite m'ennuyer cette histoire, vu que de toute façon, les gentils ont toujours raison à la fin".

Et en fait, malgré un propos tout de même long de plus deux heures, l'ennui n'a jamais pointé le bout de son nez. C'est plutôt celui de l'intérêt et même du respect qui est arrivé. Explication : le maître Clint a fait parler la poudre. Ou plutôt : son immense talent.

Car au delà de la simple narration d'un drame bouleversant, L'échange voit son propos étoffé. À mesure que le scénario avance, que les minutes s'écoulent, que les divers rebondissements et coups de théâtre s'enchaînent, le film de Clint Eastwood, non content de captiver le spectateur, gagne en profondeur, en sens. Il ne s'agit plus seulement de s'intéresser à la tragédie mais également à ses conséquences directes ou non. Car ici, il est également question d'un contexte historique et social : Los Angeles, années 20-30, magouilles, intimidation, corruption, meurtres.
Le portrait d'une mère désespérée, incarnée à merveille (et c'est à souligner !) par une Angelina Jolie transcendée, se transforme progressivement en fresque d'une lutte politique et sociale menée avec hargne par un révérend contestataire joué par John Malkovich, impeccable.
Mais Clint Eastwood ne se laisse pas griser par son propos et tient sa ligne directrice d'une main de maître. Malgré des rebondissements incessants, de nombreux flash-backs et scénarios dans le scénario, le récit est parfaitement dirigé.

Il reste la grande force de L'échange, celle qui lui donne sa capacité à toucher le spectateur, et qui ne se situe pas réellement dans le scénario. En fait, elle provient d'un tout. Un tout formé par l'image et le son. L'image, ou plutôt les images, ce sont celles choisies par le vieux Clint pour nous raconter son histoire. Celles qu'il a travaillé, qu'il a magnifié, qu'il a mis en scène d'une façon certes classique mais toujours somptueuse. Le travail sur la photo est de toute beauté et les émotions des personnages, en particulier celui d'Angelina Jolie, nous sont révélées avec subtilité, filmées sans artifice mais avec talent. La grande classe. Et le son, en plus des musiques assez réussies composées par Clint himself, c'est les dialogues. Parfois poignants, parfois bruts, parfois dérangeants, ils sont surtout écrits à la perfection. Un travail d'orfèvre qui fera le régal des adeptes d'un cinéma classique dont Clint Eastwood semble être un des derniers représentants majeurs.

Le bon vieux Clint nous convainc également avec L'échange que l'éventail de ses nombreux talents est toujours plus impressionnant qu'on pouvait le penser. Toutefois, ne cherchez dans ce nouveau film aucune surprise ou originalité. On y trouve seulement une histoire passionnante, rapportée par un des meilleurs conteurs qui soient, capable de sublimer une base de départ certes foisonnante mais qui paraissait sans saveur.

Verdict : 4,25/5

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