jeudi 29 mai 2008

M17 - Nine Inch Nails: "The Slip"

Inattendu, rythmé, saturé.




Je vous en ai parlé l'autre jour dans l'article sur Radiohead ! Trent Reznor, le leader de Nine Inch Nails, a décidé que cet album serait gratuit pour "remercier les fans de leur soutien continu".


L'intro rappelle Ghost I-IV, précédent CD, (presque) gratuit (il n'y a que les 9 premières pistes, sur 36, qui sont gratuites). Un CD de morceaux d'ambiance, un truc assez expérimental... Bref cette intro y fait beaucoup penser, une espèce de calme avant la tempête. Et quel tempête ! On se prend une rafale dans les cheveux dès l'intro terminée, à coups de batterie et de guitare saturée. Le rythme de la batterie démarre puis, au bout de deux mesures, la guitare bien grasse et bien saturée rentre, puis la voix de Trent Reznor. Et c'est ça pour chaque morceau. Deux morceaux se démarque quand même : "Lights in the Sky", un morceau chanté au piano surprenant de sensibilité. Au début, on y croit pas, on se prépare au souffle de la grosse caisse dans l'écouteur gauche ou aux vibrations acharnées de la guitare saturée dans l'écouteur droit. Mais non, Trent en fait, c'est un homme sensible. Avec le second, juste après celui là, on reprend une dose de Ghost. "Corona Radiata", (tiens, Corona...) est un espèce de bruit ambiant, calme, vibrant, hypnotique et limite schizophrénique de 7 minutes 34 (!).

Un album vraiment bien. Un album dont on sort essoufflé. Un album qui nous divise en deux, nous écarte les yeux (pfiou c'est violent). Un album qui fait tourner la tête (ah mieux) ! Un album qu'on laisse facilement tourner en boucle jusqu'à l'overdose, tout seul chez soi, où on ne peut plus rien entendre et plus supporter le silence non plus. Un album qui fait des bugs dans la tête.
Mais aussi un album rempli de morceaux pas très originaux. Mais des morceaux qui font leur effet quand même !
Bref, un album qu'il faut écouter.


Verdict : 3,75/5



"Only"

Myspace

dimanche 25 mai 2008

F02 - "Un Conte de Noël" de Arnaud Desplechin

Le Retour de la Vengeance du Film Intello Français - Episode VI


Comme d'habitude avec le cinéma français, ça parle d'une famille nombreuse et aisée, avec ses problèmes, ses secrets, ses non-dits. Attention, c'est parti pour le résumé, faites attention à l'effet soporifique.
Tout commence avec Junon et Abel (Catherine Deneuve, très plate, et Jean-Paul Roussillon, émouvant) qui eurent un premier enfant, Joseph, et plus tard une fille, Elizabeth (Anne Consigny, exaspérante). À l'âge de 5 ans, on décela chez Joseph une maladie génétique rare nécessitant une greffe de moelle osseuse. Forcément, il y eut un problème : ni ses parents, ni sa sœur n'étaient compatibles... Du coup, Junon et Abel, futés, décidèrent (rien de plus facile !) de concevoir un bébé-médicament, prénommé Henri (Mathieu Amalric, génial), dans l'espoir qu'il puisse être donneur compatible. Evidemment, il ne le fut pas et Joseph mourut à l'âge de 6 ans, faute de greffe de moelle osseuse. Du coup, Henri, fils inutile, fut totalement rejeté par sa famille, traité en paria, et devint un petit peu fou, une sorte de schizophrène alcoolique et agressif. Et comme s'il n'avait pas assez de problème, la femme qu'il épousa mourut un mois après le mariage dans un accident de voiture. Suite à la faillite frauduleuse de son théâtre, Henri fut poursuivi en justice et sa sœur Elizabeth accepta de payer la dette à sa place à condition qu'il fut banni de la famille, ce qui, bien évidemment, ne contraria personne, sauf l'intéressé. Au milieu de tout ça se balade le dernier fils de la famille, Ivan (Melvil Poupaud, dont l'énorme talent est gâché par son personnage inutile), ex-ado névrosé, aujourd'hui marié à Sylvia (Chiara Mastroianni, sans saveur) et père de deux enfants, le cousin Simon, qui traîne sa dépression dans toute la maison, et Faunia (Emmanuelle Devos), la dernière conquête de Henri, perdue dans cette famille de fous.

"Et maintenant ?" allez-vous dire, "il est où le vrai problème ?". Eh bien il s'avère que Junon (la mère de famille, pour ceux qui n'auraient pas suivi), découvre qu'elle est atteinte de la même maladie qui a tué son fils Joseph. Et, comble du hasard, les seuls donneurs compatibles sont Paul, le fils d'Elizabeth, fraîchement interné en hôpital psychiatrique après une crise mentale, et le fils honni, Henri, bien content de profiter de ce retournement de situation pour reprendre le dessus sur une famille qui n'a jamais voulu de lui. Tout ce beau monde se retrouve donc réuni au complet à la veille de Noël, pour la première fois depuis le bannissement du diable Henri, histoire de se retrouver pour se créer encore plus de problèmes.
Voilà pour la trame principale (juste ça), je ne m'attarderai pas sur les problèmes psychologiques, conjugaux ou d'amour déçu de chaque personnage sinon on va y passer la nuit.

Comme vous l'aurez compris, ce film est long (2h30), raconte plein de choses et revisite tous les lieux communs du cinéma intello franchouillard des 30 dernières années (une grande famille, une histoire tortueuse, des personnages à problèmes, des secrets...). Dans de telles conditions, il était impossible pour Arnaud Desplechin d'éviter des longueurs à son conte de Noël. Elles sont partout : au début, quand il faut planter le décor, au milieu quand il se passe plein de trucs inutiles et à la fin quand cette dernière ne veut justement pas arriver ! Si la réalisation fait parfois preuve d'inventivité, elle traverse aussi fréquemment des passages à vide qui se font lourdement sentir, et il devient alors difficile de retenir quelques bâillements.
Point positif malgré tout : Mathieu Amalric (sur)joue vraiment très bien, mais ça, c'est pas nouveau. Son rôle de salopard cynique, vulgaire et détesté lui va à merveille, il parvient même à le rendre beau et touchant, on se prend d'affection pour lui. Sûrement la seule raison valable d'aller voir ce film. À moins qu'on aime ces films qui se complaisent dans une recherche d'esthétisme suranné, avec des dialogues très (trop !) écrits, une mise en scène très froide, austère, il sera difficile de trouver une autre motivation pour faire le déplacement et payer le prix de la séance.

Il faudrait peut-être qu'un jour, le cinéma français cherche à se renouveler parce que, les films dans ce genre, on en a vu et revu, et on n'aime toujours pas ça !

Verdict : 1,75/5


samedi 24 mai 2008

F01 - "Sans Sarah, rien ne va" de Nick Stoller

Le titre anglais explique beaucoup mieux l'histoire : "Forgetting Sarah Marshall"

Ce film sort en France le 18 juin! Et je me suis écorché en le regardant en screener en anglais et sans sous-titres sur mon ordi pour vous faire une critique en avant première! (wahou c'est un mec cool Daashy! )

Bon, petit résumé, Peter (joué par Jason Segel), compositeur de musique de générique d'émission TV se fait larguer par sa copine Sarah (jouée par Kristen Bell). Complètement détruit par tout ça, il décide de partir en vacances à Hawaï pour oublier. Le problème, c'est qu'il joue dans un film américain et en plus ça vient de commencer!
Bref, il faut bien mettre quelque chose à l'hôtel sinon on va s'ennuyer : il s'aperçoit en arrivant là-bas que Sarah est au même hôtel que lui (quelle surprise!) avec son nouveau copain ! Peter est horrifié à l'idée de passer ses vacances dans cet hôtel. Bon et là, le scénariste s'est dit "ça va pas, c'est pas équilibré comme situation" et paf : la fille de l'accueil (très très jolie), sentant que Peter il va pas bien, lui offre une suite à 6000$ la nuit.

Je vais pas vous raconter la suite quand même! Par contre, je peux vous dire que Jason Segel est un acteur très bon ! Mais vraiment ! D'ailleurs on l'a déjà vu dans une série: How I Met Your Mother. Une série où il joue le meilleur ami du héros (une série que je vous conseille très très vivement). Voilà sinon on retrouve aussi Jonah Hill, le petit bouclé gros qui avais joué dans Superbad (SuperGrave en France). Bref, tout au long du film, le jeu d'acteur est très bon, on rigole vraiment facilement.

Au final, un film au scénario pas très original mais avec un jeu d'acteur plaisant. On ne s'ennuie pas. En salles le 18 juin !

Verdict: 3/5



Ah au fait! Allez le voir en VOST, les voix françaises sont (pour ne pas changer) horribles!

L01 - "La Route" de Cormac McCarthy

Un homme et son fils, anonymes.
Deux humains qui luttent pour leur survie, pour avancer.

Qui luttent contre quoi ? Contre rien.


Rien, c'est ce qui reste du monde, pour une raison qui restera inconnue du début à la fin du roman. On parle seulement de "tempêtes de flammes" et de "grandes lumières dans la nuit". L'apocalypse en quelque sorte. Depuis lors, les cendres sont partout. Au sol, recouvrant petit à petit toute trace du monde antérieur. Dans l'eau, rendue toxique et boueuse. Dans les airs, masquant totalement la lumière du soleil.
La route parcoure par les deux personnages vers le Sud à la recherche de chaleur est généralement brûlée, le macadam ayant fondu, et jonchée de détritus, de voitures et de cadavres desséchés, capturés dans le goudron. Dès qu'on quitte la route, on ne rencontre que des maisons vides, pillées, des forêts d'arbres carbonisés, où ne se trouve comme gibier qu'ossements d'humains et d'animaux.
Du passé, on n'apprendra quasiment rien, hormis quelques retours en arrière dans les souvenirs du père, seule preuves pour son fils, âgé d'une huitaine d'années, de l'existence passée d'un monde vivant. Car le petit garçon n'a connu que ce spectacle de désolation et de mort. Sa vie d'enfant n'a toujours été réduite qu'au plus simples fondements : manger, dormir, marcher, trouver de quoi se nourrir, supporter la faim, traverser des villes fantomatiques, abandonnées depuis des années, se protéger des intempéries et, surtout, des "méchants" comme il les appelle. Les méchants, c'est ce qui reste de l'humanité, des êtres barbares et violents, au centre des scènes les plus époustouflantes du livre. Capables de tout pour survivre : piller, tuer, et même dévorer leurs semblables.
Pourquoi l'homme et l'enfant avancent-ils encore ? Qu'ont-ils donc encore à espérer d'un monde proche de disparaître, alors que l'homme conserve précieusement un antique revolver dans lequel il ne reste que deux cartouches, échappatoires vers une mort finalement plus douce que cette vie ? Ils avancent parce qu'ils ont la foi. Non pas une foi religieuse, car comment pourrait-il encore être possible de croire ? D'ailleurs, l'homme dit : "Il n'y a pas de dieu et nous sommes ses prophètes". Révélateur.
En réalité, cette foi, c'est l'espoir, le feu, la quête aveugle d'une chose inconnue, comme l'explique l'homme à son fils :

"Il faut que tu portes le feu.
Je ne sais pas comment faire.
Si, tu sais.
Il existe pour de vrai ? Le feu ?
Oui, pour de vrai.
Où est-il ? Je ne sais pas où il est.
Si, tu le sais. Il est au fond de toi. Il y a toujours été. Je le vois."

Le père et l'enfant ne savent pas ce qu'ils recherchent mais ils continuent à avancer car ils n'ont que cette unique perspective devant eux.


Cormac McCarthy

La crainte à l'annonce de ce livre était essentiellement concentrée sur son thème. Un monde post-apocalyptique, lieu commun du roman de SF, cela avait de quoi nourrir les craintes d'une histoire sans saveur ni originalité. C'était sans compter sur le talent sans cesse renouvelé de son auteur, Cormac McCarthy.
Après le brillant
Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme (préférez-lui son titre original No Country For Old Men), adapté avec succès au cinéma par les frères Coen, Cormac McCarthy nous offre ici à contempler un style parfaitement adéquat au propos de son roman.
Une écriture dépouillée, réduite aux plus simples constatations et des dialogues minimaux, sans guillemets, de rares exclamations et interrogations. Des phrases simples mais brutes et lourdes de sens, qui en disent bien plus que le laisserait penser une lecture rapide. La narration est sans fioriture et ne s'embarrasse pas d'évènements inutiles, chaque chose ayant un sens.

Cormac McCarthy, au delà de son récit, nous parle de la beauté du monde actuel, regretté constamment par les deux personnages, il nous parle des hommes, de leur bonté mais aussi, et surtout, de leur violence, il nous parle de l'amour, celui d'un père pour son fils.
Le Prix Pulitzer 2007 qui a récompensé
La Route n'est pas volé, il récompense une brillante unicité entre fond et forme, l'écriture est à l'image du monde décrit, épurée, brutale et somptueuse de désolation.

Verdict : 4,5/5

À noter qu'une adaptation cinématographique est en tournage, avec John Hillcoat à la réalisation et Viggo Mortensen dans le rôle du père.

mardi 20 mai 2008

M16 - Reverend And The Makers : "The State Of Things"

Pas de boogie-woogie avant la prière du soir...
N'est-ce pas m'sieur le révérend ?


Reverend And The Makers
, drôle de nom pour un drôle de groupe, créé en 2005. Sept (!) anglais de Sheffield (dont le chanteur, Jon McClure, est le frère du type en couverture du premier album des Arctic Monkeys, autre groupe de Sheffield). Le révérend dans l'histoire justement, c'est Jon McClure et les fabricants (the makers) c'est les 6 autres joyeux drilles. Cependant, rien à voir ici avec un quelconque sermon religieux, au contraire, l'ambiance de l'album est vraiment tout sauf sagement catholique.

Difficile de dire comment sonne cet album puisque s'il commence sur un rythme dance avec le morceau éponyme "The State Of Things", la suite se montre nettement plus difficile à cerner, subtile mélange de rythmes stroboscopiques, de sonorités électro, de rock garage bien crade, de pop, voire de ska ou de reggae. Vous comprendrez donc que The State Of Things est un disque qui n'ennuie pas son auditeur grâce à sa diversité.

Besoin d'un rock de stade avec un refrain que la foule puisse reprendre instantanément ? Vous avez à votre disposition "The Machine", en duo avec Alex Turner, chanteur d'Arctic Monkeys (décidément), "Heavyweight Champion Of The World" et "He Said He Loved Me", singles groovy imparables, le genre de morceaux qui rentrent très facilement dans notre tête pour ne plus en sortir, ou encore "Open Your Window".
Envie d'une musique créative, alliance de synthés vintage, de "lalala-lalalala" à scander, de guitares surchargées d'effets en tout genre ? Dans ce cas, piochez parmi "Bandits" (qui rappelle l'electro-rock acidulé de Enon), "18-30", morceau s'achevant sur un final dans la plus pure tradition noisy, le superbe "Sundown On The Empire" avec un accent reggae prononcé, ou bien le très ska "Miss Brown" dont tout le monde chantera sous sa douche les "haa-ha-ha-haha".
La piste finale, "Armchair Detective", pourrait représenter une synthèse de l'évolution suivie par Reverend And The Makers sur l'album. Comme le premier morceau, ça commence sur un rythme électro hypnotique, les guitares arrivent, grasses et rondes, les déhanchements commencent, on est alors au milieu de l'album, puis petit à petit, les guitares se distordent, la batterie s'emballe, le style change progressivement, c'est la deuxième partie de l'album.
Au passage, je remarque que j'ai oublié de parler de la seule ballade du disque, "Sex With The Ex", un morceau sans originalité mais maîtrisé. Une sorte d'accalmie au milieu de la fièvre ardente qui parcourt le reste de The State Of Things.

Un dernier mot pour parler du chant de Jon McClure, sans lequel la musique de Reverend And The Makers n'auraient clairement pas le même impact. Alternant parlé suave et aguicheur avec des refrains scandés énergiquement et sans ménagement, un peu à l'image d'Alex Turner (encore lui ?!) mais sans ce grain exaspérant dans la voix, c'est souvent lui qui transforme un simple bon morceau en une véritable bombe en apportant la cerise sur le gâteau, la dernière touche sans laquelle rien n'aurait le même parfum.

Le plus bluffant dans l'histoire est que chaque chanson de l'album est un tube potentiel : la qualité des compositions est maintenue à un niveau élevé du début à la fin, une caractéristique d'un grand album.
Evidemment, aucun d'entre eux ne dépassera la renommée d'un cercle d'initié. Faut pas exagérer, si la bonne musique indé commence à se vendre, où va le monde ?

Verdict : 4/5


"Heavyweight Champion Of The World"

Myspace

C02 - Radiohead "Weird Fish/Arpeggi" par Flight 404

Le gagnant du concours de clip organisé par Radiohead.


Un clip plus calme que le dernier Justice. Mais un clip qui va faire parler. Pourquoi? Parce qu'il est trop trop beau déjà. Et parce que c'est un clip de Radiohead qui font déjà beaucoup parler en ce moment, en particulier pour leur manière assez innovante de voir l'industrie du disque et les consommateurs.

Flight 404 (c'est le nom du gars) est un gros malade de ce qu'on appelle le Processing. En gros: des images développées par des logiciels. On a aujourd'hui sous les yeux une merveille. Une espèce de perle lumineuse remplie de billes, lumineuses elles aussi, qui tournent à l'intérieur. Cette perle tombe, chute et même choit (du verbe choir :D) dans l'eau sans s'arrêter. L'intensité de la lumière varie en fonction de la musique et un banc de poissons bizarres tourne autour. Le fond est très sombre, la bille est déjà profonde dans l'eau et la lumière qui sort fait une sorte de halo autour de la bille. D'une simplicité renversante... Et pourtant on ne se lasse pas de le regarder... Enfin moi en tout cas: il tourne en boucle en plein écran sur mon Mac depuis 3h.

Ce clip c'est aussi l'occasion de parler de Radiohead. Radiohead qui se la joue "on révolutionne la distribution de la musique, votre prix sera le nôtre, on a plus besoin de maison de disque" et qui fini par la mettre en vente partout à 17€ (je me suis fait avoir). Au moment-même où Nine Inch Nails met en ligne dans le format que vous voulez son dernier album gratuit (pour de vrai). Radiohead encore qui organise un "concours de remix" en partenariat avec iTunes Store où il faut acheter chaque groupe d'instrument à 1$ sur le site iTunes (soit 5/6$ pour juste participer) et où tout candidat doit renoncer à tous les droits sur sa musique à partir du moment où il participe ET où le gagnant se voit remettre un prix symbolique de, attention, 1$.
Classe Radiohead... Fallait oser.


Bref, regardez ce clip, vraiment il vaut le détour!

Verdict: 4,5/5


Weird Fishes: Arpeggi from flight404 on Vimeo.

Flight404

Radiohead
L'album (vraiment pas mal) de NIN

samedi 17 mai 2008

M15 - MGMT : "Oracular Spectacular"

Les drogues, c'est pas bien.
Mais ça peut aider à faire un album hype.


Qu'ont-ils donc fait pour mériter toute cette agitation autour d'eux ? Venir de New-York ? Oui, c'est de nouveau à la mode (regard insistant vers Vampire Weekend).
Porter des fringues vraiment bizarres (mélange hippie/afro/tribal) ? Peut-être bien, en tout cas, les journalistes de mode les encensent.
Non, en fait, la source de cette effervescence, c'est cet album, Oracular Spectacular et les dix morceaux psychédéliques qui le composent. MGMT y revisite tous les clichés de la musique pop des 40 dernières années, mais avec la pseudo-touche perso en plus pour faire le buzz et recevoir le titre précoce d'album de l'année par la critique (Pitchfork, NME, Inrocks...).

Alors oui, forcément, c'est cool, c'est joyeux, c'est euphorique, comme avec "Time To Pretend", le premier single, un morceau que tout le monde connaît sans savoir comment. On passe des synthés fluos ("Kids") aux guitares acoustiques ("Pieces of What", plagiat jusqu'à la moelle du style Animal Collective) en rencontrant des basses funk ("Electric Feel"), le tout sans aucun complexe. La plupart du temps, c'est jouissif, plein de joie délirante, de bons sentiments, les deux gars de MGMT parvenant sans mal à retranscrire en musique ce qu'ils vivent sous l'emprise de substances hallucinatoires. En effet, que ce soit dans les sonorités ou dans les paroles, la drogue est omniprésente : dans les boucles électroniques (hypnotiques), dans le chant (halluciné), dans l'écho (incessant).

Mais il y a des moments où on arrive à saturation. Overdose en quelque sorte. Je pense en particulier au chant de Andrew VanWyngarden. Celui-ci colle assez bien à la musique, il est très proche de celui d'Animal Collective, mais à l'inverse de ce dernier, au bout d'un moment, on en a marre. Quelque soit la chanson, les tonalités de la voix ne varient que très peu alors forcément, ça devient lassant.
Musicalement, c'est un peu le même problème, même si ce n'est pas la variété des sons qui fait défaut. En fait, c'est le traitement subi par l'album qui s'avère lassant. La production est très axée sur les vrombissements électroniques, les échos, les chœurs, enfin bref, tous ce genre de bruits qui résonnent dans la tête toute la journée pour nous donner la migraine le soir. C'est dommage car cela peut parvenir à nous dégoûter d'un morceau pourtant bon ("Kids").

En définitive, on a droit ici à un album joyeux et frais, mais forcément, la fraîcheur ça ne dure pas, et je ne suis pas sûr que le disque de MGMT supporte les écoutes incessantes et ne finisse pas par sentir le réchauffé. Rendez-vous dans 6 mois pour voir combien seront encore en train d'écouter Oracular Spectacular en boucle sans se plaindre de maux de têtes. L'album de l'année pourrait bien ne durer qu'un été.

Verdict : 3/5


"Time To Pretend"

Myspace

vendredi 16 mai 2008

M14 - Turzi: "A"

Tournis, la nuit à 4h du mat'


Ça fait un moment que je dois le faire, cet article... Aujourd'hui, il arrive ! C'est Turzi et son album "A". Un album à base de boucles courtes, de batteries et de paroles parlées...

A!

Tous les noms des morceaux commencent par la lettre A, d'où le titre de l'album. D'ailleurs, l'intro s'appelle juste "A" (comme ça c'est réglé).
Des boucles donc, beaucoup de boucles, que ça en fait. Mais jamais ça ne devient "aaaaaaaaahhloop partout! Il est con ce Turzi! J'ai mal à la tête!". Bref, jamais ça ne fait mal à la tête. C'est de la trance mais de la trance douce avec des sons longs, étirés. Des sons qui résonnent, on se croirait dans un rêve. Cet effet est sûrement dû aussi au fait que Turzi chante comme quelqu'un qui parle dans son sommeil. Les paroles sont (presque tout le temps) en anglais, pas très articulées, la bouche molle : il dort debout devant son micro.
Et nous, on dort debout devant nos enceintes ! Les rythmes rapides des batteries et des guitares électriques nous font danser (ou au moins bouger la tête). Pendant ce temps, les échos, les sons de piano, les choeurs étirées et la voix de Turzi tournent et retournent et nous endorment.

A?


Ça fait penser un peu à "La Ritournelle" de Sebastien Tellier (qui viens de la même boite de prod. que Turzi d'ailleurs). Ça rappelle aussi un peu "Tristesse Globale" et "Dead To The World" de Royksopp (sur l'album The Understanding) mais en endormi, en plus sourd, plus grave... comme si vous étiez derrière la porte d'une boite de nuit! Quand la porte est ouverte, c'est Royksopp ; quand le videur ferme la porte ,c'est Turzi. :D
Avec Turzi, on a l'impression de déambuler la nuit dans la rue vers 4h du mat' quand tout le monde dort. Vous êtes là, vous marchez, il fait frais mais ça va, vous vous êtes levé parce que le sommeil ne venait pas. Turzi, c'est limite de l'hypnose, il vous parle au creux de l'oreille, vous envoûte, vous fait tourner la tête, vous êtes comme protégé dans une bulle de savon immense, il y a des formes de toutes les couleurs qui ondulent à la surface.

La couverture est géniale, je trouve. Par contre, le clip (juste en dessous) d'Afghanistan (le seul clip) est original mais très moche.


En attendant B et C, la suite de A (les albums sont vraiment prévus) je vous laisse apprécier cet étrange album aux allures de morceau composé sous LSD à écouter dans son ensemble et dans l'ordre, comme une seule piste immense.


Verdict: 4/5



Myspace de Turzi
Records Maker

mardi 13 mai 2008

M13 - Bob Sinclar: "Soundz Of Freedom"

Bob, Dieu et les enfants.



Très cher Bob,

Mais où vas tu chercher toute cette originalité? Qui es-tu réellement? Qui est ta muse? Quelle est ta religion? Tant de questions dont les réponses m'aideraient à faire une bonne critique de ton album...

On te doit, en 1998, la première version de "Gym Tonic" (co-produit par Thomas Bangalter, moitié de Daft Punk) fait à partir de morceaux audio d'une cassette de gym de Jane Fonda, repris ensuite par Eric Priz... Un morceau nul. Mais sûrement le moins pire! Sur ce coup là, t'avais assuré: réussir à bosser avec un demi Daft Punk un ans après leur premier album... À l'époque, tu faisais poser des femmes nues sur tes albums, ça a bien changé. Maintenant tu fais poser des enfants. C'est pour te démarquer de la mouvance "blingbling"? ou juste parce qu'il y a plus que les enfants qui écoutent ta musique?

Bref, j'ai écouté ton album! J'ai été surpris de voir que plus de la moitié des morceaux étaient des remixes de tes anciens morceaux par d'autres artistes. C'est parce que tu es un artiste qui retravaille beaucoup ses morceaux? Ou alors c'étaient des amis à toi, ils avaient besoin d'argent, tu t'es dit : "et si je les aidais"? Ou alors quelqu'un t'a fait comprendre que c'était mort, qu'il valait mieux faire un truc avec d'autre gens, tu pourrais ainsi dire que c'est à cause d'eux? Ou alors t'as plus d'idée.

Je trouve que tes morceaux sont un peu tous les mêmes en fait... C'est toujours les mêmes sons de violons un peu disco, les mêmes rythmes au synthé, et les mêmes paroles avec un mot, une pause, un autre mot, une autre pause. C'est pour avoir des refrains plus long? Pour rentabiliser le peu d'idée qu'il te reste? Surtout que les idées sont pas fabuleuses... entre le "one day (pause) we will be (pause) together" et le "just be yourself, everybody's got to be free". On a l'impression de lire la bible. Du coup, j'attends avec impatience un "Jesus (pause) loves (pause) everybody (pause) who is free (pause) together (with Jesus) Pauuuse"...


Voilà, j'espère que tu entendras ma requête.


À plus!


P.S. : Je sais pas si tu as vu mais j'ai quand même réussi à éviter de dire que ton vrai nom c'est Christophe Le Friant...

Verdict: 1/5


Myspace

lundi 12 mai 2008

M12 - Madonna : "Hard Candy"

La Madone vieillit mal... À 50 ans, elle ne parvient même plus à faire la moindre chanson toute seule.
Du coup, elle rentre dans la course à celle qui aura la plus belle liste de producteurs et de featurings, en concurrence directe avec les Britney, Rihanna, Mariah et Nelly.


Bonne recette commerciale : faire une sélection de tout ce qui cartonne actuellement sur les étals radiophoniques grand public, faire mixer l'ensemble par une ribambelle de cuistots renommés, et enrober le tout dans une belle cire rose appétissante estampillée Hard Candy pour faire passer la pilule. Voilà comment mamie Madonna, vêtue de sa combi de cuir, parvient encore à nous refiler ses bonbons acidulés. Mais ces confiseries ont-elles encore le goût des anciens tubes de la Madone alors que leur préparation a été quasi-entièrement prise en charge par d'autres personnes ?

La réponse est clairement non. En appelant à ses côtés Pharell Williams (7 morceaux sur 12), Justin Timberlake (5 morceaux), Timbaland (3 morceaux) et Danja (1 morceau), Madonna courait le risque de se voir effacée par la présence constante d'artistes bien plus talentueux qu'elle. C'est bien ce qui est arrivé, et pour preuve, l'exemple du single "4 minutes" qui ne lui laisse que quelques gimmicks ridicules à répéter (dire rapidement "Tic Toc", quel talent !) au milieu du flow rouleau-compresseur du duo Timberlake/Timbaland.

Mais la présence imposante de ses invités se fait surtout sentir musicalement : beats bien lourds, synthés omniprésents, cuivres et vocoders, toute la panoplie hip-hop, R'n'B, dance, electro y est.
Souvent en manque d'inspirations, les maestros repêchent dans leurs productions précédentes (qui a dit Nelly Furtado ?) les ingrédients qui avaient marché et les réinjectent à l'identique dans ce Hard Candy. Le problème, c'est que le goût n'est plus le même, la faute à un mariage des genres parfois écœurant (les morceaux "Give It 2 Me", "Incredible", absolument vomitifs).
C'est bien dommage parce qu'il est possible de déceler de (rares) bonnes choses dans cet album. Oh, rien d'original bien sûr, mais quelques assemblages efficaces de beats et de synthés par-ci ("Beat Goes On"), quelques variations astucieuses du chant par-là ("Candy Shop").

À n'en pas douter, cet album fera un tabac grâce aux bombes commerciales qu'ils contient. La Madone peut donc remercier ses invités aux doigts de fée qui tiennent la baraque à eux-seuls la plupart du temps. En partant, ils ont quand même oublié d'effacer quelques fautes de goûts : les titres de chansons en langage texto pour faire branché, c'est parfaitement ridicule. Et aussi, ils auraient pu mettre à la poubelle "Spanish Lesson", chanson qui rappelle les pires moments de l'époque "Isla Bonita" de Madonna. Et tant qu'on y est, changer la pochette, racoleuse à souhait et assez comique au final. Mais ça, c'est pas leur boulot.

Verdict : 1,5/5


"4 Minutes" feat. Justin Timberlake & Timbaland

Myspace de Madonna
Myspace de Pharell Williams
Myspace de Justin Timberlake
Myspace de Timbaland

dimanche 11 mai 2008

M11 - M.I.A. : "Kala"

Je danse sur du M.I.A.
Pas de pacotilles.



Chemise ouverte, chaîne en or qui brille? Oui c'est plutôt ça. Pour l'avoir vue en première partie de Björk aux Arènes de Nîmes, je peux vous dire que ça bouge autant sur le CD que sur scène. Et elle avait des chaines en or qui brillent. La pochette correspond tout à fait au style musical de M.I.A. : déstructuré, fragmenté, un peu kitsch, plein de sons qu'on a pas l'habitude d'entendre. Un cri de poule (ou de dindon..) par exemple. :D Dingue, non?


Ce CD est un mélange parfaitement dosé de sons d'un peu partout dans le monde. Et pour cause, M.I.A a vécu successivement en Angleterre, au Sri Lanka, en Inde puis de nouveau en Angleterre où elle a obtenu une place à la Saint Martin School (une des meilleures écoles d'arts du Royaume-Uni). Ça bouge de la première à la dernière piste et pourtant il y a très peu de basses. Juste des rythmes efficaces et super dansants. En fait, on dirait de la musique traditionnelle indienne mais retouchée à la boite à rythme avec des mélodies disco (Jimmy), hip-hop (Come Around), dancehall (Hussel) ou même electro (20dollards). Un album qui repose beaucoup sur les boucles et qui n'en devient pas pour autant répétitif.

C'est Switch, un producteur/DJ anglais parmi les plus recherchés du moment, qui a produit quasiment tout l'album... Depuis il a aussi produit Santogold, et, tiens, le prochain album de Tricky (le pote de Massive Attack et Portishead) pour rigoler. Et comme si M.I.A. ne se sentait pas encore assez bien entourée, une des pistes a été produite par Timbaland. Pas besoin de vous rappeler qui c'est? Juste vous dire qu'il a produit presque tout le dernier album de Björk.
"Encore des producteurs!" Bon, d'accord le dernier c'est Diplo (qui a produit le dernier Cat Power, Santogold et Bondo do Rolé).


Bref, une artiste comme elle, produite par les "plus grands", pas de suspense, ça ne pouvait que marcher. Dommage qu'elle ne l'ait pas fait toute seule.


Verdict: 3,75/5




Myspace qui pique les yeux

jeudi 8 mai 2008

M10 - Surrounded : "The Nautilus Years"

Une bande d'esthètes suédois sortis de nulle part.
Un son unique qui fait la force et la faiblesse de ce disque.


Voilà un album sur lequel je ne misais vraiment rien et qui m'a agréablement surpris. Tout d'abord grâce à un "son" très particulier, très travaillé et qui s'avère être la marque de fabrique de Surrounded. Mélancolique, rêveur, répétitif et vibrant, voilà quelques adjectifs qui suffiraient à le décrire.

La force de cet album tient dans le fait que tous les morceaux sont traités de la même manière, possèdent tous ce même "son", sont chargés d'émotions très similaires. Cela donne naissance à une sorte d'album-concept, très uniforme dans ses effets, dans les sensations qu'il procure. Les guitares sont inlassablement distordues, l'écho est continuellement présent, le chant ne cesse de demeurer "radiophoné" (ce mot existe-t-il ?).
Après, chacun trouvera cela à son goût ou non.

Toutefois, il est évident que certains morceaux s'avèrent plus efficaces que d'autres.
On pourra par exemple élever aux plus hauts rangs de la musique pop/rock des morceaux comme "Safe Tomorrow Sun", avec ses sublimes arpèges de guitare électrique, ou le lent, long et magnifique "Human Pelagic" (10min 21 au compteur!).
En revanche, il aurait peut-être été profitable à The Nautilus Years de se voir privé de 1 ou 2 chansons, à l'image de "The Oceanographer" ou "Swimming to Galapagos", qui témoignent des limites d'une utilisation exagérée d'effets qui, s'ils sont utilisés avec justesse, peuvent magnifier des morceaux comme "Bolder Acrobat" ou "Easy Piranhas". Ainsi, Surrounded aurait pu maintenir un niveau de qualité constant sur l'ensemble du disque.

En conclusion, si l'écoute de cet album pourra paraître très soporifique à certains, car trop uniforme et répétitif, la musique de Surrounded ravira les amateurs de compositions raffinées et travaillées dans les moindres détails.

Verdict : 3,75/5



"Safe Tomorrow Sun"

Myspace

mardi 6 mai 2008

M09 - Estelle : "Shine"

Alors Estelle, ton album, il est aussi bien que ton duo avec Kanye?




Vous avez forcément déjà entendu ce morceau, vous savez, celui où au début vous vous dites "tiens cette voix c'est Just Jack" ! Ensuite vous vous dites "tiens cette fille qui chante avec cet accent british c'est au moins Kate Nash ! Ils ont fait un duo? wahou !"
NON! L'accent british, c'est Estelle et le faux Just Jack, c'est Kanye West! Un morceau bien agréable pour nos tympans et surprenant de la part de Kanye...


Première piste, "Wait a minute", sons de batteries et de trompettes jazzys années 60, grésillements de 33tours vite rattrapés par des basses bien hip-hop 21ème siècle. Estelle nous fait vite comprendre quelles sont ses influences. Puis vient la deuxième piste...(Wahou en même temps je regarde MCM et je découvre le clip de "Delirious" de David Guetta, pfff c'est tellement nul, tellement pas original du tout, tellement déjà entendu, tellement Carrefour... voire Auchan! Peut-être une critique pour plus tard).
Bon ,donc j'en étais à la deuxième piste. Ce morceau déçoit, après une intro si originale on arrive là à un morceau déjà entendu sur tous les disques de R'n'B. Heureusement le troisième morceau arrive vite et c'est ce morceau dont je parlais plus tôt, celui avec un faux Just Jack et une fausse Kate Nash. Des gentilles guitares saturées, une basse et une batterie pour rythmer les voix. Un morceau super si vous ne l'avez pas encore trop entendu à la radio...

Ensuite, que des morceaux comme le deuxième : pas originaux du tout. On remarquera quand même un duo avec Kardinal Offishal ("l'ambassadeur du hip-hop canadien" d'après un article Wikipedia US). Un mélange de reggae de hip-hop et de R'n'B qui (toujours d'après wikipédia) est le son "unique" de Kardinal Offishal... quoi qu'il en soit ce duo est bien.
Un autre duo est à remarquer: celui avec Cee-Lo. Rappel : Cee-Lo forme avec Danger Mouse (producteur du "Demon Days" de Gorillaz) le duo Gnarls Barkley. Je vous laisse imaginer du R'n'B sauce british avec des "wouhouuu" et une voix nasillarde comme on en entend sur "The Odd Couple" (dernier album de Gnarls Barkley) comme sur "St Elsewhere".

Bref, un album un peu décevant par rapport à ce à quoi on pouvait s'attendre après American Boy...

Verdict: 2,25/5



Myspace

samedi 3 mai 2008

M08 - Portishead : "Third"

Le troisième album des maîtres du trip-hop, un disque qu'on attend depuis 10 ans.
Au final, un changement d'orientation parfaitement maîtrisé, une fresque des peurs et souffrances de notre monde.


Third commence par quelques mots en brésiliens, et sans en connaître le sens, on comprend qu'il s'agit d'une sorte d'avertissement : ne pas avoir d'idée préconçue sur cet album avant d'en être arrivé au bout car il regorge de surprises. Si vous vous attendiez à un album dans la tranquille continuité des deux précédents, c'est loupé. Fini le trip-hop !
Portishead a profité de ces longues années de réflexion pour revoir totalement les fondements de sa musique, effacer tout ce qui leur collait trop à la peau et avait fait leur succès (le mythique "Glory Box") pour créer un nouveau style. Celui-ci, très sombre, est fait de sonorités très industrielles, oppressantes, de rythmiques syncopées, de mélodies électroniques saturées et de la voix déchirante de Beth Gibbons.

L'entrée en matière est implacable. Le premier morceau, "Silence", met l'auditeur sous tension. Des percussions épileptiques, des sons urbains déformés et une guitare distordue accompagnent le questionnement incessant d'un chant fragile ("Did you know what I lost ? Did you know what I wanted ?"). Cet album ne sera définitivement pas de tout repos.
Des morceaux comme "Hunter", "The Rip" ou "Magic Doors" respirent l'angoisse et nous la communiquent sans peine grâce à une musique très minimaliste qui volent par moment en éclats sous l'assaut de boucles électroniques oppressantes ou bien la charge d'une guitare électrique totalement distordue, dont l'écho hante le morceau jusqu'à son terme.
Plus actuelles que jamais, les chansons nommées "We Carry On" et "Small" nous assaillent de sons industriels très effrayants. Alarmes, sonars, sirènes, déflagrations, vrombissements, percussions métalliques, tout est là pour nous plonger dans l'enfer du monde moderne, celui qui détruit tout sur son passage, la nature, les hommes, nos âmes. On ne sort pas indemne de l'écoute de ces morceaux qui font ressortir en nous les pires craintes au sujet de notre société, de notre avenir.

On croit voir arriver la repentance avec le court et léger morceau "Deep Water", au cours duquel le chant de Beth Gibbons est uniquement accompagné d'un ukulélé joyeux. Mais quand on dépasse 1 minute 39 secondes, le bonheur prend fin et c'est l'explosion. La batterie électronique furieuse de "Machine Gun" nous prend totalement à contrepied, on est à la limite du lavage de cerveau, la sensation de douleur psychique est immense et pourtant cela est particulièrement jouissif. Les percussions incessantes constituent pendant 4 minutes l'unique fond sonore derrière une voix déchirante avant l'arrivée de synthés apocalyptiques. La fin du monde n'est pas loin...

...Elle est même très proche ! La piste finale, "Threads", est incroyablement lugubre, voire malsaine, la musique, le chant, tout est déstructuré, le monde s'écroule. Le morceau s'achève après une plainte morbide insoutenable ("I am one. Damned. One. Where do I go ?") sur l'écho d'un vrombissement sournois. Le voyage aux enfers s'achève, notre esprit martyrisé pourrait savourer le repos mais tout ce qu'il redemande, c'est d'y retourner car, avant tout, cet album est d'une beauté infinie. Se faisant le témoin d'une époque sans repère et sans avenir que le groupe a su observer pendant de longues années, Portishead dresse ici un tableau absolument magnifique de par sa noirceur et une expressivité inégalée.

L'approche des morceaux est très cinématographique. En effet, le groupe mise beaucoup sur l'ambiance dégagée par ses compositions. C'est d'ailleurs le seul point commun flagrant que l'on pourrait trouver entre Third et leurs précédents albums : on est très proche d'une B.O. de film. Sauf qu'ici, le film n'en est pas un, il s'agit de la réalité, sous ses plus sombres aspects certes, mais plus que jamais véridique.

Verdict : 4,625/5


Myspace

jeudi 1 mai 2008

C01 - Justice : "Stress" - Romain Gavras

Justice, c'est hype?
Non! Les réalisateurs de clips c'est hype!




Pour le premier article sur un clip il a fallu que je choisisse entre Romain Gavras et le dernier Jonas&François (pour The Flairs). C'est Romain Gavras de chez Kourtrajmé qui a gagné! C'est son clip qui m'a le plus marqué l'esprit...


Le clip

Des jeunes sont filmés en train d'être le plus violent possible. Le clip commence par une main, la nôtre, qui nettoie l'objectif. Puis on commence à suivre ces mecs, dans une banlieue d'abord puis dans le métro, dans Paris, pour finir sur un parking. Pendant ce temps, des coups, de la provoc', des cris, un vol de voiture, une course sur le périph'. Bref, violence, violence et violence. Ça devient oppressant, à tel point qu'à un moment on se demande quand ça finit. Etouffant.

Le sens

Ce clip rappelle beaucoup celui qu'il avait fait pour Signatune de DJ Mehdi; en cela que encore une fois, Romain Gavras s'intéresse à une minorité en mal de reconnaissance. Bon c'est sûr, cette minorité est plus violente pour se faire entendre et remarquer. À la limite, comparé a la violence de ces jeunes dans le clip, le tuning c'est un peu comme collectionner des papillons!
Ce dernier qui, vu la fin du clip, ne filme que ces mecs et pas ce pourquoi ils s'énervent. Le truc, c'est que c'est nous qui tenons la caméra, c'est nous les cons.

Au final, un clip superbe, qui ne se contente pas de mettre des images qui collent à la musique.
Un clip qui fait réfléchir quoi.
Ça nous change de Matt Pokora!


Modif' du 11 mai 2008:

AAAAAH j'ai fouillé un peu sur internet et j'ai appris qu'en fait Justice sort avec Surface To Air (l'agence qui a fait le clip de "We Are Your Friend") une "collection" de vêtements: comprenez deux vestes et deux pantalons (Xavier de Rosnay et Gaspard Augé ont fait le design d'une veste et d'un pantalon chacun). La collection sortira en juin. Et donc là, par hasard pouf comme ça, il y a ce clip qui arrive et qui crée la polémique partout sur son passage... Dingue non? Bon faut pas oublier que les deux Justice ont fait une école de communication visuelle (l'ECV à Paris si vous voulez tout savoir). Bref c'est pas surprenant, sortant de cette école, qu'ils arrivent si bien à faire parler d'eux! C'est décevant par contre...
Verdict: 0,5/5


Myspace
Kourtrajmé