jeudi 25 décembre 2008

M58 - Passion Pit: "Chunk Of Change"

Des blup blup de synthés et une note métallique.




Passion Pit, c'est 5 geeks venu directement du Massachusetts ! Ils font du "Big Beat/Soul/Pop". C'est leur myspace qui le dit! Et ils ont signé chez French Kiss, le label qui s'est occupé de The Dodos (dont on vous a fait la critique) et de Cut Off Your Hands. Un label que je suis en train de fouiller du coup pour vous trouver des nouvelles perles comme eux.


"I've got your number", premier morceau de Chunk Of Change, commence par des blup blup de synthés et une note métallique qui ne vas plus s'arrêter de monter et descendre tout le long du morceau. Pendant ce temps, un xylophone électrique accompagne les cinq voix (aiguës) du refrain. C'est justement pendant les refrains que ça ressemble à Architecture in Helsinki, quand ils chantent la batterie, je cite: "tikitikitikitiki" juste avant un "wooh" commun.

Le deuxième morceau, "Smile Upon Me", pourrait rappeler du Air France en plus rapide. Des voix soufflées, des claquements de doigt, des blup blup et des sifflets brésiliens. Ça part dans tous les sens. C'est comme une descente de "rapide" en canoë : on va vite, on prend plein d'eau sur le visage, on pagaie on pagaie pour aller plus vite, ça saute, on plane l'espace d'une seconde et puis on retombe dans l'eau. Et puis le torrent se calme.

C'est normal, c'est "Cuddle Fuddle" qui commence. Là, tout de suite, c'est plus doux. Le rythme est presque funky. C'est une musique de dimanche matin d'hiver. Ce dimanche où la couette est plus douce que d'habitude, plus chaude aussi. Et notre première préoccupation de la journée est : "quel jour on est? je peux dormir?". C'est ce dimanche là ! On plane (encore, mais pas pareil), on a les muscles engourdis par tant de sommeil.

On enchaine avec "Live to Tell the Tale", un morceau que j'ai du mal à décrire. C'est moins bien que les autres, il manque quelque chose. C'est un peu plat ! Je crois que le mot convient.

La musique s'arrête, une voix en anglais, et puis arrive une voix/synthé qui saute, redémarre, coupe. Elle est accompagnée de claps. C'est parti pour "Sleepyhead" ! Des basses pour le rythme, une voix vocodée dans les aigus toute fragmentée toute répétée. Et puis la voix se forme pour le refrain, accompagné de bruits de clochettes du père Noël. Le meilleur morceau du CD.

Une voix sur un magnéto tout pourri. "That was our 5th song and i hope you enjoyed it. Now this will be the best song we've ever made" Un ouwahaouwahawou métallique au synthé et tous les instrus commencent ensemble: batterie, guitare, synthés et puis voix pendant deux, trois phrases puis calme avec juste la batterie et hop c'est reparti ! Youpi ! On danse intérieurement, c'est super bien ! C'est le dernier morceau du CD: "Better Things".


Voilà, Passion Pit nous en fout plein la vue et nous donne envie d'un vrai album bien rempli de plus d'une demi heure.


Verdict: 4/5


"Sleepyhead"

Myspace

mercredi 17 décembre 2008

ALBUMS 2008 : LE TOP DES BLOGS


15 blogs, un classement de 20 albums par blog, 195 disques cités, quelques débats, et un article unique posté par tout le monde le même jour à la même heure... Nous sommes fiers de vous présenter le top des blogs 2008 soit le classement des meilleurs albums de 2008 vu par 15 blogs musicaux francophones.

L'idée était, non seulement, de confronter les points de vue de bloggers tous spécialisés dans la musique via des approches bien différentes (chroniques de disque, actualité, photos, interviews ou encore billets d'humeurs), mais aussi de réaliser un projet fédérateur afin de mettre en avant les interactions qui existent de plus en plus entre nous. Il en résulte une sélection de 15 disques. Certains sont une surprise, d’autres étaient plus qu’attendus, mais tous ont mérité leur place ici.

C'est la première fois que nous nous lançons dans une telle démarche. Comme tout classement, le nôtre est probablement imparfait et relève d'un consensus entre personnalités ayant des goûts très différents, mais comme les articles que nous postons chaque jour, il a été réalisé avec passion et honnêteté, sans jamais se prendre trop au sérieux. De par les différents bloggers qui l'ont composé, nous espérons qu'il aura du sens à vos yeux et qu'il vous permettra de refaire quelques découvertes. En espérant pouvoir remettre ça en 2009.




- ALBUMS 2008 : LE TOP DES BLOGS -


01) PORTISHEAD - Third

02) ALAIN BASHUNG - Bleu Pétrole

03) TV ON THE RADIO - Dear Science

04) MGMT - Oracular Spectacular

05) SIGUR ROS - Með suð í eyrum við spilum endalaust

06) SHEARWATER - Rook

07) PONI HOAX - Images of Sigrid

08) BLACK MOUNTAIN - In the Future

09) DEPARTMENT OF EAGLES - In Ear Park

10) THE LAST SHADOW PUPPETS - The Age of Understatement

11) SANTOGOLD - Santogold

12) FOALS - Antidotes

13) THE MARS VOLTA - The Bedlam In Goliath

14) MAN MAN - Rabbit Habits

15) THE WALKMEN - You & Me



Au final, on est assez content de ce classement collectif. On s'y reconnait en grande partie même s'il y a certains CDs qu'on n'aurait absolument pas vu dedans. Bref, pas plus à dire, on vous propose juste en bonus le classement fourni par LBC des 20 meilleurs disques de l'année (notre top 20 rien qu'à nous). Nous vous invitons également à consulter les classements de chacun des blogs ayant participé : pour cela, il suffit de cliquer sur les liens en début d'article.

- Les 20 albums de 2008 retenus par Let's Be Critical -

1) BLOC PARTY - Intimacy

2) PORTISHEAD - Third

3) LATE OF THE PIER - Fantasy Black Channel

4) CUT COPY - In Ghost Colours

5) HOT CHIP - Made In The Dark

6) MONKEY - Journey To The West

7) FOALS - Antidotes

8) LIGHTSPEED CHAMPION - Falling Of The Lavender Bridge

9) MIDNIGHT JUGGERNAUTS - Dystopia

10) CAMILLE - Music Hole

11) SIGUR ROS - Með suð í eyrum við spilum endalaust

12) COLDPLAY - Viva La Vida Or Death And All His Friends

13) ELBOW - The Seldom Seen Kid

14) NINE INCH NAILS - The Slip

15) UNKLE - End Titles... Stories For Film

16) MYSTERY JETS - Twenty One

17) BRITISH SEA POWER - Do You Like Rock Music ?

18) ESBJÖRN SVENSSON TRIO - Leucocyte

19) DAVID BYRNE & BRIAN ENO - Everything That Happens Will Happen Today

20) THESE NEW PURITANS - Beat Pyramid

dimanche 14 décembre 2008

F08 - "Burn After Reading" de Joel et Ethan Coen

C'est pas bien de se moquer des idiots...
Mais quand même, qu'est-ce que ça peut être drôle !



Avant d'aller le voir, je m'attendais à la critique facile : "ouai bon, c'est un navet mais c'est marqué Joel et Ethan Coen sur l'affiche, du coup c'est bien". Bon, vous vous en doutez, ce n'est pas si simple.
Petite mise en situation : on a affaire ici à un scénario assez bidon dans le fond mais qui reste quand même difficile à résumer. Pour faire simple, un consultant de la CIA (John Malkovich), fraîchement licencié, voit ses mémoires (contenant des infos confidentielles, de pseudo-secrets d'État) tomber entre les mains de deux pauvres idiots (Brad Pitt et Frances McDormand) travaillant dans un club de gym, tout de même assez finauds pour y trouver un intérêt évident. Et tout ça, eh bien ça crée plein d'embrouilles, de quiproquos, avec au milieu de tout ça d'autres personnages complètement débiles qui se baladent (George Clooney, Tilda Swinton, Richard Jenkins...).
Bref, c'est un bazar pas possible, du coup je ne vais pas aller plus loin au sujet de l'histoire qui, au fond, n'est pas l'intérêt premier de Burn After Reading. La théorie selon laquelle ce film serait une critique de la stupidité de certains américains, en particulier un certain président, me fait doucement rire : pour moi, c'est juste une grosse farce où les frères Coen se moquent d'une bande de crétins en les cuisinant aux petits oignons.

En fait, Burn After Reading ne se situe absolument pas dans la lignée des géniaux No Country For Old Men ou The Barber mais plutôt dans celles des moyens Ladykillers ou Intolérable Cruauté et du sympathique O'Brother. Mais ici, ça va encore plus loin dans le délire de réalisateurs et d'acteurs, on a même parfois l'impression qu'il s'agit juste d'un gros délire, une sorte de méga private joke à gros budget. Certains aimeront, d'autres resteront hermétiques à un humour parfois dénué de finesse.
Mais voilà, l'absence de scénario crédible (qui d'ailleurs va se saborder tout seul au deux tiers du film) nuit un peu au récit, qui frôle parfois le gros creux ennuyeux, lequel est évité de justesse grâce aux performances des acteurs. Eh oui, le voilà l'intérêt réel du film. Si en plus d'adorer les rôles d'idiots déjà incarné par George Clooney et Frances McDormand auparavant (déjà avec les frères Coen), vous rêviez de voir Brad Pitt en débile fini, fanatique de vélo, assoiffé de soda et dansant comme un abruti avec son iPod vissé sur les oreilles, dans ce qui semble presque être le rôle de vie (!) alors foncez voir ce film. Leurs interprétations sont tout simplement ahurissantes, tout comme celles de John Malkovich, névrosé, et Tilda Swinton, rêche comme du papier abrasif, tous les deux géniaux en couple incompatible.

En clair, à partir du moment où on arrive à faire abstraction du fond (inexistant), qu'on s'intéresse à la mise en forme (impeccable, j'ai oublié d'en parler), au jeu des acteurs (à fond dans leurs délires) et qu'on accroche aux gags complètement stupides, on est prêt à passer un bon moment avec Burn After Reading. Et encore... je ne vous ai pas parlé du brushing de Brad Pitt, ni de la scène dans la voiture du personnage de John Malkovich !

Verdict : 3,25/5

Plus d'infos sur ce film

samedi 13 décembre 2008

M57 - Amadou & Mariam : "Welcome to Mali"

« Putain, je kiffe sa mère "Sabali" ! »






Bon, je sais, on a du retard pour la critique de Welcome to Mali, le nouvel album de Amadou & Mariam. Mais c’était difficile de se faire un avis tranché dessus. Inutile de vous rappeler que cet album, cette fois-ci, est produit, entre autres, par Damon Albarn : ancien Blur, présent et futur Gorillaz, ancien The Good, The Bad & The Queen. Bref, un mec bien quoi.


Je propose qu’on commence par les mauvais cotés.
Les paroles en français sont bien sympas mais ça fait un peu chanson d’enfant : «la dictature, ce n’est pas bon !». Wahou merci Amadou & Mariam pour vos conseils. Encore un autre ? «Choisissez bien vos amis, choisissez bien vos copines pour le bien et pour le pire». Trop cool, non ? Bon, vous avez compris, les paroles sont nulles. C’est le gros problème de l’album. Heureusement, on ne comprend pas tous le malien !
Heureusement parce qu’il n’y a que 4 morceaux sur 15 qui sont en français, le reste est en malien ou en anglais. Enfin, on va pouvoir passer outre les paroles et n’écouter que la musique !

On commence d’ailleurs par apprécier le 1er single de l’album qui avait été diffusé sur le net, "Sabali" ! C’était assez incroyable quand il est sorti, on ne reconnaissait plus du tout Amadou & Mariam et on pouvait penser de loin à Damon Albarn. Les voix passées au vocoder valent vraiment le coup (pas comme celles de Kanye), tout autant que les boucles au synthé qui font tourner le cerveau. Bref, c’était un « morceau parfait pour lancer le buzz ».

Et puis il y a eu "Magosa", un morceau qui tout de suite rappelle les albums précédents. Une sorte de flûte pour lancer le morceau, des percussions toutes simples mais toutes efficaces. Et puis la guitare électrique et tout de suite après d’autres cordes et la voix de Mariam. Tout ça en 18 secondes ! De quoi bien commencer le morceau. On ne se lasse pas du rythme même s’il dure toute la chanson.

Un album très différent donc de ce qu’on a pu entendre auparavant. Ça part dans tous les sens, dans tous les styles mais avec la pâte Amadou & Mariam. "Djama", le morceau suivant, commence avec les grésillements d’un vinyle. Et puis la voix d'Amadou qui vient y mettre fin pour un rythme très reggae. Juste après, "Djuru" part dans quelque chose de presque indien. "Je Te Kiffe" reste dans le style Amadou & Mariam, époque Dimanche à Bamako...

Le plus chiant avec ce style, c’est que les paroles sont merdiques mais ce sont toujours ces chansons que tu te surprends à chanter, et toujours celles que tu montres à tes potes pour qu’ils voient « comme les paroles sont trop nulles » alors que c’est juste une raison de l’écouter encore et encore. Ça marche pour "Je Te Kiffe" mais aussi pour "Ce N'est Pas Bon".

Au final, ça s’écoute très bien, d’un bout à l’autre pour les morceaux en anglais et maliens. Pour apprécier ceux en français, il faudra plusieurs écoutes. Peut être que c’est un peu trop tout le temps la même chose (même si c’est bien).
On regrette du coup qu’il n’y ait pas d’autres morceaux dans la même veine que "Sabali".



Verdict : 3,75/5

"Ce n'est pas bon" [LIVE]

Un mix par DJ Mo des morceaux de l'album

Site Web

mercredi 10 décembre 2008

M56 - Coldplay : "Prospekt's March"

Deux disques de Coldplay en un an :
1- hyperactivité de composition ?
2- objectif commercial non atteint avec un seul disque ?
3- démarche artistique ?


Les doutes sont permis à la vue de la tracklist : huit morceaux, deux remixes (qui n'en sont pas en fait), une version longue de "Life In Technicolor", l'intro de Viva La Vida Or Death And All His Friends, et un instrumental de 48 secondes... Tout ça pour seulement quatre réelles chansons inédites. Qui a dit que Coldplay prenait ses fans pour des vaches à lait ? Ah non, laissez tomber, c'est juste le fan de U2 au fond de la salle.

Personnellement, après avoir été enchanté par Viva La Vida..., j'avais pris l'annonce de cet EP comme une bonne nouvelle. Puis j'ai un peu pâli à la vue de cette fameuse playlist. Et finalement j'ai écouté ce Prospekt's March.
"Life In Technicolor II" tout d'abord. Les mêmes guitares qui jouent la même mélodie que pour la version d'origine, un peu moins de synthés, et... du chant ! J'avais un peu peur que cette tentative de rallonger la sauce tombe à l'eau et finalement c'est plutôt réussi. Chris Martin cale son chant à merveille sur la mélodie, sort même le vocoder le temps d'une phrase (!) et il faut avouer que ça en jette bien plus qu'on ne l'aurait imaginé.
On enchaîne ensuite sur "Postcards From Italy", 48 secondes de piano, un petit intermède qui fonctionne bien mais n'apporte au final pas grand chose. En fait un véritable morceau n'aurait pas été une mauvaise idée.

Arrive après "Glass Of Water", un morceau déjà joué lors de la tournée de cet été. Ici, les influences sont plus proches de l'époque de X&Y avec des mélodies simples (voire simplistes) et un refrain à grosses guitares encore moins finaudes. Bref, on a l'impression que Coldplay fait marche arrière et c'est pas forcément une super nouvelle étant donné que X&Y reste quand même leur album le plus faible. Heureusement, une minute finale apaisée au piano avec chœurs d'enfants vient redonner bon espoir.
La piste suivante, "Rainy Day", est pour moi LA réussite de cet EP. Une intro très Talking Heads donne tout de suite le ton : l'influence de Brian Eno va se faire énormément sentir. Le jeu de guitare est très travaillé, tout comme la rythmique, et l'ensemble pourrait presque paraître être un hommage à la bande de David Byrne (qui, pour rappel, a vu ses meilleurs albums être produits par Eno). Quant aux violons du refrain, ils n'en font pas trop. Bref, ce morceau est très bon et vaudrait presque l'achat de ce Prospekt's March à lui tout seul.

Une autre cause d'achat pourrait également être le morceau semi-éponyme, "Prospekt's March/Poppyfields". Ici, le piano, les arpèges de guitares, le chant de Chris Martin et les arrangements de Eno forment un ensemble qui fait merveille et rappelle les bijoux qu'étaient Parachutes et A Rush Of Blood To The Head.
Je passe sur le remix de "Lost!" par Jay-Z, un remix qui n'en ai pas un puisqu'il s'est tout juste contenté de greffer son flow immonde et barbare le temps d'un couplet. La mayonnaise ne prend pas, le morceau est gâché. "Lovers In Japan" version Osaka Sun Mix ne change pas vraiment de l'original, on sent juste une légère mise en avant des guitares et des basses lors du refrain. C'est loin de laisser un souvenir impérissable.
Enfin, cet EP s'achève avec "Now My Feet Won't Touch The Ground", une ballade où Chris Martin est accompagné seulement d'une guitare sèche et de cuivres sur la fin. Ça rappelle The National, en un peu moins bien forcément, mais la tentative est louable.

Finalement, que penser de ce disque ? Se résume-t-il seulement à un pur objet commercial, un appât pour ferrer tous ces fans prêts à dépenser leur argent pour n'importe quel CD, tant qu'il est signé Coldplay ? Bref, est-ce une arnaque ? Clairement pas. La moitié des morceaux valent le détour et plairont sans souci à celui qui a aimé le dernier album. À mon avis, cet EP est la conclusion de la période artistique basée sur leur collaboration avec Brian Eno. Certaines chansons auraient très bien pu figurer sur Viva La Vida Or Death And All His Friends, et j'imagine que si ce n'est pas le cas, c'est parce qu'elles n'étaient pas achevées à l'époque. Ce Prospekt's March ne fait donc que rendre justice à ces titres. Il n'empêche qu'il n'y avait aucune obligation de faire du remplissage à coup de pseudo-remixes et morceaux sans intérêt.

Verdict : 3/5

"Lovers In Japan"

Myspace

samedi 6 décembre 2008

M55 - Snow Patrol : "A Hundred Million Suns"

Quel gâchis...


Bon, voilà, vous le savez forcément, c'est eux qui ont commis le trop-beau-pour-être-vrai "Run", cet immense single qui les a propulsé au sommet de la scène pop/rock un poil indie. C'était il y a déjà plus de 4 ans... Après ça, Snow Patrol a joué en première partie de U2 lors de leur Vertigo Tour, puis a sorti en 2006 le très réussi Eyes Open, un album abouti qu'on espérait pas vraiment de la part d'un groupe qui n'avait jusque là pas forcément montré grand chose.

Et maintenant, voilà A Hundred Million Suns qui vient rappeler cette bande irlando-écossaise à notre bon souvenir. Ouais mais voilà, le problème c'est que justement, j'aurais bien aimé en garder un bon souvenir moi ! Mais maintenant que j'ai écouté ce disque, ça va être compliqué...

La malice de Snow Patrol, c'est d'avoir placé deux très bons morceaux en ouverture : "If There's A Rocket Tie Me To It" et "Crack The Shutters" sont des hymnes pop/rock bien troussés, où des rythmiques martiales croisent des guitares aériennes U2-esques et des claviers utilisés avec justesse et parcimonie, le tout baignant dans un son très soigné. On accroche sans problème, du travail bien fait.

Par contre, après, ça se gâte. Comprenez par là que Snow Patrol enchaîne son album avec des morceaux très inégaux, alternant le moyen/plutôt pas mal avec le totalement nul/à jeter. Dommage pour des morceaux comme le sympathique "Lifeboats" ou les apaisés "Set Down Your Glass" et "The Planets Bend Between Us" car ils voient leurs quelques bons aspects complètement occultés par le poison qu'est la soupe radiophonique des autres chansons.
Alors que les effets de rythmiques de "The Golden Floor" tombent complètement à plat car trop monotones, "Please Just Take These Photos From My Hands" et "Disaster Button", de leur côté, versent dans le rock FM bas de gamme... Du remplissage bête et méchant auquel on ne s'attendait pas après un Eyes Open qui tirait sa force de compositions efficaces et intelligentes. Ce n'est pas vraiment le cas ici avec ces horreurs qui trouveront peut-être preneur chez NRJ ou Virgin Radio.
Il y a quand même la chanson "Engines" qui relève un peu le niveau au milieu de cette série de morceaux, grâce à des sonorités électroniques distordues bienvenues.

Par ailleurs, A Hundred Million Suns s'achève sur une longue épopée d'un quart d'heure, "The Lightning Strike", où Snow Patrol se décide enfin à prendre des risques. Bah oui, fallait bien avouer que jusque là, c'est pas l'originalité qui allait les étouffer. Même les meilleurs morceaux restaient quand même très consensuels et il était temps de montrer autre chose.
C'est donc pour la fin que le groupe donne le meilleur de lui-même, une fresque décomplexée où se retrouvent à peu près toutes les influences possibles de l'indie/pop. Et le meilleur dans tout ça, c'est que ça fonctionne !

Cet album me rend un peu triste pour Snow Patrol parce qu'on sent que le groupe aurait pu en faire quelque chose de bien, surtout à l'écoute du morceau final. Mais à force de vouloir plaire à un public de plus en plus large, il a perdu sa cohérence et a fini par gâcher ses qualités en préférant les autoroutes commerciales aux sentiers alternatifs. Certains morceaux auraient mérité un meilleur sort et n'auraient peut-être pas dû être associés sur un même disque à tant de nullité.
Si Snow Patrol s'était limité à une huitaine de morceaux pour ce A Hundred Million Suns, on ne leur en aurait pas voulu. Au contraire, ce disque n'aurait été que meilleur.

Verdict : 2,5/5


"Crack The Shutters"

Myspace