mercredi 25 juin 2008

M28 - Headman : "Catch Me"

Voici le troisième album du suisse Robi Insinna, alias Headman. Après écoute, une question se pose : pourquoi aller chercher de l'autre côté de l'Atlantique ce qu'on a déjà (en mieux !) sur notre vieux continent ?


En effet, tout le monde s'arrache LCD Soundsystem et son electro/rock/punk/funk mais personne ne pense à regarder vers chez nous ce qu'il se fait. C'est bien dommage car Headman, aidé par des participations vocales variées, propose un album d'electro vraiment abouti, certes dans un style qui lui est propre, mais avec ces mêmes penchants pour la fougue du rock, la puissance du big beat, la fraîcheur de la pop et la fièvre du funk.

Catch Me navigue à la frontière de plusieurs genres et demeure un album agréablement varié, commençant tout d'abord par une bombe house/disco/pop, "Catch Me If You Can", en duo avec Tara (la chanson que cherchait peut-être à faire Madonna sur son dernier album). Des accents disco que l'on retrouvera également sur "Two Sisters", chanson sur laquelle Tara (encore elle) n'en finit jamais de clamer son gimmick sur une musique kitsch à souhait, pour notre plus grand plaisir.
Plus tard, on s'approchera plutôt d'un rock frondeur, mâtiné bien sûr d'electro, plein de montées en puissance explosives, comme sur "Running Into Time" ou "Brave". Là , Headman fait parler la poudre avec des beats surpuissants et des passages rappelant les meilleurs moments des Chemical Brothers. Sur "Dreampieces", on est hypnotisé par un riff répété en boucle et le chant masculin très post-punk.

Quand le suisse derrière ses platines décide de s'abstenir du chant d'un(e) de ses ami(e)s, on a droit à de superbes instrumentaux, tantôt dans un format rock au plaisir immédiat ("New" et sa basse venue d'ailleurs, les synthés de "Super", le groove de "Come On"), tantôt plus longs et progressifs, par exemple "Hostage", qui culmine à 7min 43, qui laisse tout son temps à la rythmique de s'installer avant de litteralement imploser sous la puissance de feu du beat imposé par Headman, les lignes de basses se distordant et les mélodies étant submergées par un tel arsenal électronique. Dans la même veine, "Song 8" fait belle figure (6min 47) et se permet même d'être l'un des meilleurs morceaux de l'album, certes pas le plus accessible à cause de ses aspects très robotiques mais un exemple parfait de ce dont est capable Headman pour faire de l'ombre aux productions US.

Catch Me s'achève sur une reprise en version longue de l'interlude qui ponctuait le milieu de l'album. Des synthés s'ajoutent au morceau initial, à l'instar d'un beat toujours aussi impressionnant, la piste ralentit ensuite lentement et met fin à un album vraiment très abouti, une démonstration de force qui, on l'espère, fera parler d'elle. Ce disque possède en effet tous les arguments pour plaire : l'accessibilité et l'immédiateté de la pop et du rock, la puissance d'une electro survitaminée et boostée par un beat qui prend fréquemment le devant de la scène, l'énergie fiévreuse des meilleurs sets de dancefloor et surtout la cohérence d'un grand album, ceux qui marquent un certain aboutissement dans une carrière. Néanmoins, on pourra peut-être reprocher à Headman une certaine froideur dans ses compositions, un certain manque d'humanité qui pourra rebuter, surtout lorsque qu'aucun chant ne vient s'ajouter à l'instrumentation électronique. Cet aspect de Catch Me peut évidemment déplaire mais il serait dommage de ne pas prêter attention à cet album pour cette unique raison.

Verdict : 3,75/5





"Moisture", extrait du précédent album On

Myspace

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