mardi 23 juin 2009

M79 - Phoenix : "Wolfgang Amadeus Phoenix"

Difficile de faire plus pompeux comme titre d'album.
Mais vu comme on a attendu le retour de nos frenchies, on leur pardonne !


Le buzz était monté lentement mais sûrement autour du quatrième album des Versaillais en ce début d'année 2009. Cela a commencé avec la mise en ligne gratuite du fulgurant single "1901" sur lequel on découvrait une attirance toujours plus prononcée de Phoenix pour les sonorités électroniques. On apprenait simultanément que l'album était produit par Philippe Zdar (moitié du duo electro Cassius) et, là, on n'en pouvait déjà plus de saliver d'avance devant la bombe que nos petits français allaient nous sortir à coup sûr.
Et puis le coup du siècle : début avril, Phoenix devient le premier groupe français à être invité au Saturday Night Live (une émission très regardée de la chaîne américaine NBC). Ils y jouent deux titres live : l'inédit "Lisztomania" et "1901" donc. Les vidéos font le tour du net et partout on s'enthousiasme à nouveau pour notre bande de français.

Finalement, l'album sort fin mai et, tuons tout de suite le pseudo-suspense, c'est une réussite. Plus maîtrisé que l'incroyable United, plus inspiré que l'efficace It's Never Been Like That, ce nouvel opus des frenchies est bien le bijou attendu, composé de 10 titres (9 et demi en fait) qui sonneraient tous comme le chef d'œuvre d'une carrière pour n'importe quel groupe lambda.

Placés en ouverture, "Lisztomania" et "1901" sont des tubes en puissance, des titres capables de rester en mémoire pendant des années. Tout y est parfait, tout y sonne juste : la batterie frénétique, les guitares sautillantes, les basses ronflantes, les synthés lumineux et le chant particulier de Thomas Mars, à la fois juvénile et désabusé, tout est en symbiose et s'imbrique à merveille. Il en va de même pour le titre suivant, "Fences", plus mélancolique et simple sans être simpliste, qui est une véritable pépite pop.
Phoenix s'aventure ensuite dans un long titre, divisé en deux pistes : "Love Like A Sunset". L'expérience est quasiment inédite pour les français qui ne nous avaient pas habitués à ces sonorités épiques, ce long crescendo de rock progressif qui se termine sur l'arrivée au chant de Thomas Mars pour une conclusion enchanteresque.
L'enchaînement avec les titre suivants ne nous permet pas de nous en remettre car Phoenix nous assène avec "Lasso" et "Rome" deux titres somptueux : le premier est certainement le meilleur hymne pop/rock de l'année et le deuxième, à la fois frénétique et langoureux, nous démontre combien les versaillais ont muri. Si "Countdown" se démarque moins, cette chanson demeure une nouvelle démonstration de leur talent de composition, les membres de Phoenix maniant à merveille les envols et atterissages soniques à répétition. "Girlfriend" libère quant à elle plus de place aux claviers et aux rythmiques compressées caractéristiques du groupe.
Finalement, "Armistice", qui est probablement le titre le moins optimiste, vient mettre un point final à Wolfgang Amadeus Phoenix. On remarquera une intervention du clavecin de toute beauté au milieu du morceau. Une réussite de plus pour les frenchies, à tel point qu'on ne les compte plus.

Voilà des années qu'on clame leur talent, qu'on espère qu'ils recevront la même consécration en France qu'aux USA. Ce dernier opus de très haute volée pourrait donc bien leur assurer ce succès mérité. Wolfgang Amadeus Phoenix a en tout cas la trempe des albums qui marquent non seulement une carrière mais également les oreilles d'une génération.

Verdict : 4,5/5


"Lisztomania"

Myspace

dimanche 21 juin 2009

M78 - Passion Pit : "Manners"

Ça y est, la presse a son nouveau MGMT ! Ils sont jeunes et (peut-être) beaux, new-yorkais, en tout cas un peu geeks mais surtout très hype : voici Passion Pit !



Vous vous souvenez peut-être, on vous en avez parlé (en bien) lors de la sortie de leur EP Chunk Of Change ! Aujourd'hui, cela fait quelques semaines que leur album est sorti et qu'il déchaîne les passions. Porté aux nues par une bonne partie de la presse plus ou moins spécialisée (Inrocks, Libé, Technikart, L'Express, 20 Minutes, Pitchfork...), les Passion Pit ont également déçu une bonne partie de la blogosphère que les titres "Sleepyhead" et "Better Things" avaient pourtant mise en émoi.
D'ailleurs, une chose est claire : "Sleepyhead" est le seul titre non inédit de Manners mais également le meilleur. Le nouveau single "The Reeling" a bien essayé de faire mieux mais il donne un peu trop mal à la tête sur la fin pour susciter un même enthousiasme. Dommage, il partait bien avec ses nappes de synthé saccadées.

Manners est un album qui laisse une impression paradoxale. S'il ne contient quasiment aucun titre franchement raté (peut-être "Make Light" qui est sûrement le pire morceau introductif qu'il puisse y avoir... quel choix étrange), il ne dégage pas non plus une impression de franche réussite. La faute probablement a un manque évident de variété dans les mélodies et le choix des sonorités; mais également à un chant criard et suraigu parfois à la limite du supportable. Difficile d'écouter intégralement Manners plus de deux fois de suite, on finit avec une belle migraine et de mauvais mélanges de mélodies synthétiques qui résonnent dans les oreilles pendant toute la journée.

En revanche, placés au milieu d'une playlist de iPod, les titres de Passion Pit gagnent en efficacité. Ainsi, des titres comme "Folds In Your Hands", "Little Secrets" ou "To Kingdom Come" dégagent une bonne humeur immédiate tout à fait agréable. De son côté, "Sleepyhead" reste indémodable et ne lasse décidément pas.
En fait, les membres de Passion Pit n'ont pas conçu Manners comme un ensemble cohérent mais plutôt comme une succession de singles potentiels. Peut-être n'ont-ils même pas pris la peine de tous les écouter à la suite. Cela semble plausible, tant la répétitivité des mélodies saute aux yeux (ou plutôt aux oreilles). On se dit que c'est vraiment dommage car on sent un réel potentiel dans ces chansons qui donnent le sourire au détour de quelques notes de synthé carillonnantes ("Let Your Love Grow Tall") ou d'un refrain facile mais pourtant si jouissif ("Eyes As Candles").

On sent de la sincérité dans la démarche des Passion Pit mais ces derniers possèdent toutefois une marge de progrès non négligeable. Et pour y parvenir, il faudra déjà apprendre à chanter sans respirer de l'hélium avant et se trouver autre chose qu'un bon vieux synthé Korg pour jouer. Mais surtout, il faudra varier les mélodies, les arrangements et ne pas concevoir chaque titre indépendamment de l'album qu'il contribue à former. En attendant un deuxième disque nourri de ces progrès, vous pouvez toujours laisser trainer quelques morceaux de Manners dans votre iPod : à petite dose, ça ne peut vous faire que du bien !

Verdict : 3/5


"The Reeling" (et un clip à l'image du titre : sympathique mais surchargé d'effets)

Myspace