vendredi 18 juillet 2008

M31 - The Twilight Sad : "Fourteen Autumns & Fifteen Winters"

Cet album est sorti à l'automne dernier. Choix judicieux puisque cette saison un brin tristounette sied à merveille à la musique du groupe.
Nous sommes désormais en été mais il n'est jamais trop tard pour parler des grands albums, et tant pis si on devra attendre le retour des premières feuilles jaunes pour l'apprécier pleinement.



The Twilight Sad nous vient tout droit de Glasgow. Ah, l'Écosse : la lande, la brume, la pluie. Contrée peu attirante et pourtant le groupe semble assumer avec fierté ses origines. Preuve en est de cet album qui est un véritable aller simple pour une visite des Highlands, que ce soit dans la musique, à la fois mélancolique et flamboyante, ou dans le chant de James Graham. En effet, sa voix possède un accent écossais assez déroutant à la première écoute mais qui, si on prend le temps de l'apprécier, se révèle véritablement sublime.

La force de ce Fourteen Autumns & Fifteen Winters réside dans sa puissance émotive, sa capacité à propager une ambiance unique, travaillée par le groupe dans ses moindres détails. The Twilight Sad base sa musique un brin expérimentale, sous influence post-rock, sur une utilisation quasi-incessante du larsen, créant de véritables murs de sons à l'aide de l'unique guitare électrique du groupe ("Talking With Fireworks/Here, It Never Snowed" est un exemple frappant de la puissance du son de The Twilight Sad). Mais cela n'empêche pas les écossais d'utiliser de belles mélodies, toujours empreintes d'une certaine tristesse et mâtinées d'influences folk plus que bienvenues ("Cold Days From The Birdhouse", morceau qui n'est pas placé innocemment en ouverture, tant il représente la meilleur introduction possible à la musique du groupe).

N'allez toutefois pas imaginer que cet album soit réservé aux personnes dépressives ! Certes, que ce soit au niveau des paroles, qui traitent avec justesse et poésie du thème pourtant risqué de l'adolescence, ou des ambiances sonores (l'écho incessant, quasi maladif, d'une guitare sur-saturée, quelques apparitions d'un accordéon désabusé...), Fourteen Autumns & Fifteen Winters possède une fureur rock, une rage du désespoir, qu'on avait plus vue depuis bien des années : il faudrait même remonter jusqu'à la grande époque de U2 pour retrouver des morceaux aussi sensibles et nerveux que "That Summer, At Home I Had Become The Invisible Boy", démonstration de force (autant verbale que musicale) impeccable de nos quatre écossais.

À l'instar du célèbre groupe irlandais, The Twilight Sad prend comme base une partie instrumentale possédant une forte identité, qui parvient à varier les ambiances tout en gardant une homogénéité sur la longueur de l'album. À cela vient s'ajouter un chant venu d'ailleurs, ici ce n'est pas celui de Bono, mais celui de James Graham. Sa superbe voix est un des principaux vecteurs de l'émotion qui émane de l'album. Parfois rageur ("Mapped By What Surrounded Them"), souvent mélancolique, toujours sincère, le chanteur semble procéder à une catharsis, exprimant un mal-être qui semble provenir de l'adolescence dans des paroles qui paraissent être à fort caractère autobiographique. L'accent écossais, d'une manière quasi-irréelle, ne fait que renforcer les tonalités tristes empruntées sur chacune des chansons.

Fourteen Autumns & Fifteen Winters, du fait de sa quasi-perfection constante tout au long des morceaux qui le composent, souffre du même défaut que tous les grands albums : il est trop court ! Neuf morceaux, c'est bien peu, mais on se consolera en se disant que les groupes capables comme The Twilight Sad d'aligner neuf chansons d'un tel niveau sont bien rares.

Verdict : 4,75/5


"Mapped By What Surrounded Them" [LIVE]


"And She Would Darken The Memory" [LIVE]

Myspace

Note : Pour ceux qui en veulent toujours plus, le groupe vient de sortir un EP de six titres, Here It Never Snowed. Afterwards It Did, dont quatre morceaux sont des versions revisitées de chansons de l'album ici chroniqué, mais dans un registre bien plus éthéré et acoustique. Après avoir écouté en boucle Fourteen Autumns & Fifteen Winters, on sera choqué par la disparition des murs de sons caractéristiques du groupe, mais au fur et à mesure des écoutes, ces nouvelles versions révèlent une nouvelle facette de The Twilight Sad, qui se montre tout aussi talentueux quand il s'agit de transmettre des émotions avec douceur et calme. Quant aux deux morceaux restant, il y en a un inédit (celui qui donne son titre au disque, et sublime au passage) et une reprise. Cet EP est donc un parfait complément à leur album, une sorte de face cachée. Décidément, avec The Twilight Sad, on a droit à un groupe vraiment doué dont on attend avec impatience un deuxième album de haute volée.

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