mercredi 29 avril 2009

M74 - Junior Boys : "Begone Dull Care"

Plus sensuelle et humaine que jamais, la pop synthétique des Juniors Boys nous revient pour un troisième opus de toute beauté.


Begone Dull Care est un hommage au court-métrage éponyme signé par Norman McLaren et on peut voir sur la pochette le titre français du film, ainsi que la traduction plutôt étrange du nom du groupe et des titres de chaque morceau. Voilà pour la petite histoire, passons maintenant à l'album en lui-même.

Plus courte qu'à l'accoutumée (seulement 8 morceaux), cette nouvelle livraison des Junior Boys apporte toujours son lot de pop synthétique, empreinte d'une new-wave tantôt sombre, tantôt aérienne, et garnie de beats obsédants et de mélodies insidieuses qui ne vous lâchent plus.
Le titre introductif, "Parallel Lines", en est la parfaite illustration : au commencement, le morceau n'a l'air de rien mais, au fur et à mesure que les minutes s'écoulent, le duo canadien égrainent des sonorités électroniques qui finissent par former un ensemble cohérent. Et quand, finalement, tout s'imbrique parfaitement (chant soufflé et faussement lointain y compris), on est sous le charme. Il n'y avait pas meilleur manière pour lancer ce Begone Dull Care : "Parallel Lines" prend son temps pour monter en puissance, nous familiariser au "son" Junior Boys, et ça fonctionne.
L'enchaînement avec "Work" est d'ailleurs extrêmement réussi. Un nouveau beat sombre vient poser une trame électronique entêtante sur un rythme légèrement plus soutenu tandis que des sonorités plus lumineuses font leur apparition. Cette ambiance technoïde reçoit alors la visite du chant doux-amer de Jeremy Greenspan dont les "Work it, baby, work it" sonnent comme un leitmotiv. Quand la piste s'achève, deux morceaux de 6 minutes 30 viennent de passer comme des éclairs (de génie). L'air de rien, les Junior Boys nous ont remis dans le bain de leur electro pleine de finesse aux délicieux accents 80's.

"Bits & Pieces" vient ensuite répandre sur quatre petites minutes un petit vent de fraîcheur assez réjouissant : on nous sert ici une pop rythmée et entraînante où des saxophones font la rencontre avec des synthétiseurs tout droit sortis d'une borne d'arcade période Space Invaders. Un délice.
Nouveau pas vers des cieux éclaircis avec "Dull To Pause" qui évoque un morceau des Vampire Weekend avec ses claviers enfantins et sa mélodie ensoleillée. Jeremy Greenspan en profite d'ailleurs pour élever la voix un peu plus tandis que son compère aux manettes, Matt Didemus, lance petit à petit de plus en plus de boucles électroniques avant d'y mettre fin sous le poids d'une rythmique lourde. Le voyage s'achève sur des samples tout droit tirés d'un spot publicitaire pour le tourisme aux Antilles qui confirment le dépaysement voulu pour ce morceau plein d'optimisme. Vient ensuite le single "Hazel", très dansant et groovy, une petite bombe de pure pop électronique, empreinte de romantisme et d'esprit new wave. Les deux Junior Boys confirment leur savoir-faire dans le domaine et déploient un arsenal de claviers discoïdes, de basses rondelettes et de rythmiques sèches au service d'un chant romantique qui fait mouche.
Le coup de grâce vient avec "Sneak A Picture" et "The Animator". Après 5 titres somptueux, la barre est mise encore plus haut sur ces deux démonstrations où tous les meilleurs aspects du son des canadiens se retrouvent. Difficile d'en dire plus, le rythme est lent et songeur sur "Sneak A Picture", plus soutenu et dansant sur "The Animator", les sonorités acoustiques et électroniques s'enchaînent et se mêlent avec une grâce et une fluidité inouïe alors que la voix mélancolique de Greenspan apparait plus que jamais comme la cerise sur le gâteau. Du grand art qui laisse pantois. Les Junior Boys maîtrisent leur son à merveille et chaque piste profite d'arrangements minutieux et d'une production pleine d'élégance.
Enfin, "What It's For" apporte une conclusion toute en légèreté en opposition avec les ambiances obscures des premières pistes. Toujours aussi addictives, les boucles et mélodies électroniques nous transportent une dernière fois vers des horizons de toute beauté qu'on ne quitte qu'à regret quand Begone Dull Care prend fin.

Après deux albums maîtrisés de bout en bout, on n'attendait plus grand chose du duo formé par Jeremy Greenspan et Matt Didemus et pourtant ils parviennent encore à nous surprendre. Abandonnant pas à pas les ambiances sombres dans lesquels ils se complaisaient (et nous aussi), ils teintent désormais leur musique d'un optimisme et d'une luminosité nouvelle. Begone Dull Care fait partie de ces délices dont le goût est long à venir en bouche et qui ne révèle toutes ses saveurs qu'à force d'écoutes. Sa richesse musicale et son élégance raffinée possèdent un charme rare qui en fait d'ores et déjà un des grands albums pop de 2009, aux côtés du Merriweather Post Pavilion d'Animal Collective.

Verdict : 4,5/5


"Hazel" (désolé, pas de vidéo disponible)

Myspace

2 commentaires:

Benjamin F a dit…

Bon les mecs, j'ai bien réfléchi, j'ai bien écouté et j'en suis arrivé à la conclusion suivante : Junior Boys c'est très surfait ;) J'ai mis quasiment la même note que vous... sauf que moi c'est sur dix. Lol.

http://www.playlistsociety.fr/2009/05/junior-boys-begone-dull-care-410.html

New Moon a dit…

surfait ou pas, on a envie de se repasser Junior Boys. C'est bon signe..