mercredi 10 décembre 2008

M56 - Coldplay : "Prospekt's March"

Deux disques de Coldplay en un an :
1- hyperactivité de composition ?
2- objectif commercial non atteint avec un seul disque ?
3- démarche artistique ?


Les doutes sont permis à la vue de la tracklist : huit morceaux, deux remixes (qui n'en sont pas en fait), une version longue de "Life In Technicolor", l'intro de Viva La Vida Or Death And All His Friends, et un instrumental de 48 secondes... Tout ça pour seulement quatre réelles chansons inédites. Qui a dit que Coldplay prenait ses fans pour des vaches à lait ? Ah non, laissez tomber, c'est juste le fan de U2 au fond de la salle.

Personnellement, après avoir été enchanté par Viva La Vida..., j'avais pris l'annonce de cet EP comme une bonne nouvelle. Puis j'ai un peu pâli à la vue de cette fameuse playlist. Et finalement j'ai écouté ce Prospekt's March.
"Life In Technicolor II" tout d'abord. Les mêmes guitares qui jouent la même mélodie que pour la version d'origine, un peu moins de synthés, et... du chant ! J'avais un peu peur que cette tentative de rallonger la sauce tombe à l'eau et finalement c'est plutôt réussi. Chris Martin cale son chant à merveille sur la mélodie, sort même le vocoder le temps d'une phrase (!) et il faut avouer que ça en jette bien plus qu'on ne l'aurait imaginé.
On enchaîne ensuite sur "Postcards From Italy", 48 secondes de piano, un petit intermède qui fonctionne bien mais n'apporte au final pas grand chose. En fait un véritable morceau n'aurait pas été une mauvaise idée.

Arrive après "Glass Of Water", un morceau déjà joué lors de la tournée de cet été. Ici, les influences sont plus proches de l'époque de X&Y avec des mélodies simples (voire simplistes) et un refrain à grosses guitares encore moins finaudes. Bref, on a l'impression que Coldplay fait marche arrière et c'est pas forcément une super nouvelle étant donné que X&Y reste quand même leur album le plus faible. Heureusement, une minute finale apaisée au piano avec chœurs d'enfants vient redonner bon espoir.
La piste suivante, "Rainy Day", est pour moi LA réussite de cet EP. Une intro très Talking Heads donne tout de suite le ton : l'influence de Brian Eno va se faire énormément sentir. Le jeu de guitare est très travaillé, tout comme la rythmique, et l'ensemble pourrait presque paraître être un hommage à la bande de David Byrne (qui, pour rappel, a vu ses meilleurs albums être produits par Eno). Quant aux violons du refrain, ils n'en font pas trop. Bref, ce morceau est très bon et vaudrait presque l'achat de ce Prospekt's March à lui tout seul.

Une autre cause d'achat pourrait également être le morceau semi-éponyme, "Prospekt's March/Poppyfields". Ici, le piano, les arpèges de guitares, le chant de Chris Martin et les arrangements de Eno forment un ensemble qui fait merveille et rappelle les bijoux qu'étaient Parachutes et A Rush Of Blood To The Head.
Je passe sur le remix de "Lost!" par Jay-Z, un remix qui n'en ai pas un puisqu'il s'est tout juste contenté de greffer son flow immonde et barbare le temps d'un couplet. La mayonnaise ne prend pas, le morceau est gâché. "Lovers In Japan" version Osaka Sun Mix ne change pas vraiment de l'original, on sent juste une légère mise en avant des guitares et des basses lors du refrain. C'est loin de laisser un souvenir impérissable.
Enfin, cet EP s'achève avec "Now My Feet Won't Touch The Ground", une ballade où Chris Martin est accompagné seulement d'une guitare sèche et de cuivres sur la fin. Ça rappelle The National, en un peu moins bien forcément, mais la tentative est louable.

Finalement, que penser de ce disque ? Se résume-t-il seulement à un pur objet commercial, un appât pour ferrer tous ces fans prêts à dépenser leur argent pour n'importe quel CD, tant qu'il est signé Coldplay ? Bref, est-ce une arnaque ? Clairement pas. La moitié des morceaux valent le détour et plairont sans souci à celui qui a aimé le dernier album. À mon avis, cet EP est la conclusion de la période artistique basée sur leur collaboration avec Brian Eno. Certaines chansons auraient très bien pu figurer sur Viva La Vida Or Death And All His Friends, et j'imagine que si ce n'est pas le cas, c'est parce qu'elles n'étaient pas achevées à l'époque. Ce Prospekt's March ne fait donc que rendre justice à ces titres. Il n'empêche qu'il n'y avait aucune obligation de faire du remplissage à coup de pseudo-remixes et morceaux sans intérêt.

Verdict : 3/5

"Lovers In Japan"

Myspace

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