lundi 11 août 2008

M39 - Muse : "Hullabaloo Soundtrack"

Hullabaloo, l'album le plus incompris de Muse.


Sorti en 2002 (mais enregistré entre mars 1999 et octobre 2001), il excelle dans le domaine de l'étrange (ne serait-ce qu'avec "Forced In" ou encore "The Gallery"). Beaucoup de gens vous diront qu'ils n'ont pas aimé cet album, sans compter peut-être "Map Of Your Head" (très appréciée) ou "Recess" (et encore...), que ce n'est pas du Muse. Que dalle ! Bien sûr que c'est du Muse, mais seulement cet album est un peu difficile d'accès aux premiers abords...



On commence par "Forced In". Tout doucement, progressivement, un son feutré s'installe. La voix modifiée de Matthew Bellamy, la basse, ces 3 notes à la guitare, puis la batterie et ce sera tout : délice instrumental "seulement". Tout au long de cette piste, on a envie de fermer les yeux et de tomber quelque part, on ne sait trop où... comme l'impression de rester dans son corps, mais seulement dans ses pieds, de "se tomber dessus". Ambiance psychédélique avec une forte pointe de psychose montant sur les répétitions de la fin.


Des pas et on passe à "Shrinking Universe". Une basse assez monotone tout du long, mais une recherche de sonorité qui suffit au morceau (glissée). Arrivée des sons "intergalactiques" (oui, on utilise toujours cet adjectif de nos jours...) et le plan de la chanson est maintenue, mais la pause batterie-guitare, qui tend à rappeler l'apprentissage de la guitare espagnole, nous sort de cette condition de chanson bien rangée. Enfin l'habillage vocal propre à Matthew Bellamy retentit et c'est l'explosion : du Muse tout craché qui se finit, bien sûr, par ces sons bizarres et désordonnés.


"Recess". Une ambiance chaude, étrange, agréable (mais peut-être un peu malsaine?). La basse vibrante avec la guitare toute fluide par dessus ce fond de guitare encore (boucle de 3 notes différentes en son clair) et cette voix très maniérée (soufflée parfois), mais tenue ! Ceci accompagné de la 2ème voix et de la batterie (... génial ?). Petit contre-temps et hop ! on enchaîne sur un duo guitare-batterie (rythme de fin de mesure super). C'est une chanson très posée et en même temps, elle s'accommode d'une envie de faire n'importe quoi, d'avancer dans la rue avec un regard de fou (... ah pas pour vous ?), surtout lors du solo de guitare dans ce son saturé ponctué de la mélodie que joue la basse. Des pics aigus simulent des sortes de spasmes. Puis c'est l'explosion, voix saturée, dure qui devient la seconde d'après douce et aiguë (doublée). Les 7 dernières notes finissent violemment la chanson achevant toute rétorcation sur le fait que Muse cuisine le doux et le violent à merveille (mélange sucré-salé... Mmm... ) !



"Yes Please". "Ecoute Ecoute! - Heu, je n'aime absolument pas ce que j'écoute et celle-là encore moins!". Bon, il est vrai que cet album donne à s'accrocher et sans une petite expérience de Muse, il est dur d'apprécier cette chanson où les paroles sont mangées. La mélodie n'est pas des plus fines et la voix s'essaye à imiter tantôt un orgasme, tantôt Dany Filth (espèce de métalleux... la comparaison est assez vague). Mais la chanson s'achève rapidement... il faut dire qu'il n'y avait rien d'autre à ajouter après 3'05"...



"J'prends la voiture! - Pour aller où? - J'sais pas encore!"


"Map Of Your Head". Percussions douces (maracas aussi) élevées par une voix aérienne. La guitare offre un son clair et réconfortant, léger (bien que les arpèges ne soient pas des plus accessibles !). Du piano et oui, juste de quoi vous faire sourire un peu plus ( la gars dans la voiture d'à côté vous prend déjà pour un con de toute façon ). Tout dans cette chanson appelle à ce qu'il y a de plus naturel et spontané en vous. Aussi quand Matthew Bellamy chante, il laisse émerger un soupçon de faiblesse dans sa voix ( souffle court, transition traînée, salive avalée bruyamment )... je trouve ça assez génial soit dit en passant. Les fenêtres ouvertes bien sûr, vous regardez au loin, heureux le temps d'une chanson. Petit à petit, le son s'atténue sur les arpèges de guitare (cordes en nylon... ou en plastique, mais ho! c'est Muse quand même !).


Ton espagnol prédominant dans "Nature_1", puis la basse arrive et là, c'est le drame : on passe à côté de quelque chose, je trouve ces quelques notes mises bout à bout affreusement... PAS MELODIEUSES ! "And I've wanted too much, and now I'm gonna lose. And I've wanted too much, and now I'm gonna choose". En théorie, ça paraît bon, mais en pratique, ça sonne bizarrement.. Mais, pas de panique, ça repart ensuite ! Il monte dans les aigus, fait sa variante-glissée (qui a beaucoup fait rire... surtout la 2ème). Heureusement, la guitare électrique vient remuer ce surplus espagnol, mais l'impression est faite...

"Shine Acoustic". Petite clairière, la nuit, un croissant de lune (pas de lumière rouge pourrie aux alentours). Sons propres aux glissements de doigts sur du cristal (en plus arrondis), ou propres à un harmonica laissé entre de mauvaises mains (mais ici, rien de catastrophique, ce serait plutôt même très réussi). Voix douce, pas forcée. Petit affolement à la guitare (basse répétitive), batterie plus présente, et puis bien sûr, la voix finit par se dépasser : elle monte dans les aigus (forcée) pour laisser finalement place aux sons étranges et à un orage au loin. Comme mes phrases en témoignent, cette chanson est fatigante (de la bonne fatigue). On n'a juste pas envie de se prendre la tête, juste une envie d'aller à l'essentiel, de ne pas se risquer à salir un beau moment avec des choses inutiles et encombrantes... des mots inutiles et encombrants.


"Ashamed". On sort de la subtilité pour écouter perplexe ce qui pourrait être des larsens. Belle "cascade", "déroulée" (ouh que c'est moche comme mot !) à la batterie qui ferait presque oublier les sons stridents qui reviennent par la suite. La voix est étouffée (mais les sifflantes restent) de manière un peu désagréable me direz-vous. Le désamorçage du vieux robot s'accompagne d'un passage assez violent (= du bourrinage à l'état pure) : basse et batterie inchangées avec un solo de guitare. "Bon. On peut mettre la radio, s'il-te-plaît? - Ben pourquoi? - Je sais pas.. comme ça." Courage, la suite arrive.


"The Gallery". Son (génial) qui se produit lorsque l'on aspire avec une paille un milkshake ou lorsque que l'on fait mousser le lait avec de la vapeur d'eau. Piano dans les aigus, ces 8 notes mises en boucle et une batterie hachurée, frétillante. Immitation d'un loup, son languissant et puis apparaît la pleine lune (affolement du piano et du loup), et le manège reprend son court. L'investissement dans cette chanson est assez dure à partager, mais quand on s'y prête, on aurait presque envie de mordre la personne d'à côté. Chanson instrumentale très réussie (imaginez ensuite Matthew Bellamy en loup-garou.. [si si, une vidéo existe en plus !]).


Dernière chanson qui est une reprise de la piste 4 dans Origin Of Symmetry : "Hyper Music". Mais ici, aucune PATATE, aucune envie de foncer dans un stande de chaussures orthopédiques puis de se barrer en courant... il en ressort un tragique (rythme lent, chœur très investis ) où l'on imagine quelqu'un courant sous la pluie, la nuit, avec la chaussure (orthopédique) de son amour décédé. Magnifique chanson qui nous fout plus bas que terre, se terminant sur un bruit répétitif : comme un petit robot qui galère à se relever.



Ici, s'achève Hullabaloo qui signifie "boucan" (là, normalement votre tête procède à un parallélisme titre-album et tous mes petits "sons bizarres" vous semblent dérisoires). Un album très intéressant qui dévoile une facette de Muse très étrange et quelque peu complexe. Dans cet album, rien n'est laissé à la surface, tout est creusé, il n'est donc pas possible d'aimer passivement ces chansons, un investissement, et quelque part une identification, sont nécessaires à la compréhension de tout ce qui s'en dégage. Alors, forcément, pour ceux qui ne suivent pas le même chemin, ou qui ont la flemme tout simplement de marcher, ils sont vite dépassés. Comme quoi, les chaussures orthopédiques ne sont pas QUE moches... 'sont utiles parfois, car cet album vaut vraiment la peine de marcher un peu. Pour ma part, je cours depuis bien longtemps.


Verdict : 3,7/5




"The Gallery"

Myspace

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