mercredi 4 mars 2009

M67 - U2 : "No Line On The Horizon"

Les partisans du "c'était mieux avant" vont encore gagner...
Faut dire qu'avec un album comme ça, U2 ne fait qu'apporter de l'eau à leur moulin.


C'est toujours difficile de donner son avis sur un album de U2. En effet, le groupe irlandais fait désormais partie du paysage culturel mondial depuis bien longtemps, à un tel point que nous sommes tous un peu imprégnés (certain plus que d'autres) de leur musique. Chacun d'entre nous a déjà entendu maintes fois "Sunday Bloody Sunday", "With Or Without You" ou "One", si bien qu'il est aujourd'hui difficile d'avoir un point de vue objectif sur ce qu'a pu produire U2 par le passé. Alors quand un nouveau disque de Bono et ses compères voit le jour, ce n'est pas sans apriori (favorable ou non) que l'on va l'écouter. Néanmoins, l'annonce de la sortie de No Line On The Horizon suscitait en moi un optimisme aveugle, à peine terni par le souvenir des deux précédents albums sur lesquels U2 se contentait de faire le job sans prendre aucun risque.

Malheureusement ici, le problème est similaire, bien que le groupe se soit démené pour donner l'illusion qu'il voulait "se mettre en danger". Avec les habituels Brian Eno, Daniel Lanois et Steve Lillywhite aux manettes, U2 a fourni tous les efforts nécessaires pour laisser penser au plus grand nombre que cet album serait expérimental et novateur. Mais en fait, No Line On The Horizon ne recèle aucune invention musicale... Au contraire, il donne plutôt l'impression que Bono, The Edge, Adam Clayton et Larry Mullen Jr ont passé les 20 dernières années dans un bunker, sans jamais écouter ce qui pouvait se faire comme nouvelles musiques dans le monde. Et le résultat frise souvent le ridicule...

... comme les "ohaohaohaouuuuu" du titre éponyme et introducteur, "No Line On The Horizon". Dommage, le reste du morceau se laissait écouter sans déplaisir : guitare frondeuse, synthés Eno-esques et la voix de Bono qui partait pas encore trop en vrille. Vraiment dommage.
Arrivant tout de suite après, l'intro de "Magnificent", sans aucun doute concoctée par Brian Eno, rassure l'auditoire ! Une rythmique martiale, des échos de basses grisants, et des claviers que n'auraient pas renié New Order amorcent une envolée de guitare électrique du plus bel effet. Là, pour le coup, on est vraiment heureux : Larry Mullen Jr, Adam Clayton et The Edge de nouveau au top ! Seulement, alors qu'on aurait bien aimé profiter de cette belle instrumentation plus longtemps, le dernier comparse, Bono, vient nous hurler un pathétique "MA-GNI-FI-CENT !! OHOH-OHOOOH !". Et en plus il remet ça plusieurs fois pendant le morceau ! Mais rassurez-vous, cela ne l'empêche pas d'être vraiment réussi et parvient à rappeler, à défaut tout de même d'égaler, le U2 de la période The Joshua Tree.
Retour sur terre avec "Moment Of Surrender" qui étale sur sept longues minutes ce que U2 peut faire de plus ridicule. Si le synthé du fond sonore est directement recyclé des expérimentations (plus ou moins réussies) qu'a tenté le groupe avec Brian Eno sous le nom de Passengers en 1995, Bono en fait trop, élevant la voix toutes les deux phrases quand il ne les entrecoupe pas de "oohooohoohooo", et les chœurs du refrain (raté) sont ridicules. Et ne parlons des mélodies faciles au piano et à la guitare qui sont une insulte au talent de The Edge. Comble du bonheur (irony inside), Bono nous fait le plaisir de mettre fin à ce titre sur ses désormais récurrents "oohooohoohooo". Merci Bono, fallait pas. Surtout que tu remets ça sur "Unknown Caller" quelques secondes plus tard ! D'ailleurs, à la fin, on voit bien que toi aussi ça commence à te lasser, tu laisses The Edge finir le boulot pendant que tu reprends ton souffle. De fait, le morceau se finit sur un interminable solo de guitare, peu inspiré, et ponctué par des cuivres tout à fait pathétiques.

"I'll Go Crazy If I Don't Go Crazy Tonight" ne contient toujours pas ces fameuses innovations qu'on attend toujours... Au contraire, on a juste droit à un banal morceau de pop à la U2. Un auto-plagiat même pas réussi. Plus de "oohooohoohooo" dans ce coin-là, mais en revanche, une belle soupe commerciale en bonus. Oh ! Mais qu'est-ce qu'on entend ensuite ? Un riff de guitare bien gras ? Tiens, ça pourrait être une bonne idée ça ! C'est exactement ce qu'ont dû se dire aussi nos quatre irlandais. Sauf qu'au final, ça donne "Get On Your Boots" qui est vraiment insipide. Des paroles plus stupides que jamais et une tentative jeuniste qui tombe totalement à plat. Passons sur "Stand Up Comedy" qui reprend la même idée en à peine plus soft et un poil plus funky. C'est juste à peine moins loupé.
Heureusement, Brian Eno, dont la patte était aux abonnés absents depuis "Magnificent", reprend les choses en main sur "Fez - Being Born". Une intro pleine de samples de voix et de percussions exotiques, puis une montée de guitare planante (inutile de noter encore une fois la présence de "oohooohoohooo", ils sont partout) et voilà le morceau qui poursuit sur ce train durant 5 minutes dont certaines sonorités ne sont pas sans rappeler le dernier Coldplay (produit par... Brian Eno !). On a ensuite droit à une ballade comme au bon vieux temps avec "White As Snow". Bien fait, un peu dégoulinant par moment, mais ça fonctionne pas si mal. C'est juste sans relief. Plat. "Breathe" se charge de nous faire reprendre de l'altitude et rappelle "City Of Blinding Lights" (du dernier album, How To Dismantle An Atomic Bomb), les guitares vrombissantes en plus. Un titre typique de U2, un de plus. Toujours bien fait, mais à force, les ficelles sur lesquelles le groupe tire finissent par devenir énormes et horriblement voyantes.
Finalement, c'est "Cedars Of Lebanon" qui se charge de mettre un point final à ce No Line On The Horizon (c'est censé signifier quoi au fait ?). Chant parlé/chanté et instrumentation assez minimaliste : nouvel auto-plagiat puisque ça ressemble étrangement à "New York" (titre présent sur All That You Can't Leave Behind), les refrains puissants en moins. Dommage, c'est ça qui était grisant.

Une nouvelle fois au final, c'est l'arnaque. On nous promet monts et merveilles, innovations, expérimentations et révolution musicale alors qu'en fait, on a là uniquement un album ampoulé par l'omniprésence écrasante de son chanteur et par une tendance générale du groupe à s'inspirer incessamment de ses réussites passées. Désolé les gars, Brian Eno peut pas tenir la baraque U2 à lui tout seul, surtout si vous ne le laissez pas faire plus que l'intro de vos morceaux.
C'est toute la différence entre No Line On The Horizon et l'album de Coldplay, Viva La Vida Or Death And All His Friends : on a d'un côté un groupe qui semble totalement fermé, cloisonné dans son passé musical brillant qu'il ne parvient plus à imiter et de l'autre, un (plus si) jeune groupe qui ne cesse de progresser et qui s'est totalement ouvert à ce qu'a pu lui apporter Brian Eno.

Verdict : 1,75/5

"Get On Your Boots" [LIVE]

Et pour se souvenir (avec nostalgie ou pas, c'est selon) de ce qu'était U2 auparavant :

"One" [LIVE]

Myspace

2 commentaires:

Benjamin F a dit…

Les mecs on a tellement le même avis sur cet album, qu'après la nué d'insultes que j'ai pris sur Playlist, ça fait quand même bien plaisir de vous lire.

Comment ça va sinon ?

Benjamin
http://www.playlistsociety.fr/2009/02/u2-no-line-on-horizon-210.html

Anonyme a dit…

D'accord pour ton avis sur l'album sauf pour fez et breathe qui sont vraiment innovant. Ensuite je te soupconne d'avoir un parti pris pour Cold Play quand tu trouve innovant leur album "viva la vida...."car en matiére de oh oh oh oh Cold Play n'a rien a envier a U2,ils ont aie remplis, soyonz sérieux!! En plus avec "viva la vida" ils ont odieusement plagier Satriani et ça c'est pas bien.