Un bijou de musique pop.
Envoûtant et délicat.
Peter Von Poehl, suédois résidant simultanément à Paris, Berlin et Stockholm, a longtemps été un de ces artistes discrets, guitariste au service des autres (pour Bertrand Burgalat, Alain Chamfort, Vincent Delerm, Birdy Nam Nam ou bien au sein du groupe A.S. Dragon. Ce n'est qu'en 2006 qu'il s'est lancé dans une aventure solo avec son premier album Going Where The Tea-Trees Are, un album de pop intimiste qui lui a permis de jouer en première partie de groupes comme Air ou Phoenix.
On le retrouve donc en 2009 avec son deuxième album, May Day. Et les fondements n'ont guère changé : Peter Von Poehl possède toujours ce timbre envoûtant et ce sens inné de la mélodie, celle qui vous transporte en l'espace de deux simples notes. Toutefois, alors que son premier opus pêchait parfois par manque de minutie ou au niveau de la production, celui-ci se révèle bien plus travaillé et fignolé. Les arrangements ne sont plus aussi minimalistes et chaque piste profite d'une instrumentation autrement plus complexe que ce que le suédois nous avait offert jusque là.
Et cela s'entend dès la première piste ! "Parliament" est un beau morceau d'introduction, plutôt rythmé, où s'entrecroisent piano, synthés, cuivres et violoncelles et sur lesquels vient se poser la superbe voix de Peter Von Poehl. Le ton est optimiste et on a tout de suite le sourire à l'entame de cet album.
Pour autant, l'ensemble de l'album n'est pas aussi joyeux et ce n'est pas plus mal. Si les pistes ensoleillées sont plutôt réussies ("Moonshot Falls", "An Eye For An Eye"), Peter Von Poehl n'est jamais aussi bon que lorsque qu'il chante avec mélancolie, sur ces mélodies dont il a le secret. Ainsi "Forgotten Garden", "Mexico", "May Day" ou encore "Lost In Space" sont de toutes beauté. C'est sur ses pistes que les progrès du suédois sont les plus flagrants : non content d'apporter son jeu de guitare raffiné, Peter Von Poehl a muni ces morceaux d'une multitude d'instruments qui contribuent tous à créer des ambiances uniques. Si "Lost In Space" retranscrit à merveille cette sensation de solitude au travers de ses claviers et ses chœurs aériens, "Mexico" et "May Day" profitent eux d'une basse très sonore sur laquelle se posent respectivement des cordes et un joli ensemble piano/cuivres. Ajoutez à cela que la voix du suédois est d'une justesse sans faille et vous obtenez des trésors de musique pop, un travail d'orfèvre. On retiendra également "Silent As Gold" : deux minutes et demi totalement habitées par la guitare acoustique du suédois et sa voix, plus angélique que jamais.
Ayant retenu les erreurs d'un premier disque au souffle court, Peter Von Poehl rectifie donc le tir avec May Day, un album intelligemment produit, tout en finesse et délicatesse, et qui ne souffre d'aucun point faible. Une jolie performance qu'on a hâte de voir sur scène (rendez-vous fin juillet pour son concert à Arles aux côtés de Peter Doherty).
Verdict : 4/5
"Parliament"
Myspace
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