dimanche 22 février 2009

M65 - Yuksek : "Away From The Sea"

- Prétendant au titre de nouvel héritier des Daft Punk et de Justice, présentez-vous.
- Pierre-Alexandre Busson, Yuksek pour les intimes, 32 ans, habite Reims, a pratiqué le piano de longues années et possède une culture musicale plutôt diversifiée.


Yuksek
,
c'est un peu l'énième nouveau prodige de la scène electro française, ZE nouvelle star de la "French Touch 2.0". Mais ce qui est bien avec celui-là, c'est qu'il a pas encore l'air d'avoir pris conscience de cette étiquette que tout le monde lui a collé sur le dos.

Du coup, sa musique possède toujours ce je-ne-sais-quoi d'authenticité qui, chez d'autres, disparait à la minute même où le gars réalise qu'il est déjà au sommet et ce sans avoir rien prouvé. Alors qu'ici, on sent cette volonté de faire ses preuves, cette hargne dans la musique qui donne une toute autre saveur aux morceaux. Mais il y aussi une petite part d'insouciance dans ce Away From The Sea, un petit brin d'arrogance, celle du type qui clame haut et fort "moi aussi, je peux faire trembler les dancefloors".
En clair, Yuksek livre ici quelque chose d'assez complexe à interpréter, et c'est d'ailleurs ce qui transparait dans la musique. Ça part dans beaucoup de directions, souvent avec réussite, mais au final, on ne sait plus trop ce qu'on préfère. C'est comme si un pâtissier vous présentez tout son catalogue de douceurs, plus appétissantes les unes que les autres, à un tel point que vous ne savez pas quoi choisir.

Vous avez d'abord les bombes electro surpuissantes, nourries aux basses sismiques, aux beats parfois house, parfois hip-hop, aux vocodeurs et aux synthés eighties : l'intro "Break Ya", le puissant "Tonight" avec ses montées acides et ses paroles obsédantes, le frénétique "Extraball" qui profite au maximum du flow de Amanda Blank (de Spank Rock), les classiques mais néanmoins efficaces "Take A Ride", "This Is Not Today" et "I Like To Play", sous haute influence des Daft Punk et le joli final "Eat My Bear".
À côté de ça, on peut trouver d'autres titres qui lorgnent vers d'autres influences qu'on attendaient pas forcément, notamment la musique pop. Mais quand on écoute bien, on s'aperçoit qu'en réalité, elle transparait dans de nombreux morceaux de Away From The Sea. C'est le cas de "A Certain Life" qui fait éclater au grand jour ce que l'electronique peut avoir de plus pop, tout comme "So Far Away From The Sea" où Yuksek nous montre qu'il a bien écouté les derniers albums de Architecture In Helsinki. Mais un des coups de maître de l'album, c'est quand même d'avoir invité les canadiens de Chromeo et leur electrofunk jubilatoire sur "So Down", une des plus franches réussites du prodige français.
Enfin, Away From The Sea dispose également de son lot de piste plus apaisées et planantes comme "I Could Never Be A Dancer", épopée intergalactique digne des Midnight Juggernauts, et "Freak O Rocker".

Difficile donc de trouver d'énormes défauts à cette première production du français. Si l'on peut lui reprocher un léger manque de personnalité, on ne peut en revanche pas se plaindre de la qualité des morceaux. Certes, ils profitent tous d'une forte influence des aînés de la scène electro française (mais aussi internationale), mais ça ne leur enlève en rien leur puissance et leur efficacité. Par ailleurs, il semble également difficile de reprocher à Away From The Sea sa grande variété de styles quand on voit la façon dont ils sont tous maîtrisés. Yuksek a donc malgré lui lancé les hostilités pour 2009 : qui mieux que le rémois pourra représenter cette fameuse "French Touch 2.0" si elle existe ?

Verdict : 3,75/5


"Tonight"

Myspace

1 commentaire:

BG a dit…

Yuksek !
J'suis trop une groupie là.